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« C'est un peu le Barème d'entraide spécial Cuma »

L'édition 2014 du Guide prix de revient des matériels en Cuma vient de sortir. Un document conçu à l'échelle des régions Centre, Poitou-Charentes et Limousin. Animateur de la Fédération des Cuma du Loiret, Mathieu Teixeira répond à nos questions.

Le support permet de se rapprocher le plus possible de la réalité du terrain.  (Photo d'archives)
Le support permet de se rapprocher le plus possible de la réalité du terrain. (Photo d'archives)
© Loiret agricole et rural

Loiret agricole et rural : Quelle est l'idée générale de ce Guide prix de revient ?

Mathieu Teixeira : C'est un outil de travail qui a été élaboré par les Fédérations régionales des Cuma du Centre, de Poitou-Charentes et du Limousin à partir des comptabilités analytiques des coopératives pour en ressortir un manuel qui nous permet d'avoir certaines moyennes sur du matériel précis : tracteurs, moissonneuses-batteuses, matériel viticole ou d'irrigation, etc.

LAR : À la base, c'était un document régional qui, ensuite, s'est élargi à un plus grand territoire.

M.T. : Effectivement, chaque région avait son Guide prix de revient et, la structuration du réseau Cuma ayant abouti au regroupement de trois régions, il nous est paru logique de faire un seul guide pour l'ensemble de cette zone sous l'égide du Pôle de Coordination Appui.

LAR : De quand date cette nouvelle configuration ?

M.T. : De 2010. Quid de la future réorganisation des régions au niveau national ? On ne sait pas trop comment va être découpé notre Pôle de Coordination Appui et ce que va devenir notre région Centre !

LAR : Cette édition 2014 est donc la deuxième dans sa dimension interrégionale.

M.T. : Oui, c'est la deuxième version à l'échelle du Pôle de Coordination Appui. Me concernant, c'est également la deuxième à laquelle je participe et où on mutualise nos chiffres pour donner un document assez concis sur les charges de mécanisation.

LAR : Concrètement, quelle est l'utilité d'un tel document ?

M.T. : Je l'utilise au quotidien pour l'élaboration des prix soit avec le conseil d'administration d'une Cuma soit directement dans une Cuma. C'est un peu le Barème d'entraide spécial Cuma. L'idée est la suivante : ressortir au mieux les chiffres du terrain puisque ce Guide n'est élaboré que sur des comptabilités propres de Cuma.

Une quinzaine de journées de travail

LAR : Comment procédez-vous pour collecter et synthétiser autant d'informations ?

M.T. : C'est un travail de fourmi puisqu'on reprend chaque dossier comptable de chaque Cuma du département. Soit, pour le Loiret, environ cent vingt coopératives qui sont passées au peigne fin : on ressort toutes les données relatives au matériel en cours d'amortissement. On reprend toutes les données analytiques sur plusieurs années et, pour cette édition 2014, nous nous sommes arrêtés au 31 décembre 2013. Pour le Loiret, c'est une quinzaine de journées de travail. Ensuite, nous fusionnons nos données à l'échelle du Pôle de Coordination Appui. Un document diffusé à environ 1.300 exemplaires.

LAR : Les charges de mécanisation représentent de 25 à 40 % des charges totales d'une exploitation : quel sens donné à ce chiffre à la lumière de ce Guide ?

M.T. : Ce Guide permet de cibler directement les exploitations en se disant : « Suis-je sur un coût de 50 EUR/h ou plutôt de 15 EUR/h en fonction des coûts directs ? » et de se rapprocher le plus possible de la réalité du terrain. Le monde agricole a beaucoup évolué au niveau de la production mais il reste de grosses marges de manoeuvre sur la mécanisation : partage du matériel, réduction des charges, etc.

LAR : Pouvez-vous nous donner quelques exemples de prix de revient ?

