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« L'exploitant est la première valeur d'une exploitation »

Les Jeunes Agriculteurs du Centre tenaient leur assemblée générale le vendredi 13 mars à Orléans : une table ronde était consacrée au pilotage de l'exploitation.

Maxime Poincloux : « La nouvelle DJA suscite des inquiétudes. »
Maxime Poincloux : « La nouvelle DJA suscite des inquiétudes. »
© Loiret agricole et rural

« Nous souhaiterions qu'un maximum de jeunes installés soit formé à JA'PROG. Quant à la nouvelle Dotation Jeune Agriculteur, elle suscite des inquiétudes : les réponses apportées sont peu satisfaisantes. » Président régional des Jeunes Agriculteurs, c'est le message qu'a délivré Maxime Poincloux le vendredi 13 mars à Orléans, lors de l'assemblée générale du syndicat. Le hors-d'oeuvre était consacré à une présentation du dispositif Cap'Installation (accompagnement personnalisé du projet jusqu'à sa concrétisation) et de la DJA. Marie-Madeleine Mialot, vice-présidente du Conseil régional, figurait parmi les convives. Quant au plat de résistance, il s'agissait d'une table ronde sur le pilotage de l'exploitation. Les débats étaient animés par Cédric Raguin, administrateur de JA Centre : « Quand on s'installe, il y a une prise de risque : l'essentiel, c'est de l'identifier. »

Alors que le métier d'agriculteur est marqué par une « complexité de plus en plus forte » et des « restructurations permanentes » résultant de « l'augmentation des surfaces ou du cheptel » avec pour conséquence un « isolement », « comment mieux sécuriser le métier d'agriculteur ? » s'interrogea Jérôme Boulan, du Crédit agricole Centre Loire. « Il faut évaluer les risques pour mieux les contrôler. » La liste des écueils est longue : corporel, matériel, climatique, prix, etc. « La prévention est la première étape de la maîtrise du risque. » Le représentant de la banque verte apporta un certain nombre de réponses : « Évaluer et renforcer la capacité de résistance de l'exploitation ; privilégier une approche économique à une approche patrimoniale ; répondre aux besoins du marché et du client ; situer le degré d'exposition aux risques et veiller à bien calibrer les outils de couverture ; adapter l'accompagnement auprès des agriculteurs. » Le modérateur prolongea l'analyse : « L'objectif du réseau consiste à éviter l'isolement et les erreurs. »

Un moyen d'appréhender le management

Chef du service installation à la chambre d'agriculture d'Indre, Christophe Périgord présenta GEHODES, acronyme de Gestion des Hommes et Développement économique et social des Entreprises : « Une aide pour comprendre le fonctionnement de son associé et poser des règles de fonctionnement. » Un autre aspect porte sur la relation vis-à-vis du salarié : une fiche de poste lors d'un recrutement garantit que l'opération sera un succès. Les conditions de travail sont également concernées : ergonomie, pénibilité, gestion du temps, etc. Commentaire de Cédric Raguin : « Le risque main-d'oeuvre est souvent minoré par le jeune qui s'installe. Or la première chose à faire est de prévoir le salariat car on ne peut pas tout faire seul. »

Des propos repris à son compte par Pierre-Marie Vouillot, administrateur national des Jeunes Agriculteurs et éleveur dans le Doubs : « L'exploitant est la première valeur d'une exploitation : la personne est la première chose à assurer. » Via une adhésion au Service de Remplacement. L'enjeu : la qualité de vie. En Franche-Comté, un groupement d'employeurs s'est constitué afin d'apporter un complément de main-d'oeuvre de manière plus permanente et pas seulement en cas d'empêchement. Commentaire de Joël Norais, président du Service régional de Remplacement : « Nous voulons vivre de notre métier mais en prenant du temps pour partir en vacances ou nous former. » Réaction de Cédric Raguin : « Lors du stage 21 heures, on étudie les aspects économiques mais l'adhésion au Service de Remplacement n'est pas prise en compte. » Les débats se poursuivirent avec cette réflexion de Joël Norais : « Travailler avec quelqu'un s'apprend et recourir au Service de Remplacement peut être un moyen d'appréhender le management. »

Éviter les non-dits !

Christophe Périgord délivra un conseil méthodologique : « Mettre en perspective le volume de travail et les capacités qu'on a en fonction des priorités qu'on se donne. » Par exemple : renoncer à un engagement associatif. Jérôme Boulan s'exprima en ces termes : « On ne peut pas tout assurer mais, un moment donné, il faut voir les enjeux. La première chose à assurer, c'est vous. Dès la réflexion du projet d'installation, il faut bien se poser la question. » « Des exploitants ne connaissent pas leurs couts de production » fit remarquer l'animateur de la rencontre : JA'PROG est là pour apporter des réponses. « Je suis convaincu de l'utilité de l'outil mais ceux qui en auraient besoin y recourront-ils ? » entendit-on dans la salle. Cédric Raguin répondit : « L'outil est simple et permet à un jeune qui s'est installé de connaître ses coûts de production puis d'avoir une réflexion plus poussée sur le fonctionnement de son exploitation. »

Président de la commission jeunes d'Axéréal, Frédéric Gond assistait à la réunion : « Nous aurions tout intérêt à travailler ensemble. Devenir chef d'entreprise ne s'apprend pas à l'école. » Or Vivéa finance des formations. L'orateur souleva un autre écueil : l'absence d'expérience entre le bac professionnel et l'installation. «  Il faut resituer l'exploitation dans son contexte économique globalisé et le jeune agriculteur doit produire pour des clients. » Autre parole entendue parmi l'assistance : « Beaucoup de personnes veulent travailler ensemble, sous une forme sociétaire. Mais on ne pense jamais aux difficultés qui peuvent survenir. La prévention passe par l'élaboration d'un règlement intérieur. » Une analyse partagée à « 100% » par Jérôme Boulan : « Allez assez loin sur l'aspect ressources humaines ! Quelle que soit la nature du projet, prévoyez quelques lignes répondant à la question suivante : que se passera-t-il si les choses tournent mal ? » Un représentant d'un centre de gestion fit ce commentaire final : « Faites vivre le règlement intérieur en y consacrant quotidiennement du temps ! L'enjeu : aborder les tensions de façon sereine et éviter les non-dits ! »

Zoom sur JA'PROG

Soutenu financièrement par le Crédit agricole, JA'PROG se compose de trois outils d'aide à la décision au service des jeunes installés des six départements de la région Centre et de la Nièvre :

- JA'FFINE, destiné à calculer ses coûts de production. L'outil sera mis à disposition suite à la formation un Premier pas vers mes coûts de production. Le démarrage des formations interviendra dès l'automne prochain dans les sept départements.

- JA'NALYSE, destiné à préparer son installation ou une diversification en agriculture. Téléchargeable librement sur agrijaprog.com.

- JA'CCÈDE, destiné à estimer le coût de reprise d'une exploitation. Outil en construction, disponible fin 2015.

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