Exposition
Cléopâtre, bien plus qu'un nez
L'Institut du monde arabe propose jusqu'au 11 janvier prochain une exposition riche et passionnante, Le mystère Cléopâtre.
L'Institut du monde arabe propose jusqu'au 11 janvier prochain une exposition riche et passionnante, Le mystère Cléopâtre.
« Le nez de Cléopâtre, s'il avait été plus court, la face du monde en aurait été changée », a écrit Blaise Pascal dans ses Pensées pour signifier qu'une petite cause pouvait avoir de grands effets.
Un mur de nez
L'exposition Le mystère Cléopâtre, jusqu'au 11 janvier 2026 à l'Institut du monde arabe à Paris, ne fait pas l'impasse sur ce détail anatomique, un mur y est même consacré proposant toute une série d'hypothèses, mais rassemble plutôt tout ce que l'on sait de cette emblématique reine d'Égypte qui administra avec habileté son royaume et décrypte surtout ses facettes innombrables qui habitent notre imaginaire.
Née en 69 avant notre ère, Cléopâtre VII est la dernière souveraine de la dynastie des Ptolémées. Dans un monde dominé par les hommes, elle parvient à maintenir, durant son règne de vingt-deux ans, l'autonomie relative de l'Égypte en nouant des liens sentimentaux et politiques avec Jules César puis Marc Antoine. Vaincue par Octave, qui n’aura eu de cesse de la dénigrer, elle se suicide en 30 avant notre ère.
Le mystère Cléopâtre présente d'abord les éléments historiques et archéologiques les plus actuels rassemblés sur la souveraine égyptienne. Or ces sources, comparées aux innombrables évocations de sa légende qui naissent au Moyen Âge au sein du monde arabe puis en occident à partir du XVIe siècle, sont relativement ténues. Il est donc quasiment impossible d'en déduire un fidèle portrait.
L'exposition se penche ensuite sur le mythe qui prend le relais de la légende forgée au fil du temps. C'est ainsi que son suicide par exemple, réapproprié, fantasmé, est l'objet de nombreuses représentations dans l'art à travers les siècles. Une série de tableaux, échos les uns des autres, sont présentés.
Dans une autre salle, c'est le destin de Cléopâtre à l'époque contemporaine qui est montré via des extraits de films. Elle y est incarnée par les plus grandes actrices, de Sarah Bernhardt à Monica Bellucci en passant par Liz Taylor, qui feront d'elle une icône populaire.
Son image est démultipliée également par la publicité, la mode, la télévision. Cléopâtre se transforme en objet de consommation, de fantasme, en reine de beauté, à mille lieues de la réalité historique mais ancrant sa figure sensuelle dans l'imaginaire collectif.
Ce n'est que plus récemment que les mouvements féministes vont réhabiliter son image de femme de pouvoir qui a réussi à imposer sa voix, son indépendance. Une vraie figure de résistante.