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Comment adapter sa communication verbale pour entretenir ses relations

La MSA a organisé une réunion d'information pour apprendre à mieux communiquer, lundi 23 avril à Lorris.

© Sabrina Beaudoin

Les élus de la MSA Lorris-Bellegarde ont organisé une réunion d'information sur la communication non violente. La rencontre avec Sandra Longin, formatrice à l'école des parents et des éducateurs, s'est déroulée à l'Espace Blanche de Castille à Lorris, une vingtaine de personnes, de tout âge, a assisté à la présentation. Suite à la crise, le milieu agricole n'a pas arrêté de «subir» : baisse des prix, mauvaise récolte, contraintes et réglementations... Tous ces aléas génèrent de l'anxiété, des troubles du sommeil, du stress, de l'énervement... Fin 2016, les élus de la MSA Lorris-Bellegarde, avaient ressenti le besoin de trouver une solution pour évacuer le stress.
La MSA avait alors financé une réunion d'information basée sur la sophrologie. « Pour faire suite à notre réunion sur la sophrologie, les élus de la MSA ont eu envie d'explorer un autre domaine : la communication. L'idée est de pouvoir retrouver des relations non stressantes et apaisées. Lorsque ça ne va pas dans son travail, la personne est agacée et cela a un impact non seulement sur ses relations professionnelles mais aussi sur ses relations personnelles » explique Magali Millanole, animatrice de la MSA.
En effet, une mauvaise communication peut parfois être source d'incompréhensions et de conflits, et cela tant dans le cadre de la sphère professionnelle, familiale ou amicale.
C'est pour éviter ces sources de stress que les élus de la MSA ont invité Sandra Longin à exposer aux agriculteurs, actifs et retraités, comment adapter leur communication verbale pour entretenir des relations de qualité avec leur entourage quel qu'il soit.
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité. » L'OMS a repéré des compétences psychosociales qui vont être porteuses de bien-être et de santé : avoir conscience de soi ; avoir de l'empathie ; savoir gérer ses émotions ; savoir gérer son stress ; savoir communiquer efficacement ; améliorer les relations interpersonnelles ; être capable d'avoir une pensée critique et savoir émettre un avis ; avoir une pensée créative ; savoir résoudre les problèmes ; savoir prendre des décisions.

« Nous allons voir comment transformer les conflits en source de richesses ou comment transformer la « merde » en compost » débute la formatrice. Le conflit est souvent vécu de manière négative et préjudiciable. Plutôt qu'une confrontation, le conflit peut devenir source d'opportunité pour faire évoluer les mentalités et grandir.
Pendant l'intervention de la formatrice, toutes les personnes présentes se sont montrées intéressées et ont participé avec intérêt. Lorsque Sandra Longin a évoqué cette notion de conflit, une des participants a raconté son histoire en évoquant par exemple,  la stratégie « diviser pour mieux régner », stratégie qui vise à semer la discorde et à opposer les éléments d'un tout pour les affaiblir afin d'user de son pouvoir pour les influencer...
Sandra Longin a utilisé cet exemple pour démontrer quels étaient les ingrédients qui coupaient les relations. « Tout ce qui est jugement, (interprétation, comparaison, généralisation, étiquettes), ou encore toutes les exigences (ordre, obligation, conseil) ou déni de responsabilité (faute de l'autre, « je n'ai pas le choix ») sont des freins » indique-t-elle.  « Nous sommes des êtres de perception, Ce que l'on ne dit pas ce sera quand même dit par le corps ou par l'intonation de la voix » assure-t-elle.
La formatrice a mis les participants à contribution en utilisant la méthode de Marshall Rosenberg. C'est un psychologue américain, né dans les années 30, qui a crée le processus de la communication non violente et la résolution de conflit. Cela permet à chacun d'entrer en contact avec ses besoins profonds pour mieux communiquer, en laissant libre cours à sa bienveillance naturelle. Son objectif est de transformer les conflits potentiels en dialogues paisibles, et désamorcer les disputes. Pour cela, il a imaginé deux personnages: le chacal et la girafe.

Le « parler chacal »
C'est un langage qui juge, diagnostique, pose des exigences, manipule, fait du chantage et culpabilise. Il établit un rapport de force. Il fait porter à l'autre la responsabilité de nos propres sentiments. C'est une manière de communiquer qui pousse l'autre à répondre ou à contrario à se replier sur lui-même. Le chacal hurle pour communiquer. « C'est un langage fait de critiques et d'interprétations qui amplifie le conflit ou même le crée. Il symbolise tous les conditionnements et les habitudes, les façons de faire. Il fait du mieux qu'il peut avec les moyens qu'il a. Le chacal hurle contre la personne en face ou hurle envers soi même » précise Sandra Longin.

