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Pluie, gel, temps sec et venteux donnent une plaine très hétérogène

Après d’importantes précipitations à l’automne, les cultures ont affronté quelques épisodes de gel et aujourd’hui des conditions sèches et venteuses. Tour d’horizon dans une plaine francilienne plutôt hétérogène.

En pleine période de confinement, les grandes cultures affrontent elles aussi des jours peu favorables. Les conditions de semis à l’automne dernier avaient déjà largement compliqué la tâche des agriculteurs et ces dernières semaines ne permettent pas de souffler. Le gel d’abord a impacté les colzas et les pois sur certains territoires franciliens et ce sont aujourd’hui des conditions sèches et venteuses qui préoccupent le plus.

Val-d’Oise

Dans le Val-d’Oise, les colzas et pois ont effectivement été touchés par le gel mais «  de manière très localisée, souligne le conseiller de la chambre d’Agriculture de région Île-de-France, ­Stéphane Boulet. Les pois ont été davantage atteints avec parfois jusqu’à 20  % d’une parcelle touchés  ».

Dans ce département, les cultures de printemps souffrent des conditions sèches. «  Les betteraves, le lin, les orges et pois de printemps ont été semés ici dans des conditions limites de ressuyage et le vent d’est fort et froid a rapidement desséché la surface des sols  », commente le conseiller. Résultat  : dans les sols motteux particulièrement, les cultures sont mal levées.

Le sec a aussi un impact sur les cultures déjà en place. «  Le colza a ralenti sa floraison et les cultures se sont globalement éclaircies  », souligne Stéphane Boulet, qui précise avoir également observé «  quelques symptômes de maladies sur feuilles dans les céréales  ». «  Conjugué avec le stress physiologique, le marquage sur feuilles est accentué  », déplore le conseiller, qui juge l’état sanitaire de la plaine plutôt moyen.

Yvelines

Dans les Yvelines, même constat s’agissant du gel. Le conseiller, Christophe Daullé, observe çà et là quelques parcelles touchées mais de façon plutôt disparate. Betteraves et lin ont pu être semés dans de bonnes conditions mais la levée est aujourd’hui difficile. «  Nous devons faire face à des sols compactés qui ont été malmenés par les pluies de l’hiver. Les sous-sols ne sont pas très bons  », souligne le technicien, qui observe également sur son secteur un effet des conditions sèches sur les blés et les orges d’hiver. «  On voit les cultures jaunir du fait du stress hydrique. Globalement, elles souffrent d’un mauvais enracinement.  » ­

Christophe Daullé fait également état de quelques cas de rouille jaune et de septoriose, sans que cela ne soit critique. En revanche, il alerte sur les nombreux cas de virose dans les orges et les blés. «  Les pucerons étaient déjà nombreux à l’automne et sont tout aussi présents ce printemps. C’est un gros point de vigilance en ce moment.  »

Essonne

Le secteur de l’Essonne semble pour le moment plutôt bien affronter les conditions actuelles. Concernant le gel, le conseiller Emmanuel Griard a bien observé «  quelques parcelles touchées ponctuellement où les effets du gel provoqueront d’importantes chutes de rendement, mais cela reste localisé, souligne-t-il. Dans d’autres cas, seules des bordures de champ sont touchées sans trop de conséquences  ».

À propos des conditions sèches de ces dernières semaines, elles ont un impact sur les cultures semées aux alentours du 15 mars, particulièrement dans les sols motteux où le vent a séché les parcelles. «  Les orges ont plutôt bien levé, note Emmanuel Griard. La difficulté vient davantage des pois et des betteraves. Pour ces dernières, il pourrait y avoir des problèmes de densité car 50  % seulement ont levé dans certains endroits et donc, plus tard, ça peut provoquer des difficultés de désherbage  ». Dans ce secteur, les irrigants ont apporté 15 mm d’eau.

Côté sanitaire, quelques foyers de rouille jaune et de septoriose existent possiblement mais là non plus, rien d’alarmant.

Seine-et-Marne

Dans le centre Seine-et-Marne, alors que les colzas sont en pleine floraison, les gelées ont eu une incidence variable mais le potentiel de la culture n’est pas attaqué. Cela s’est limité à des tiges ramollies et au pire à la perte de quelques fleurs. En revanche, le froid couplé au vent du nord ont agi sur le bout des feuilles de blé qui ont grillé.

«  Ce phénomène est plus ou moins marqué en fonction de la sensibilité variétale et de l’orientation des parcelles. Les blés à port dressé, plus avancés, ont été davantage touchés  », explique Éric Misiak, conseiller grandes cultures du secteur centre Seine-et-Marne à la chambre d’Agriculture de région Île-de-France.
Concernant le sec, les cultures d’hiver étant bien enracinées arrivent à aller chercher de l’eau et des nutriments même si quelques signes commencent à se ressentir dans la plaine. Pour les cultures de printemps (pois, orge de printemps et betteraves), plus le semis est tardif, plus les difficultés de levée sont prégnantes. La situation peut devenir critique si aucune précipitation ne tombe dans les quinze jours.

L’état sanitaire est plutôt correct malgré les craintes à la suite de l’hiver pluvieux. «  Il existe un fond de cuve de septoriose, ­piétin-verse et rouille jaune, mais rien ne se développe grâce à la météo actuelle et la pression des ravageurs est très faible (quelques pucerons sur orge), note le technicien. La plaine d’hiver est en avance de dix/quinze jours. On est sur une année hâtive et l’alternance de temps chauds et froids accélère le mouvement. Les travaux de printemps ont été menés en toute sérénité ces dernières semaines après les craintes dues à l’hiver humide  ».

Au nord du département, «  la plaine s’est plutôt bien refaite après les précipitations, parfois localisées, de ces derniers jours  », explique Louise Vancranenbroeck, conseillère grandes cultures du nord Seine-et-Marne à la Chambre.

Les blés ont ainsi pu absorber l’azote nécessaire. Un bémol  : dans le secteur nord-est, les blés ont plus de difficultés, la réserve en eau des sols étant moindre.

Peu de maladies sont à noter sauf sur les blés précoces. Le gel n’a pas eu d’incidence sur les colzas, excepté dans les parcelles où la culture était chétive et présentait un retard de végétation. Par contre, quelques cas de jaunisse sont relevés sur les orges et des maladies sur pois, en forte régression avec la météo actuelle. Quant aux betteraves, elles subissent en levant des attaques d’altises qui nécessitent bien souvent une intervention.

Marine Guillaume et Laurence Goudet-Dupuis

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