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Ici naquit Aphrodite

Pétra tou Romioú est un site naturel qui frappe à la fois les yeux et l’imagination. C’est là, sur les rivages de Chypre, que serait née la déesse grecque Aphrodite.

L’enfilade de roches crayeuses posées sur la Méditerranée, les criques aiguisées, les herbes folles et la plage battue par les vents rendent spectaculaire le site de Pétra tou Romioú*. Nous sommes à 25 km du port antique de Paphos, sur la côte ouest de Chypre.

Pour les Grecs anciens, c’est ici qu’est née Aphrodite, déesse de l’amour, de la beauté et de la fertilité, fille d’Ouranos et de l’écume. L’empreinte de la déesse est très présente à Paphos. Des rues, des vins, des loukoums, des restaurants portent son nom. Et même le centre nautique !

Et pour cause : cette cité fut un important lieu de culte d’Aphrodite, peut-être même le premier.

Depuis le Néolithique, le site de Paphos a accueilli des rites en l’honneur de divinités de la fécondité, comme les orientales Astarté ou Ishtar, qui auraient inspiré l’Aphrodite grecque. Lorsque les Mycéniens arrivent à Chypre, au début du XIIe siècle av. J.-C., ils établissent un sanctuaire dédié à la déesse à Palaipaphos, l’ancienne Paphos, située dans l’actuel village de Kouklia.

Il sera pendant plus de quinze siècles l’un des plus importants centres religieux de la Méditerranée.

Des millions de pèlerins venus de tout le monde gréco-romain débarquaient à Paphos et parcouraient à pied les quinze kilomètres qui les séparaient du sanctuaire. Ils empruntaient un chemin bordé de laurier et de myrte, tout en chantant et en psalmodiant.

Une fois arrivés au sanctuaire, dont Homère décrit au VIIIe siècle av. J.-C. les « bois sacrés » et « les autels parfumés », les visiteurs étaient accueillis par des prêtres et des prêtresses et s’adonnaient aux Aphrodisies, des fêtes rituelles en l’honneur de la déesse. 

Plusieurs fois détruit par les tremblements de terre et plusieurs fois reconstruit, le sanctuaire de Palaipaphos est aujourd’hui un site archéologique où subsistent quelques vestiges. Des allées fleuries et odorantes, les bases d’un temple et de villas, un sol de mosaïques dans une maison romaine et un peu d’imagination donnent une idée de la majesté passée des lieux.

Un musée expose des objets issus des fouilles : souvenirs laissés par les pèlerins et reliques du sanctuaire.

On découvre ainsi une mosaïque représentant la reine de Sparte, Léda, avec Zeus métamorphosé en cygne, des inscriptions en écriture chypro-minoenne, ou encore un imposant sarcophage relatant un épisode de L’Odyssée : Ulysse et ses compagnons cachés sous des moutons pour s’enfuir de la caverne du cyclope Polyphème.

Surtout, on découvre une grosse pierre volcanique, noire et conique, polie par les mains des fidèles : ce bétyle sacré personnifiait Aphrodite.

Chypre tout entière est indissociable de la déesse. L’île lui a d’ailleurs donné l’un de ses surnoms. « Chypre » viendrait en effet du latin « cyprus », issu du grec ancien « kúpros », qui pourrait provenir du sumérien « zubar » (« cuivre ») ou « kubar » (« bronze ») ou du grec « kyparissos » (« cyprès »). De « cyprus » est venu « Cypris » : « la Chypriote », « femme d’une grande beauté », c’est-à-dire Aphrodite. 

Partout sur l’île, on trouve des traces de la divinité. Au musée archéologique de Nicosie, on peut admirer Aphrodite de Soloi (Ier siècle av. J.-C.). À Polis, un bassin d’eau douce, creusé naturellement dans une grotte de verdure, aurait abrité les amours d’Aphrodite avec le bel Adonis, fils d’un roi de Chypre. Boire l’eau de cette source donnerait l’amour et la jeunesse éternelle.

Un peu plus loin, un sentier pédestre, « Le sentier d’Aphrodite », permet d’accéder à Pyrgos tis Rigainis, où selon la légende la déesse aimait se prélasser après son bain. Autre exemple au village de Geroskípou, dont le nom se référerait aux jardins sacrés de la déesse, près de la mer, qui servaient de point de départ aux pèlerins débarqués à Paphos et prêts à prendre la route pour le sanctuaire de Palaipaphos.

*« La pierre du Grec », en hommage au héros byzantin Digénis Akritas qui aurait accompli là un exploit : jeter des rochers gigantesques devant les navires sarrasins qui menaçaient l’île.

Laure Sauvage

Pour en savoir plus sur les liens entre Chypre et Aphrodite, voici un extrait passionnant de L’Aphrodite grecque, une monographie de Vinciane Pirenne-Delforge, éditée en 1994 par les Presses universitaires de Liège.

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