Lors d'un échange concret avec les participants, Sandra Longin donne les deux manières de répondre du chacal. Une participante lance une phrase agaçante « T'es nulle, tu n'y arriveras jamais »
? « Tu te prends pour qui ? Tu as vu comment tu travailles toi ? » lui répond la formatrice en mode chacal face au public. Pour cette première version du chacal, les deux individus se renvoient la balle ce qui s'appelle « C'est le Tu qui tue » et ça finit mal. Cela ne va pas favoriser le lien.
? « C'est vrai, je suis tellement nulle, je vais faire mon maximum pour essayer d'y arriver » lui répond à nouveau la formatrice en retournant le chacal face à elle. Pour cette seconde version du chacal, elle fait sien ce que l'autre lui dit. Elle se dévalorise, se soumet. Cela entraine une perte de l'estime de soi, une hausse de la culpabilité. Cela ne favorise pas les liens. Les deux interprétations du chacal ont un impact sérieux sur la relation.

Le « parler girafe »
La girafe parle autrement : elle observe sans juger, elle exprime des sentiments sans en rendre l'autre responsable. « On appelle cela le langage du coeur car la girafe est le mammifère terrestre qui a le plus gros coeur» souligne-t-elle. Parler girafe, c'est aussi prendre de la hauteur. « La girafe est un animal incroyable, elle mange des fleurs d'acacias ce qui signifie qu'elle est capable d'aller chercher le meilleur y compris au milieu des épines. C'est un animal bienveillant mais si un lion vient à l'attaquer, elle peut le tuer d'un coup de sabot. Elle ne se laissera pas marcher sur les pieds, elle sait s'affirmer » complète Sandra Longin.

Sur le même principe qu'avec le chacal, Sandra Longin donne les deux manières de répondre de la girafe. La participante relance une phrase agaçante
«T'es nulle, tu n'y arriveras jamais»
? « Je suis effondrée à l'intérieur quand j'entends ça. Je me sens démunie. J'aimerais avoir une forme de soutien, c'est important pour moi » admet la formatrice en tournant la girafe contre elle. Dans cette première version de la girafe, la formatrice est allée voir ce que cette phrase déclenchait chez elle. Elle a mis en valeur son besoin de soutien. Elle a pu dévoiler une partie de ses sentiments. C'est aussi ce que l'on appelle de l'auto-empathie. Elle ouvre la porte et favorise la relation.
? « Quand tu dis ça tu as l'air super énervée, est ce que tu es inquiètes ? » demande-t-elle à la participante en tournant la girafe vers le public. Dans cette seconde version de la girafe, la formatrice écoute et prend en compte les sentiments de l'autre. Elle cherche à savoir quel est le besoin de l'autre.
Lorsqu'il y a conflit, au niveau du langage, il suffit parfois de transformer la tournure de sa phrase pour passer d'un langage chacal à girafe. C'est donc un outil de résolution de conflit sans intervention d'une tierce personne.
L'être humain a des besoins. Tous les êtres humains ont les mêmes besoins. Il est nécessaire de savoir s'écouter et de prendre des temps d'arrêts pour comprendre d'où vient le problème, sans oublier que chaque individu a les mêmes besoins mais qu'ils s'expriment avec une intensité différente. Chacun, dans une relation, veut de l'ouverture, du contact, du respect, de la paix, de la joie, de la valorisation... Si ces besoins sont assouvis, la personne se sent heureuse, grandie et fière, à l'inverse, la personne se sentira triste, frustrée et fatiguée...

Dans le monde agricole en particulier, le temps manque. Souvent les signaux ne sont pas écoutés et l'accident peut arriver. Ce stress peut se transformer le cas échéant en burn out. Il faut savoir que la MSA a mis en place en février 2017 un aide au répit pour aider les agriculteurs en situation d'épuisement professionnel. Le service de remplacement est partenaire de la MSA à ce sujet et propose un remplacement gratuit ou jusqu'à 1,60 EUR/h pour 10 jours de remplacement par an, renouvelable une fois. Seule condition pour bénéficier de cette aide, l'agriculteur doit contacter la MSA lui-même.

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