Agroalimentaire : comprendre les freins à l’approvisionnement local
En stage à l’Area*, un étudiant ingénieur a présenté les résultats de son enquête sur l’approvisionnement des industries agroalimentaires régionales en matières premières agricoles. Un travail qui met en évidence les volumes utilisés, leur origine et les freins à un sourcing local.
En stage à l’Area*, un étudiant ingénieur a présenté les résultats de son enquête sur l’approvisionnement des industries agroalimentaires régionales en matières premières agricoles. Un travail qui met en évidence les volumes utilisés, leur origine et les freins à un sourcing local.

L’Area* Centre-Val de Loire et la chambre régionale d’Agriculture ont confié à Mathys Alders, étudiant ingénieur à l’Esa d’Angers, la réalisation d’un état des lieux des modes d’approvisionnement des industries agroalimentaires régionales. L’objectif était d’identifier la part des matières premières locales utilisées et les obstacles qui limitent cet approvisionnement. Au total, 66 entreprises, représentatives de la diversité du tissu agroalimentaire régional, ont été sollicitées, et 55 ont répondu.
L'étudiant a présenté les résultats de son mémoire de fin d’études mardi 23 septembre dans les locaux de la chambre d’Agriculture, à Orléans.
Céréales et oléagineux en première ligne
Les volumes étudiés confirment le poids des grandes cultures dans l’agroalimentaire régional. Pour les céréales, les entreprises interrogées déclarent 84 147 tonnes de matières premières, dont près de 70 % issues de la région, essentiellement de la farine de blé. Côté oléagineux, les volumes atteignent 80 494 tonnes, majoritairement sous forme d’huile (57 %). La part régionale est plus limitée : 40 %, principalement des graines de colza et de tournesol.
Les protéagineux restent marginaux avec 680 tonnes recensées, dont seulement 10 tonnes originaires de Centre-Val de Loire. Les légumes représentent en revanche un volume important, 192 108 tonnes, mais moins de 40 % proviennent de la région. Les produits transformés, notamment surgelés, affichent un sourcing régional quasi nul.
Des disponibilités, mais aussi des manques
L’étude montre que la majorité des matières premières agricoles brutes sont disponibles dans la région. Toutefois, certaines cultures sont absentes (riz, soja en grande quantité) ou produites en volumes insuffisants pour répondre aux besoins (concombres, haricots verts, petits pois). Cette inadéquation entre production régionale et consommation des industries agroalimentaires explique en partie le recours à des approvisionnements extérieurs.
Neuf freins identifiés
Au total, neuf freins majeurs à l’approvisionnement local ont été recensés auprès des entreprises. Le premier concerne le coût des matières premières régionales, jugé trop élevé par rapport à d’autres bassins de production. Vient ensuite le manque d’unités de première transformation, qui limite la valorisation locale. Le troisième frein est lié au manque d’informations disponibles sur l’offre régionale, suivi par un déficit de fournisseurs capables de répondre aux volumes industriels.
L’étude pointe aussi l’influence des structures de groupe, qui imposent parfois leurs circuits d’achat, et les contraintes réglementaires et de certification (BRC, Global Gap) qui pèsent sur les producteurs locaux. Les problèmes logistiques, comme l’absence de fret retour ou l’impossibilité de remplir un camion complet, constituent également un frein. Enfin, deux obstacles plus ponctuels ont été relevés : la fidélité à de vieux partenariats commerciaux et la concurrence des autres bassins de production, notamment le Nord et la Bretagne.
Des marges de progrès
Ces constats soulignent une contradiction : les matières premières sont globalement disponibles en Centre-Val de Loire, mais leur intégration dans l’approvisionnement agroalimentaire reste limitée. L’étude met en avant la nécessité d’un meilleur maillage entre agriculture et industries agroalimentaires, afin de réduire la dépendance extérieure et de créer davantage de valeur ajoutée localement.
Des recommandations pour avancer
Parmi les pistes proposées figure la création d’un support numérique recensant les fournisseurs régionaux, précisant les produits, les formes disponibles (brut, farine, flocon, surgelé…), les conditionnements et les certifications. Un outil jugé fastidieux à mettre en place, mais qui permettrait de lever une partie du manque d’informations.
L’étude recommande également de bâtir quatre plans d’action par catégorie de produits : développer des filières encore peu présentes (graines de courge, sarrasin, millet rouge…), soutenir les cultures massivement implantées (blé, maïs, lin, soja), renforcer la production d’oléagineux (colza, tournesol) et mieux structurer les filières de légumes d’industrie.
*Association régionale des entreprises alimentaires.