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Des aléas climatiques atypiques, une récolte mitigée

La semaine dernière, à Paris Porte Maillot, Arvalis, Institut du végétal a tenu une conférence de presse pour dresser un bilan de la campagne 2013-2014 et établir les perspectives 2014-2015.

Jean-Charles Deswarte revient sur l'effet des fortes précipitations sur les blés
Jean-Charles Deswarte revient sur l'effet des fortes précipitations sur les blés
© Sabrina Beaudoin

La campagne 2013-2014 restera marquée par des aléas climatiques atypiques. Malgré l'humidité et un climat tempéré au cours du remplissage des grains, les bons rendements étaient quand même au rendez-vous. Toutefois, quelques régions ont été touchées par de fortes précipitations cet été, le Centre en fait partie.

Pas de gel, trop de pluie

C'est la deuxième année consécutive que les semis de céréales à paille sont perturbés par des pluies automnales. Les agriculteurs n'ont pas pu semer au bon moment car ils étaient incapables de rentrer dans les champs à cause des fortes précipitations.

La douceur de l'hiver a pu sauver les cultures tardives qui n'ont souffert d'aucune destruction par le gel et qui, du coup, rattrapent une partie de leur retard de développement. Mais un hiver doux et toujours pluvieux a été porteur de pucerons et surtout de rouille jaune, maladie qui s'est amplifiée après une période assez sèche et ensoleillée début mars. "Sortie d'hiver, les cultures sont en avance au stade Epi 1cm de 7 à 10 jours en moyenne" explique Jean-Charles Deswarte,  ingénieur au pôle écophysiologie à Arvalis. "C'est aussi là qu'on observe de grosses différences entre les régions, retard de stade en Bretagne et Pas-de-Calais, faibles tallages en Beauce, Ile-de-France, Berry".

Mais la trêve ne dure pas longtemps et les pluies reviennent... à une période très critique. En effet, les épisodes pluvieux se sont multipliés au moment des moissons avec en prime des températures assez basses. "Avec un retour des pluies à partir du 25 juin, les moissonneuses ne peuvent plus rentrer dans les champs alors qu'il s'agit du moment le plus crucial pour obtenir une qualité optimale" poursuit Jean-Charles Deswarte.

Des rendements plutôt bons

Malgré cela, les rendements en orge d'hiver sont très bons (avec des protéines plutôt faibles), ils sont bons en blé tendre (sauf en Bourgogne à cause de la sécheresse) et hétérogènes en blé dur et orge de printemps. "La récolte a été faite entre les gouttes cette année. Ça arrive une année sur cinq en moyenne. Ce sont les blés durs qui ont le plus soufferts. Cette année la récolte a été faite dans la précipitation à cause des averses au détriment des dégradations des sols" conclut l'ingénieur au pôle écophysiologie à Arvalis.

Une teneur en protéine équivalente à 2013

"En termes de qualités, c'est un peu plus irrégulier mais les débouchés devraient tous y trouver leur compte. Le climat humide n'a pas été de bon augure pour la qualité des blés. Des poids spécifiques en retrait et des teneurs en protéines sensiblement équivalents à celle de 2013" explique Benoît Méléard, ingénieur à Arvalis.

FranceAgriMer, en partenariat avec Arvalis, a conduit sur plus de 500 échantillons de blé tendre et 140 échantillons de blé dur représentatifs des bassin de collecte et des catégories constituées par les collecteurs, une enquête sur la qualité de la récolte.

"Ces analyses nous montrent que l'indice de chute de Hagberg se trouve altéré dans les régions qui ont subi de fortes précipitations sur la récolte" poursuit Benoît Méléard. " Mais pour les meuniers, nous sommes conformes pour répondre à la demande".

Le poids spécifique du blé tendre a souffert des conditions de fin de cycle puisqu'il est en retrait par rapport à 2013. Toutefois la moyenne reste correcte 76.3kg/hl. La moyenne de la teneur en protéines est de 11.1%, équivalente à 2013 avec 1 point de rendement de plus que l'année passée.

Coût de production toujours élevé pour le blé tendre

Benoît Pagès, expert au sein d'Arvalis, a donné ses premières estimations sur les coûts de production du blé tendre sur la récolte 2014 selon un échantillon Arvalis-Unigrains issu des données CerFrance. Malgré une légère baisse des charges, le coût complet de production du blé tendre reste élevé.

"Les charges complètes à l'hectare de blé tendre français pour la récolte 2014 sont en légère baisse de 50EUR/ha par rapport à l'an passé. Elles s'établissent à 1640EUR/ha. Elles comprennent : les intrants, la mécanisation, le foncier, la rémunération de la main d'oeuvre salariée et familiale et des capitaux propres. La baisse est dû à la baisse des charges d'engrais et très légère baisse des cotisations sociales ainsi que des investissements." explique l'expert.

Le rendement en blé tendre est en légère hausse 8.2t/ha.

Avec la baisse des charges et le rendement en hausse, le cout complet de production du blé tendre est de 200 EUR/t (209EUR/t en 2013) L'un des plus élèves de la décennie. "C'est une nouvelle fois, une année difficile pour les grandes cultures. Le seuil de commercialisation complet (coût de production + aides) ou prix d'intérêt, s'établirait à 165EUR/t. Il faut vendre au moins à ce prix-là pour être rentable." poursuit Benoît Pagès.

Points de surveillance et perspectives pour 2014-2015

Veiller aux structures des sols : diagnostic culture à dresser pour choisir le travail du sol approprié et la période à privilégier.

Surveiller l'inoculum de la rouille Jaune à cause des conditions fraîches et humides et la présence de repousses.

Evaluer la qualité des semences qui risque d'être dégradée par les déclenchements de germination en plus d'une récolte humide (surtout pour les semences de ferme). Il faut tester la faculté germinative des semences.

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