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Crise de l’élevage : L’Etat s’engage à aider davantage

Plus de 22 000 éleveurs seraient proches du dépôt de bilan en France, déclarait Stéphane Le Foll, ministre le l’Agriculture, le 17 juillet. Pour leur venir en aide, le ministre a annoncé qu’un soutien financier de l’Etat pourrait être débloqué. Le lendemain le président de la République demandait aux consommateurs d’acheter de la viande française et aux distributeurs de faire en sorte que les éleveurs soient mieux rémunérés.

Devant la préfecture.
Devant la préfecture.
© Réussir

«Nous nous sommes rencontrés ce matin, avec le premier Ministre et les banques» afin de trouver une porte de sortie à la crise qui frappe l’élevage, indiquait Stéphane Le Foll le 17 juillet. Plus de 22 000 éleveurs seraient en effet selon lui «en difficulté», dont une partie «au bord du dépôt de bilan». Ces chiffres, que le ministre tient des remontées terrains des DRAAF (directions régionales de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt), et confirmés par les banques, « montrent la dimension du problème » indique S. Le Foll. Cependant, il relativise : «cela représente environ 10% de l’élevage, pas 40% comme on a pu l’entendre dire !». Il n’empêche : la crise est bien là, plus forte encore dans certaines régions, les éleveurs de porcs bretons en première ligne.

Après les 23M€ déjà débloqués depuis le 20 février dernier, Stéphane Le Foll et le premier Ministre Manuel Valls auraient convenu qu’une rallonge supplémentaire pourrait être débloquée.  Il s’agit de financer des allègements de charges et des reports ou effacements de cotisations MSA.

«On aura fini d’évaluer les besoins à la fin du mois de juillet» indiquait le ministre de l’agriculture le 17 juillet, «et on mobilisera plus d’argent s’il le faut». Car la crise est triple, explique encore le ministre : viande bovine, viande porcine et lait.

Une remontée des cours qui tarde

La table ronde du 17 juin dernier avait permis de faire émerger des engagements de la part des acteurs des filières viandes bovine et porcine, afin de faire remonter les prix en magasin. Trois semaines plus tard, Xavier Beulin tapait du poing sur la table, affirmant que les résultats n’étaient pas là. La nomination d’un médiateur, pour identifier, selon Stéphane Le Foll, «qui n’a pas joué le jeu», devait permettre de faire avancer les choses. Cependant, le rapport du médiateur, prévu pour le 17 juillet, devait finalement être remis au ministre le 22 juillet. Stéphane Le Foll a cependant indiqué qu’en viande de porc, l’objectif était près d’être atteint. Sur 1,40€/kg visé, «on est déjà à 1,38€ au marché au cadran» indique-t-il. Moins optimiste pour la viande bovine, il déplore que les résultats escomptés ne soient pas atteints. «On est à environ 7cts d’augmentation au lieu des 20 prévus».

Quant au lait, la paie de mai tourne autour d’une moyenne proche de 300 euros les 1000 litres de lait, soit 45 euros de moins qu’en mai 2014.

Un réaménagement des dettes en réflexion

Face à l’urgence, il faut trouver des solutions pour « aménager les dettes et alléger les charges des éleveurs ». C’était l’objet de la rencontre du 17 juillet avec les banques, qui devrait se renouveler à la fin du mois d’août. En attendant, le ministre compte étudier où se trouvent les exploitations en plus grande difficulté. Il souhaite apporter une attention particulière aux jeunes installés qui ne pourraient pas rembourser les emprunts faits pour investir dans leurs exploitations.

Le ministre a enfin insisté sur le rôle des consommateurs pour sortir de l’ornière. «Chacun à sa part de responsabilité pour maintenir la consommation et assurer des débouchés aux éleveurs». Debout devant une grande affiche aux logos «viande de France», au milieu du jardin du ministère de l’Agriculture, Stéphane Le Foll a appelé les consommateurs à acheter « pour les barbecues de l’été », de la viande identifiée française.

Sur le terrain, la pression se poursuit

Sur le terrain, la colère des éleveurs s’est maintenue durant la semaine et jusqu’au lundi 20 juillet. Le 11 juillet, la caravane du tour de France a été amputée des véhicules des marques Cochonou et Carrefour, cibles d'actions des agriculteurs. «Partagez vos marges, sauvez l'élevage», proclamait une pancarte des éleveurs à l'adresse de l'enseigne de la grande distribution. Le groupe Cochonou avait, lui, choisi, comme la veille lors de l'étape Livarot - Fougères, de laisser au garage ses 2 CV à carreaux rouges et blancs par crainte d'actions des éleveurs. Le même jour à Châteaulin (Finistère), environ 25 agriculteurs bloquaient toujours en fin d'après-midi, tous les accès d'un supermarché Leclerc à l'aide d'une douzaine de tracteurs.

Dimanche 19 juillet, ce sont les éleveurs normands qui se sont mobilisés, manifestant près de Caen soit devant un abattoir, soit devant un entrepôt de distributeur, soit devant un industriel du porc. Lundi matin, les Normands bloquaient des établissements dans l’Eure, près de Le Neubourg et demandaient à voir le ministre de l’agriculture. Celui-ci annonçait être prêt à les recevoir le 23 juillet, le lendemain du jour où il prendrait connaissant du rapport du médiateur.

François Hollande en appelle aux distributeurs et aux consommateurs

En visite en Lozère le 18 juillet, le chef de l'État a demandé aux enseignes des grandes surfaces d'augmenter leurs prix pour soutenir les éleveurs en détresse. «Je lance encore un appel à cette grande distribution, pour qu'elle offre aux consommateurs la qualité et aux agriculteurs un prix» a déclaré François Hollande rappelant les engagements souscrits le 17 juin lors d'une table-ronde autour du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll. «Les agriculteurs ne peuvent pas vivre que des aides, il doit y avoir des prix pour les rémunérer», a-t-il insisté. Puis, à l'arrivée d'étape du Tour de France, le président a incité «les consommateurs à faire aussi un effort» face à la gravité de la crise et «à manger autant qu'il est possible les produits de l'élevage français». Quitte à payer quelques centimes de plus pour leur steak ou leur jambon. Les représentants de la grande distribution ont répondu qu'elle appliquait les hausses convenues lors de la réunion au ministère mais qu'elle ne se fournissait pas auprès des agriculteurs, seulement auprès des industriels, mettant ces derniers directement en cause.

La crise de l’élevage a pris dans tout le pays un tour politique, plusieurs ténors de l’opposition demandant au gouvernement d’agir plus efficacement, depuis Valérie Pécresse jusqu’à Nicolas Dupont-Aignan en passant par l’ancien ministre de l’agriculture Bruno Le Maire. La commission des affaires économique de l’Assemblée nationale devait organiser un débat sur la crise, à l’initiative de son président François Brotte (PS).

3,5 milliards d’euros engagés par l’Etat pour l’apport de trésorerie remboursable

Le décret fixant les conditions de versement de «l’apport de trésorerie remboursable», qui remplace le traditionnel versement anticipé des aides, a été publié au Journal Officiel du 17 juillet. Ainsi, les agriculteurs doivent déposer leur demande avant le 20 août, afin d’obtenir une avance sur leurs aides PAC, «à taux zéro», financée par l’Etat à hauteur de 3,5 milliards d’euros, selon un communiqué du ministère de l’Agriculture du 20 juillet. Les versements débuteront au 1er octobre, et seront remboursés via une déduction effectuée au moment du versement des aides PAC.

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