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Plaine hétérogène et manque de pluie

Alors que la moisson approche à grand pas, en particulier dans le sud de l’Île-de-France, tous les regards sont tournés vers la plaine. Remplissage des grains et développement des cultures de printemps inquiètent.

Si la pression maladie est faible en raison de la sécheresse, après les difficultés de levées, notamment des cultures de printemps, le tallage des céréales a été hétérogène et le remplissage des grains inquiète en l’absence de précipitations en quantités suffisantes dans les jours prochains.

Dans le Val-d’Oise, «  on constate un processus accentué d’échaudage en céréales dans les terres superficielles dégradées et à faibles réserves hydriques  », note Stéphane Boulet, conseiller à la chambre d’Agriculture de région Île-de-France. «  Dans les bonnes terres, les cultures gardent un potentiel satisfaisant si l’eau arrive ces jours-ci  ».

C’est notamment le cas des blés. «  Globalement il y aura une avance quasi-générale des céréales cette année ainsi que des colzas et des pois d’hiver. En revanche, les pois de printemps qui démarrent leur floraison risquent d’être fortement pénalisés par les températures élevées  », souligne-t-il.

Les cultures de betteraves sont quant à elles très hétérogènes sur une même parcelle, «  entraînant des problèmes de désherbage  », et sur certaines plantes «  on voit apparaître quelques pégomyies  ». «  Les maïs de leur côté ont connu énormément de dégâts d’oiseaux et de sangliers  », conclut-il.

Dans le nord des Yvelines, «  la situation est difficile  », dixit Benoît Savalle, conseiller en charge du secteur. «  Les colzas vont avoir des rendements moyens en raison d’un hiver dégradé par des terres hydromorphiques et de nombreux insectes au printemps.  »

«  Pour les blés, les rendements devraient également marquer le pas, de - 15 à - 30  % selon la qualité des terres.  » «  On attend la pluie mais elle ne rattrapera pas l’état des cultures.  »

Concernant les cultures de printemps, «  cela n’est guère mieux, toutes cultures confondues  », ajoute-t-il. En raison des températures et du manque de pluie, l’état sanitaire des cultures est plutôt bon «  mais le problème vient des dégâts d’oiseaux  ».

Même constat du côté de Christophe Daullé, conseiller dans le centre du département, qui enfonce le clou  : «  La disparition de répulsifs est catastrophique. Sur les maïs, il a fallu réensemencer, et la population toujours plus nombreuse de pigeons a dévoré pois et tournesols  ».

Moins optimiste que son collègue du nord, il note encore des pucerons sur les colzas.

Dans le sud des Yvelines, Thierry Mulot, remarque aussi des «  difficultés sur les cultures de printemps et une accélération de la maturité sur les autres cultures (blé, colza, orge) et les betteraves connaissent encore quelques attaques de pucerons verts  ».

Dans le département de l’Essonne, «  le stress hydrique pénalise aussi le remplissage des grains et les cultures d’hiver ont mûri très rapidement  », souligne Emmanuel Griard. «  En orge d’hiver, on devrait avoir une récolte au 15 juin, peut être avant dans les mauvaises terres.

Sur le colza, on note la présence de pucerons cendrés mais inférieure au seuil de traitement.

En blé tendre, culture majoritaire, la situation est très hétérogène. On voit malgré tout un faible nombre d’épis/m2 dans les différentes composantes de rendements. Depuis le week-end dernier, il y a une apparition de piétin-échaudage dans les parcelles de blé sur blé.  »

De leur côté, «  les cultures de printemps, orge et pois de printemps, vont être très fortement pénalisées par les conditions de chaleur et de sécheresse. Leur floraison actuelle ne se fait pas correctement et va impacter le nombre de gousses  ».

Par ailleurs, «  les betteraves ont été traitées et n’ont plus de problèmes de pucerons, et les tournesols et maïs ont une croissance normale  ».

«  Dans le nord de la Seine-et-Marne, les épisodes pluvieux de début mai ont fait du bien aux parcelles de blé, note Louise Vancranenbroeck, conseillère grandes cultures du nord Seine-et-Marne à la chambre d’Agriculture de région Île-de-France. La minéralisation a bien fonctionné, permettant de valoriser l’azote en fin de cycle  ».

Toutefois certaines parcelles restent «  claires  ». C’est le cas de celles semées tardivement où le tallage a été mauvais. Globalement, les blés sont sains et la faible présence de maladie permet de faire l’impasse sur des traitements, excepté pour quelques variétés sensibles à la rouille jaune.

Le désherbage d’automne, comme observé les années passées sur ce secteur, a bien fonctionné. Pour les parcelles où il a été réalisé au printemps, c’est un échec.

En revanche, entre la météo automnale puis la sécheresse, un manque d’épis/m2 est observé dans le sud du département. Seules des précipitations dans les prochains jours permettront le remplissage des grains et d’améliorer le PMG (Poids de mille grains).

Des feuilles jaunes sur les orges de printemps ont fait leur apparition à la suite de l’épisode plus frais durant les saints de glace. Des analyses sont en cours pour en connaître l’origine (stress post-climatique ou début de virose).

Dans le sud Seine-et-Marne, les premières machines sont attendues dès la mi-juin dans les parcelles d’orge d’hiver.

Concernant les colzas, pucerons cendrés et moineaux égrènent les cultures. «  Nous avons des secteurs comme la Brie humide où les colonies ont été multipliées par dix en cinq jours fin mai  », souligne le conseiller grandes cultures de la chambre du secteur centre Seine-et-Marne, Éric Misiak.

Les féveroles font également face à la multiplication des pucerons et ont nécessité un à deux traitements.

Mais, la grande inquiétude porte sur les cultures de printemps (orges, pois, chanvre, betteraves, maïs) dont la levée a été difficile et hétérogène. Le temps sec et les à-coups climatiques n’arrangent en rien la situation.

Les orges de printemps sont hétérogènes en fonction des dates de semis. «  On retrouve parfois deux stades différents au sein d’une même parcelle  », explique Mathurin Philippeau, conseiller grandes cultures sur le secteur sud-Seine-et-Marne.

À la levée hétérogène — parfois deux stades différents au sein d’une même parcelle —, a succédé une prolifération de pucerons, sources des premières viroses, et l’apparition du charançon lixus au nord de Melun dans quelques parcelles de betteraves.

À noter également les dégâts de corvidés sur des maïs à peine levés.

En agriculture biologique, les températures douces de l’hiver puis élevées au printemps ont par ailleurs eu des incidences sur les populations d’insectes en favorisant les cycles de reproduction. Les grandes cultures franciliennes ont souffert et souffrent encore d’une pression importante.

Laurence Augereau et Laurence Goudet-Dupuis 

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