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Icare, rêve fracassé

L’oeuvre "Solipsis 7.4" est actuellement présentée à Avignon (Vaucluse) dans le cadre d’une exposition dédiée à l’art contemporain africain. Solaire et chaotique, elle revisite le mythe de la chute d’Icare.

Dans les tréfonds du Palais des Papes d’Avignon, la « salle du trésor bas » renfermait jadis les objets les plus précieux du trésor pontifical.

Elle accueille jusqu’au 14 janvier 2018 une éblouissante création contemporaine de l’artiste sud-africain Wim Botha : « Solipsis 7.4 ».

L’oeuvre est aveuglante, violente, vertigineuse.

Suspendus au plafond, erratiques et aveugles, des oiseaux faits de néons, de bois léger et d’ailes en polystyrène semblent voleter à travers la pièce.

Au sol, un ensemble plus imposant entremêle ces mêmes oiseaux avec une structure de bois et de néons qui s’élève dans une spirale déstructurée, astre fracassé.

Ce chaos de plumes et de lumière se reflète et se prolonge sur des plaques de verre bleu, fragments de mer ou de ciel.

Ça et là, des oiseaux de polystyrène plus ou moins entiers sont abîmés au sol. Ils ressemblent aux débris ou aux survivants d’une catastrophe.

La blancheur duveteuse des ailes, la douce chaleur qui émane des néons et le calme religieux du lieu, contrastent fortement avec le choc qui, semble-t-il, vient d’avoir lieu entre le soleil et les volatiles.

Le tout donne l’impression d’une harmonie brisée, d’un espoir fauché, d’une liberté anéantie. Bien que statique, l’oeuvre crée un monde et raconte une histoire.

Elle rappelle inévitablement le mythe grec d’Icare.

D’après les croyances antiques, ce jeune Crétois fut emprisonné avec son père Dédale dans le labyrinthe que ce dernier avait construit à la demande du roi Minos pour y enfermer le Minotaure.

Dédale eut l’idée de fabriquer des ailes en plumes d’oiseau et en cire, qu’il fixa sur leurs épaules et qui permirent aux deux hommes de s’envoler hors du labyrinthe.

Mais, ivre de puissance et de liberté, Icare s’approcha de plus en plus du soleil.

La chaleur fit fondre la cire de ses ailes, le jeune homme chuta et disparut dans la mer Egée.

Le mythe d’Icare illustre symboliquement la quête d’absolu de l’être humain, violemment ramené à terre par la réalité, le quotidien, les contingences.

Il aborde l’idée de transgression et incite à l’humilité.

Il encourage au doute. C’est d’ailleurs ce que rappelle le titre de l’oeuvre de Wim Botha.

Un solipsisme est un concept philosophique selon lequel on ne peut pas prouver avec certitude l’existence d’un monde extérieur à notre esprit, et que notre subjectivité est finalement la seule réalité que nous pouvons vérifier.

Si elle suggère la fin du rêve et des certitudes, « Solipsis 7.4 » dégage tout de même un soupçon d’optimisme.

Les oiseaux rescapés de la collision tournoient malgré tout, la lumière des néons vacille mais éclaire encore. Le début de la résilience ?

Avignon accueille l’exposition « Les éclaireurs », consacrée à l’art contemporain africain, jusqu’au 14 janvier 2018. En voici un aperçu : 

Pour découvrir en images le travail de Wim Botha dont d’autres installations Solipsis, cliquez ici.

Ce dossier de presse de la fondation Blachère décrit l’oeuvre de l’artiste, avec une interview passionnante où il évoque notamment la signification des pièces Solipsis : http ://www.fondationblachere.org/wp-content/uploads/2016/04/DP-Bothav3red.pdf

Photo en tête d’article : Catherine Laloux, collection Blachère.

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