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Une moisson pas ordinaire avec Marie-Laure Cuisset

Installée sur la commune de Maillebois dans le Thymerais (Eure-et-Loir) depuis douze ans, Marie-Laure Cuisset effectue la pire récolte de sa carrière. Elle est inquiète pour la pérennité de son exploitation. Reportage.

Le 22 juillet, à Maillebois. Au volant de sa moissonneuse, Marie-Laure Cuisset réalise la plus mauvaise récolte de sa carrière et s’inquiète pour son entreprise.
Le 22 juillet, à Maillebois. Au volant de sa moissonneuse, Marie-Laure Cuisset réalise la plus mauvaise récolte de sa carrière et s’inquiète pour son entreprise.

« Depuis quelques semaines, nous savions que les blés ne seraient pas terribles », reconnaît Marie-Laure Cuisset, « en revanche, je suis très déçue par les orges. C’était prometteur, la première parcelle que j’ai récoltée était même plutôt correcte... Mais le reste, c’est beaucoup d’orgettes, trop de protéines et près d’un tiers de rendement en moins. »

Installée à Dampierre-sur-Blévy, commune de Maillebois dans le Thymerais, l’exploitante effectue au volant de sa moissonneuse Claas la plus mauvaise récolte de sa carrière.

Ce 22 juillet, elle bat du colza et parle beaucoup. « Je n’ai pas trop envie de me lever le matin... Il n’y a rien et on s’embête à le récolter », tempête-t-elle.

De fait, dans ce contexte, les machines sont délicates à régler : « Il ne faut pas mettre trop de vent, toutes les graines sont importantes... »

L’exploitante a même eu une mauvaise surprise en entrant dans ses blés deux jours plus tard : « Le grain est mûr mais la paille est verte, il faut ralentir considérablement la machine — ce qui augmente la consommation de carburant — pour éviter de jeter à l’arrière à cause d’un mauvais battage... Mauvais battage qui diminue encore le poids spécifique... »

Quand ça ne veut pas... « Ce qui est terrible cette fois, c’est qu’aucune culture ne rattrape l’autre et que les prix sont au plus bas... Et il y a le contexte : ailleurs on fait des récoltes record... En plus, avec la pression insectes et maladies, nos charges ont été élevées cette année et la qualité n’est pas au rendez-vous... Installée depuis douze ans, je devrais être en régime de croisière ! Là, après deux années moyennes, il va falloir que j’aille discuter avec ma banque... Nous allons quémander un RSA pour pouvoir nourrir nos compatriotes, quelque chose ne va pas ! »

Il faut un peu de temps pour remplir la remorque... « Ici, c’est un coin à faible potentiel, j’essaye de gérer au plus strict, je ne mets pas de chaux tous les ans, je ne fais qu’un à deux traitements fongicides... Et cette année, la récolte ne va même pas couvrir les charges », estime Marie-Laure Cuisset.

« Le pire, c’est qu’avec notre œil professionnel, nous n’avons rien vu venir... Je suis inquiète, personnellement, pour l’entreprise, mais plus globalement pour les jeunes installés et pour mes amis laitiers... Ça ne va pas bien. On se lève avec la volonté de bien faire, à la fin, on devrait pouvoir vivre de notre métier, non ? Qu’est-ce qui va nous sauver cette fois, une prime ? Il va y avoir des exploitants qui vont mettre la clef sous la porte... »

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