Aller au contenu principal

Gérard Allart : « Je me suis vu partir entièrement dans la machine »

L’agriculture, c’est toute la vie de Gérard Allart. Né dans une famille de paysans en 1952, il a grandi « avec les céréales, les tracteurs et les vaches ».

Dès son plus jeune âge, il aide ses parents dans la ferme familiale de Seugy dans le Val-d’Oise, puis reprend l’exploitation à son compte à l’âge de trente-six ans. « Cent dix-sept hectares de céréales et près d’une centaine de vaches à viande. Un parcours assez commun en somme. »

Jusqu’à ce jour d’octobre 1997 où la vie de cet agriculteur bascule. « Je moissonnais mon maïs, seul, en plein champ. Pendant que la trémie se vidait dans la remorque, j’ai voulu gagner du temps et graisser les becs cueilleurs. C’était une habitude, on le fait tous. » Mais Gérard Allart glisse et est entrainé par la vis sans fin, sa jambe gauche en premier. « J’ai été complétement happé. Je me suis vu partir entièrement dans la machine », se souvient-il avec une émotion encore immense.

Il parvient malgré tout à se dégager et remonte sur sa moissonneuse « sans jamais avoir perdu connaissance ». Gérard Allart regagne alors le bord de son champ et, alertés par la grande vitesse de la machine, ses voisins comprennent qu’il est arrivé quelque chose. « Ils ont appelé les secours. Lorsque j’ai été pris en charge, il ne me restait qu’1,7 litre de sang dans le corps, j’étais intransportable. »

A 52 ans, il est alors perfusé sur place, plongé dans le coma artificiel puis amputé de sa jambe et passe quatre mois à l’hôpital et en centre de rééducation. « A ce moment-là, il y a deux façons de réagir. Soit on s’écroule, soit on se bat. »

L’agriculteur val-d’oisien confie qu’il a choisi de relever la tête, malgré « la douleur de l’épreuve ». Sa voix se brise lorqu’il raconte : « Quand je suis rentré à la maison, j’ai voulu monter sur le tracteur, mais je ne pouvais plus débrayer ».

Pour aller de l’avant, Gérard Allart a pu compter « sur le soutien de ses voisins agriculteurs et de la profession. Tout au long de ma convalescence, mes voisins ont cultivé mes champs. Et à mon retour, la FNSEA, à laquelle je cotisais, m’a offert un embrayage automatique. J’ai pu retravailler presque normalement. J’ai réussi à montrer que ce n’est pas parce qu’on a une jambe en moins qu’on ne peut plus être agriculteur. »

Il insiste aussi sur le soutien apporté par son assureur, Groupama, et par la MSA. « Mon invalidité a été reconnue, j’ai été accompagné et on m’a conseillé pour obtenir ma retraite anticipée. »

Aujourd’hui, Gérard Allart a cessé son activité et vit en appartement à Viarmes. Il reste malgré tout très impliqué dans l’agriculture — « ma femme possède encore trente-cinq hectares que nous faisons cultiver » — et effectue son cinquième mandat en tant qu’élu municipal. « Il m’a fallu affronter le regard des autres. Quel qu’il soit, ce regard, il faut le vraincre et réussir à le dépasser. C’est un véritable travail que d’apprendre à vivre en fauteuil mais aujourd’hui, je suis à l’aise partout. »

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Horizons

Les plus lus

S'abonner
Pour profiter de l'intégralité du contenu de notre site Internet, recevoir votre journal papier dans votre boîte aux lettres…
Houdan (Yvelines), lundi 22 septembre. De g. à d. : Benoît Breemeersch, éleveur normand adhérent à Cooperl, Bernard Rouxel, éleveur président de Cooperl et Philippe Coudray, directeur du site.
Un nouveau départ pour l'abattoir de Houdan
Repris par la coopérative Cooperl, l'abattoir de Houdan (Yvelines) a changé d'identité et, après quatre années de rénovation, s'…
Le maïs sauve sa récolte, pas ses revenus
Dans le Loiret, la campagne maïs se déroule sous de bons auspices sur le plan agronomique, notamment en irrigué. Mais pour…
Maxime Cherrier, président de la SAS Noix du Val de Loire et producteur de noix à Josnes, revient sur la saison de récolte 2025 en Loir-et-Cher.
Une récolte de noix correcte mais pas à la hauteur des espérances
Depuis la fin septembre, les producteurs de noix sont en pleine récolte en Loir-et-Cher. Celle-ci devrait durer jusqu’à la fin…
Publiez votre annonce judiciaire et légale
Le journal Horizons dispose d'une plateforme en ligne dédiée à la saisie des annonces judiciaires et légales, accessible à tous…
Du lait aux noisettes, Loïc et Alexandrine Chocat ont su se réinventer. Avec leurs enfants Benjamin et Pauline sur la ferme, et Antonin prêt à les rejoindre, l’histoire familiale continue de s’écrire.
Une famille unie par le travail et portée par la noisette
À Malleroy, à l’est du Loiret, Loïc et Alexandrine Chocat ont su faire évoluer leur ferme familiale avec courage et bon sens.…
Publicité