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Mobilisation.
8.000 manifestants à Paris : les vétérinaires ont la rage

Fermeture des cabinets et manifestation à Paris : les vétérinaires s’étaient mobilisés contre le découplage prescription/délivrance des antibiotiques.

Selon le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL), 80 % des cabinets de la région Centre étaient fermés ce mercredi 6 novembre : seules les urgences étaient assurées. Une action motivée par la volonté du gouvernement de ne plus autoriser les praticiens à délivrer des antibiotiques : les intéressés conserveraient leur droit de prescription mais la délivrance des médicaments relèveraient des pharmaciens. L’idée sous-jacente : une consommation excessive d’antibiotiques favorise le développement de bactéries résistantes aux traitements.

La mesure envisagée par le gouvernement figure dans le projet de loi sur l’avenir de l’agriculture et provoque la colère des professionnels. Commentaire du Berrichon Laurent Perrin, secrétaire général du SNVEL : « C’est la première fois depuis quarante ans que nous menons une action touchant le public. La mesure envisagée par le gouvernement stigmatise une profession. Or nous sommes déjà engagés dans la lutte contre les antibiorésistants. »

 

131 mg/kg de masse animale

Le projet gouvernemental concerne les antibiotiques critiques : ce sont les médicaments de dernière génération. « Or il n’existe actuellement aucune liste arrêtée officiellement : à l’avenir, d’autres médicaments pourraient venir s’y ajouter. »

Le représentant syndical avance ce chiffre : en France, en cinq ans, la consommation d’antibiotiques pour animaux a diminué de 30 % alors que celle destinée à la médecine humaine n’a reculé que de 9 % en dix ans. « D’où un sentiment d’injustice car nous avons fait le travail. Les pays qui ont procédé à un découplage prescription/délivrance ont connu une augmentation de leur consommation d’antibiotiques. »

C’est le cas de l’Italie et de l’Espagne : la consommation d’antibiotiques y est de 250 mg/kg de masse animale contre 131 mg en France. Autre chiffre : concernant la médecine humaine, dans notre pays, la consommation d’antibiotiques s’élève à environ 330 mg/kg de masse humaine !

 

Un bon maillage du territoire

Le lundi 4 novembre, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, et Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, recevaient les représentants du Conseil supérieur de l’Ordre des vétérinaires et les organisations syndicales vétérinaires. À l’issue de cette rencontre, le gouvernement renonçait à son projet de découplage.

Pourtant, les vétérinaires maintenaient leur action prévue deux jours plus tard. Commentaire de Laurent Perrin : « Nous attendons la validation des engagements pris par le gouvernement lorsque le texte sera présenté en Conseil des ministres (NDLR : le 13 novembre) et débattu au Parlement. Nous voulons également montrer notre capacité à nous mobiliser face au choc que nous avons ressenti : cette mesure n’a pas lieu d’être. »

L’action des vétérinaires avait pris deux aspects : outre la fermeture des cabinets, une manifestation avait lieu à Paris. Entre 6.000 et 10.000 personnes venues de toute la France ont défilé de la gare Montparnasse au ministère des Affaires sociales et de la Santé.

Si le découplage est mis en œuvre, les praticiens perdront une partie de leur activité, donc de leurs revenus. « Les vétérinaires augmenteront leurs honoraires pour compenser ce qu’ils auront perdu ou bien ils réduiront les effectifs de leurs cabinets » réagit le secrétaire général du SNVEL. Qui poursuit : « Le maillage du territoire est bon et l’État s’appuie dessus : nous assurons une surveillance sanitaire pour le compte de l’État ainsi que les contrôles dans les abattoirs. L’État nous fait confiance pour les missions de santé publique mais pas pour la délivrance des antibiotiques : une forme d’incohérence ! »

 

Une prise de conscience générale

Parmi les manifestants, on dénombrait plusieurs centaines de personnes venues de la région Centre : des vétérinaires ainsi que des auxiliaires spécialisées, sorte d’infirmières pour animaux. Pour Christophe Thenault, qui exerce dans le Loiret, la mobilisation représentait un double enjeu : « Montrer que les vétérinaires de terrain sont solidaires et maintenir une qualité de soins et de santé publique. » Un autre professionnel de la région disait ceci : « L’éradication de toutes les grandes maladies telles que la brucellose, la tuberculose ou le virus de la vache folle est passée par les vétérinaires de terrain. Il est donc important de maintenir un état de veille. Or celui-ci sera menacé si la mesure passe. »

Selon Aurélie Métier, auxiliaire spécialisée, il était important de « soutenir les vétérinaires ». L’intéressée dit pourquoi : « Nos postes sont en jeu car le texte réduira le nombre de cliniques. » D’ajouter : « L’État ne doit pas ôter aux vétérinaires leur droit de délivrer des antibiotiques : les vétérinaires assurent un suivi des animaux et sont en mesure de donner des conseils. On peut adapter les posologies aux situations rencontrées. »

À l’issue de la manifestation, Christophe Thenault dressait ce bilan : « Toute la France était mobilisée et on a vu des gens de tous les secteurs du Loiret. Cela démontre une prise de conscience générale du problème et une capacité des vétérinaires à se mobiliser. »

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