M.T. : C'est toujours délicat, chacun a sa spécialité au sein de notre région. Souvent, quand on parle d'un tracteur de 120 ou 150 CV, on évoque un coût horaire avoisinant les 17 EUR. Ce prix comprend l'amortissement, les frais financiers, les réparations et ce qu'on appelle les autres charges. En revanche, ni le temps de travail ni le prix du carburant ne sont inclus. Dans le Guide prix de revient, nous avons voulu inclure ces différentes charges. Objectif : permettre à l'adhérent ou au président de Cuma qui est en réunion de travail avec son équipe de faire une cote la plus proche possible de la réalité du terrain. Pour un épandeur à fumier, selon que l'on se trouve au coeur de la région Poitou-Charentes ou de celui de la région Centre, chacun utilise plus ou moins ces unités : pour des appareils à table d'épandage, donc de grosse capacité, on arrive aux environs de 13 EUR du voyage.

Aux environs de 250 EUR/ha

Le détail du Guide prix de revient permet également d'avoir des coûts en fonction de l'utilisation et de l'âge du matériel. Le support permet aussi de recenser les différents matériels qu'on peut rencontrer dans notre région Centre et de faire des comparaisons entre marques. Et d'avoir quelques exemples de prix d'achats, permettant de conforter les présidents et les conseils d'administration lors des renouvellements de machines. Prenons l'exemple d'une arracheuse automotrice à betteraves : le coût moyen unitaire d'une telle machine est de 195 EUR/ha. Auxquels il faut rajouter le carburant et la main-d'oeuvre. Ce qui nous situe aux environs de 250 EUR/ha, voire un peu plus. Ces chiffres-là nous permettent d'avoir des comparaisons concrètes via le matériel de Cuma de la région Centre et des autres régions.

LAR : Comment se procure-t-on ce Guide ?

M.T. : Il est automatiquement dû à nos présidents de Cuma puisque nous travaillons avec leurs données : le manuel leur sera donc envoyé. Nous essaierons également de le faire passer à chaque trésorier puisque ce sont les deux personnes qui gèrent les chiffres au niveau de la Cuma. Des exemplaires seront également disponibles auprès de la Fédération des Cuma ou du Pôle de Coordination Appui*. On en trouvera aussi à MécaCéréales, le 5 août prochain. En cas de besoin, on peut me joindre au bureau à Pithiviers, au 02.38.30.16.28.

LAR : Le document est-il gratuit ?

M.T. : J'ai coutume de dire que tout ce qui est gratuit n'a pas de valeur ! Le Guide est chiffré aux alentours de 35 EUR. Mais, de vous à moi, je crois que je n'en ai jamais fait payer quand j'ai eu à en faire passer. Toutefois, on essaye de lui donner une valeur marchande : si on prend tous les départements de la zone, à raison de dix à quinze jours de travail à chaque fois, on voit le temps passé par les animateurs pour le faire. Donc, vis-à-vis des pouvoirs publics ou autres, il est logique qu'il y ait une certaine rémunération puisqu'il y a un travail de conception. Et tout un tas de fournisseurs qui jouent le jeu avec nous. Des banques, des fabricants de matériels ou des distributeurs. Le Guide prix de revient a des retombées qui sont loin d'être négligeables !

Diminuer les coûts de mécanisation

LAR : Au-delà de ce Guide, dans quelle mesure les Fédérations de Cuma peuvent-elles aider les coopératives dans leurs stratégies d'investissements ?

M.T. : J'interviens beaucoup sur tout ce qui est réflexions communes. Des réflexions qui peuvent être du simple achat et du prix de revient qui va sortir derrière, pas forcément avec le Guide. Cela peut aussi être de la réflexion directe de renouvellement : investissements, subventions, calcul de prix, d'échéancier, etc. La Fédération des Cuma est là pour apporter une aide à toutes nos Cuma : on en compte plus de cent vingt dans le département. Cela fait soixante-dix ans que la Fédération des Cuma se bat pour diminuer les coûts de mécanisation sur les exploitations !

Contact

Pôle de Coordination Appui de la région Centre-Limousin-Poitou-Charentes : Agropôle, 2133 route de Chauvigny, 86550 Mignaloux-Beauvoir. Téléphone : 05.49.44.74.90. Mail : pca.cpcl@cuma.fr.

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