Aller au contenu principal

«  L’agriculture est une réponse économique, demain, au défi bas carbone  »

Président de la Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux, Arnaud Rousseau fait le point sur ces différentes filières et les conséquences de la crise du Covid-19 sur celles-ci.

Horizons  : Alors que les emblavements des cultures oléoprotéagineuses - excepté pour le tournesol - sur l’ensemble du territoire français s’achèvent, quelles sont les évolutions notables en termes de surfaces  ?

Arnaud Rousseau : Après deux années sèches, couplées au développement d’insectes et à l’interdiction de certains produits phytosanitaires, la surface devrait s’établir en 2020 aux environs de 1 100 000 hectares en France contre 1 400 000 hectares il y a quatre ans. À noter qu’environ 50 000 hectares ont été détruits suite au gel subit pas les cultures début avril. A contrario, nous avions anticipé le retournement de parcelles qui, au final, ont été maintenues. Au stade actuel, la floraison est satisfaisante. Toutefois, on ne mesure pas encore l’impact total du gel et de l’absence d’eau.

Concernant le tournesol, les semis débutent avec, en prévision, une sole en hausse. Cette culture remplace des céréales là où elles n’ont pas pu être implantées suite à la forte pluviosité hivernale. Pour les pois d’hiver, la surface est stable alors que celle de pois de printemps poursuit sa légère tendance haussière.

En raison de la pandémie de Covid-19, quelles sont les incidences sur les outils industriels permettant la transformation des oléoprotéagineux  ?

Nous enregistrons une sous consommation du biodiesel d’environ - 35 à - 40  %. Si les voitures des particuliers ne circulent quasi plus, la flotte de camions est encore en activité. Notons que l’Oléo 100, carburant 100  % végétal lancé par Saipol et destiné aux flottes captives, est un moyen de diminuer l’empreinte carbone. Dans ce contexte, on a craint une rupture de l’approvisionnement en tourteaux, mais il n’y a pas eu de rupture avérée. Cette situation a eu la vertu de mettre en avant la nécessité de produire de l’huile pour avoir des tourteaux et l’importance de l’autonomie en protéines en Europe dans la droite ligne du plan protéique bâti par la profession agricole.

Au niveau de l’outil industriel, les sites de trituration fonctionnent en France, mais la plupart des unités d’estérifications sont à l’arrêt. Actuellement des discussions sont en cours avec le parlement afin de faciliter la fiscalité des exportations de bioénergies.

Toutefois, la vraie échelle de notre souveraineté tant énergétique que protéique doit être européenne. C’est le seul moyen pour faire face aux réactions de certains États à l’instar de ce qui s’est produit avec les USA qui ont taxé les vins français en réponse aux aides versées à Airbus. La souveraineté ne peut également s’envisager qu’en tenant compte de l’ensemble des régions du monde. Il en va de la protection de notre territoire.

Et à l’avenir ?

Le circuit court n’est qu’une partie de la réponse. Si ce modèle a toute sa place, il ne doit pas être le modèle unique. La filière oléoprotéagineuse se recentre sur l’intérêt d’avoir des producteurs et des outils industriels à proximité. Nous devons redonner une ambition politique au secteur agricole. On ne doit pas faire un retour en arrière mais tirer des enseignements de cette crise sanitaire pour avoir une vision globale et moderne de l’avenir.

L’agroalimentaire a bien tenu, mais nous devons nous redonner une marge de manœuvre. Nous traversons une situation difficile qui de crise sanitaire devient une crise économique. Il faudra des priorités. L’agriculture, demain, est une réponse économique au défi bas carbone.

L.G.-D.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Horizons

Les plus lus

Le 11 avril, à Amilly. La co-associée de Jump Chartres 28, Mathilde Nodier, et le co-gérant du site de méthanisation Theuvy Biogaz, Jean-Baptiste Gouin (au c.), ont signé sous l'égide du délégué territorial de GRDF, Jean-Michel Vappereau, un partenariat pour valoriser le fumier équin.
Du fumier de cheval pour le méthaniseur
Le site de méthanisation Theuvy biogaz et le centre équestre Jump Chartres 28 ont signé le 11 avril à Amilly une convention…
La Chapelle-la-Reine, jeudi 25 avril. Augustin Vecten au milieu de l'aspergeraie. En conditions optimales, une asperge peut prendre 7 cm /jour.

Les asperges de la ferme des 4 vents
La récolte des asperges a débuté lentement en raison de la fraîcheur des températures. Rencontre avec Augustin Vecten, producteur…
Véritable figure du syndicalisme francilien, Patrick Dezobry est décédé dans la nuit du 24 au 25 avril à l'aube de ses 69 ans.
Décès de Patrick Dezobry : le vibrant hommage de toute une profession
Très engagé pour la profession depuis de longues années, Patrick Dezobry est décédé dans la nuit du 24 au 25 avril à l'aube…
Damien Greffin, président de la FDSEA Île-de-France, introduit l'assemblée générale.
AG FDSEA Île-de-France : salle comble et riches échanges
Mardi 30 avril a eu lieu l'assemblée générale de la FDSEA Île-de-France à Louveciennes (Yvelines).Durant la matinée, les…
La matinée s'est poursuivie par la visite guidée du site, ici par Christophe Hillairet, l'un des six associés, président de la chambre d'Agriculture de région Île-de-France.
Le méthaniseur de Sonchamp inauguré dans les Yvelines
Vendredi 19 avril a eu lieu l'inauguration du méthaniseur de Sonchamp sur la ferme de Luc Janottin, à Renonvilliers (…
Éric Delorme est l'actuel président de la Cuma des Vieilles charrues.
Les Vieilles charrues, une nouvelle Cuma dans le Loiret
Depuis le début de l’année, deux nouvelles Cuma se sont formées dans le Loiret, dont celle présidée par Éric Delorme et baptisée…
Publicité