PORTRAIT
Charlin Hallouin, céréalier et producteur d’oléagineux
Installé en grandes cultures à Danzé, Charlin Hallouin produit des céréales et des oléagineux. Le président de JA 41 fabrique son huile à la ferme.
Installé en grandes cultures à Danzé, Charlin Hallouin produit des céréales et des oléagineux. Le président de JA 41 fabrique son huile à la ferme.

Céréalier et producteur d’oléagineux à Danzé, Charlin Hallouin a passé un BTS Analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole en 2009 à Bourges (Cher) et un master de gestion à l’École supérieure d’agriculture d’Angers (Maine-et-Loire) en 2011. Au cours de ses études, l’intéressé a voyagé : États-Unis, Canada, Suède, etc. « J’avais envie de voir autre chose, dit-il. Je voulais me découvrir sur le plan humain et comparer les systèmes agricoles. Avec 5 000 ha, on n’est pas forcément plus heureux. Entreprendre ce qui plaît aide à surmonter les difficultés ». Notre interlocuteur a débuté sa carrière comme conseiller d’entreprise. Il déclare : « Cette expérience m’a ouvert l’esprit. J’ai vu ce qui fonctionnait et ce qui ne fonctionnait pas. J’ai emmagasiné des connaissances et des contacts. Le réseau professionnel et extraprofessionnel est important ».
Les semis directs sous couverts
En octobre 2017, lorsque Jean-Yves, le père de Charlin, a pris sa retraite, ce dernier se sentait prêt à s’installer. Pendant quelques mois, il a exercé les activités de conseiller et d’agriculteur. « Je sais me poser les bonnes questions, dit-il. La double activité était difficile à suivre, tant professionnellement qu’humainement. La ferme était rentable et j’ai mis en place un atelier de transformation (lire par ailleurs) pour sécuriser mon passage intégral à l’agriculture ».
Le professionnel poursuit : « J’aime tester en mesurant les risques. L’agriculture doit innover. C’est, depuis longtemps, la philosophie de l’exploitation ». En 1990, les semis simplifiés ont remplacé le labour. Le Danzéen pratique également les semis directs sous couverts. « L’objectif consiste à redynamiser le sol, qui est notre premier outil de travail », explique l’intéressé. Toutefois, lorsque les conditions l’exigent, Charlin Hallouin sort la charrue ou travaille le sol en profondeur. Ainsi, depuis trois ans, à cause de la sécheresse, faire pousser un couvert s’avère impossible. La dernière fois, c’était en 2017 : du blé dans de la féverole.
« Les différents systèmes doivent exister »
L’enjeu est de réduire l’utilisation de fertilisants azotés et de phytosanitaires. Pour les seconds, l’agriculteur du Vendômois est en MAEC (Mesures agroenvironnementales et climatiques). À la clé, une diminution des traitements de 60 %. En 2020, l’Indice de fréquence de traitement (IFT) herbicide maximal était de 1,3. L’intéressé a réalisé 1,25. Via le glyphosate, à 650 g/ha, son IFT était de 0,25. Pour le désherbage post-levée, il était à 1. « J’ai arrêté les rattrapages de printemps car ceux-ne fonctionnaient pas, dit-il. Je n’utilise aucun insecticide. Les insecticides appellent les insecticides. Ces produits tuent les auxiliaires, ouvrant la porte à d’autres insectes. En cas de besoin, je recours à une solution naturelle : purin d’orties, etc. Pour combattre les maladies fongiques, je travaille sur les variétés et la tolérance des mélanges. Je ne pratique aucun traitement préventif. J’interviens uniquement en curatif ».
Charlin Hallouin déclare : « Je me moque des rendements ! Je préfère réaliser 10 % de moins et réduire mes intrants de 25 %. Ce que je fais est bon pour la planète et sera transmissible demain. Nous devons répondre aux attentes de la société. Cette année, mes rendements ont été mauvais mais j’ai obtenu un revenu correct sans déclencher mon assurance. Les différents systèmes doivent exister. Sinon, c’est la mort de l’agriculture ! ».
Une officialisation des pratiques
Depuis la récolte 2019, l’exploitation danzéenne est certifiée Haute valeur environnementale (HVE). Charlin Hallouin explique : « La certification a officialisé mes pratiques. Je respectais de nombreux critères du cahier des charges. S’engager dans la démarche a été simple. De plus, certains meuniers veulent de la farine HVE. Cela valorise mes circuits courts (huile) et longs (blé) ». Biodiversité, réduction des phytosanitaires et gestion azotée en constituent les fondements. Ajoutons que le professionnel n’irrigue pas.
REPÈRES
« Obtenir un produit fini »
En 2018, Charlin Hallouin, producteur d’oléagineux à Danzé, a investi 30 000 euros, dont une partie a été subventionnée, dans un atelier de transformation. « Je ne voulais pas être uniquement un producteur de matière première mais obtenir un produit fini », dit-il. Les grains sont stockés pendant deux à trois mois afin que leur température diminue. Ensuite, a lieu la pression à froid. Celle-ci fonctionne vingt-quatre heures sur vingt-quatre, débouchant sur une production de huit litres par heure, soit vingt-cinq kilogrammes de grains. Puis le produit est placé dans des cuves en inox. Naturelle, la décantation nécessite une semaine pour le lin et deux mois pour le tournesol. Au terme de cette phase, l’huile est mise en bouteille pour être vendue. « J’ai appris sur le tas », indique le producteur.
L’intéressé commercialise son huile dans cent points de vente professionnels de Loir-et-Cher, les épiceries et la grande distribution. Il participe également à quinze foires et marchés. En temps normal, les particuliers représentent 60 % de ses débouchés et les professionnels 40 %. Avec la crise sanitaire, les professionnels pèsent 80 %. Charlin Hallouin déclare : « Au printemps, nous avons eu peur. Nous avons pratiqué le porte-à-porte auprès des professionnels. Les consommateurs ont exprimé un intérêt pour les produits locaux. Mais il fallait passer par les magasins pour les atteindre. Les fêtes de fin d’année représentent 20 % de mon chiffre d’affaires. Je suis donc inquiet. Heureusement, je fabrique un produit qui se conserve. Mais qu’en est-il des producteurs de pintades ou de foie gras ? ».
« La fibre syndicale fait partie de mon ADN »