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Interview de Samuel Vandaele
« Des expérimentations pour tester du matériel de protection »

La lutte contre les vols et incivilités est l’un des chevaux de bataille du président de la FDSEA 77, Samuel Vandaele. Impliqué au niveau local sur ces sujets, il participe également à des réunions au ministère de l’intérieur afin de trouver des solutions adaptées au monde agricole face à ces multiples fléaux.

© L.G.-D. - Horizons

Horizons : La Seine-et-Marne, de par sa situation géographique, est fortement impactée par les vols et incivilités. Comment est-elle devenue un département test ?

Samuel Vandaele : La Seine-et-Marne est traversée par de nombreux axes de circulation qui facilitent les déplacements des voleurs vers d’autres régions, voire d’autres pays. Ce constat posé et face aux nombreux vols que nous avons recensés auprès de notre réseau (plus de 2 millions de préjudices en 2024), nous avons alerté les pouvoirs publics. C’est lors de la visite de Bruno Retailleau, alors ministre de l’Intérieur, à Meaux en novembre 2024 sur la thématique des vols et incivilités que tout a débuté. Nous avons pu avoir de longs échanges en présence de la gendarmerie de Seine-et-Marne, et cela a débouché sur du concret puisque nous nous sommes portés volontaires pour expérimenter sur notre territoire différents matériels de protection. Aux côtés des forces de l'ordre, nous avons participé à plusieurs tests grandeur nature dans nos fermes ces dernières semaines. Nous sommes devenus un département test, ce qui nous a permis de renforcer encore davantage nos liens à la fois avec les services de gendarmerie mais aussi avec le ministère de l'Intérieur.

Il a ainsi été décidé d’expérimenter et de tester différents matériels de protection (balises GPS, vidéosurveillance, caméras de détection, etc.). L’objectif à terme est de proposer des achats groupés, via la carte Moisson, du matériel qui s’est révélé le plus efficace. En Seine-et-Marne, cela fera certainement l’objet de réunions d’hiver pour présenter les outils disponibles pour les agriculteurs.

Toutes ces mesures sont menées de concert avec la gendarmerie et la police tant à notre niveau qu’au niveau des brigades. Les échanges réguliers avec le préfet, ses services et les référents sûreté permettent d’avancer.

Si se protéger est une nécessité, des mesures sont-elles prévues pour enrayer ces phénomènes de délinquance qui touchent les exploitations agricoles ?

Effectivement, une stratégie de lobbying est menée auprès des constructeurs de matériel, notamment de GPS, afin qu’il puisse y avoir désactivation des balises en cas de vol pour les rendre inopérantes. J'ai participé à la première réunion qui a eu lieu au ministère de l’Intérieur en présence des constructeurs, qui seront de nouveau convoqués un à un.

D’autre part, depuis dix-huit mois, à la demande du ministère, les moyens sont renforcés pour démanteler les vols de GPS. Les premiers retours devraient intervenir prochainement.

Enfin, un travail est mené avec les députés et le ministère pour aboutir à des sanctions qui vont au bout, ce qui n’est pas le cas actuellement pour beaucoup d’autres incivilités qui touchent notre activité.

Par exemple, pour les dépôts sauvages, les dossiers ne sont pas prioritaires et souvent classés. Changer la classification des amendes ne marchera que si la justice fait son travail jusqu’au bout.

Si les mesures mises en place pour les GPS sont importantes, vols de carburants, tracteurs et engins ne sont pas oubliés.

On entend souvent dire « porter plainte ne sert à rien ». Est-ce le cas ?

Non. Dans tous les cas, l'agriculteur doit porter plainte dès qu'il fait face à une incivilité. Avec la mise en place du dépôt de plainte en ligne (masecurite.interieur.gouv.fr/fr/demarches-en-ligne/plainte-en-ligne), la démarche est rapide et facile à faire. Et plus il y a de plaintes recensées dans un secteur, plus les effectifs de gendarmerie sont importants.

Les exploitants agricoles ont l’impression que rien ne bouge. Sensation ou réalité ?

Ces fléaux touchent directement l’agriculture et la production. Tout le travail et les efforts menés localement comme au niveau national ne sont pas récompensés à leur hauteur. On ne baisse pas les bras. Les résultats existent mais ils sont insuffisants. Les FDSEA doivent poursuivre leurs actions, la gendarmerie doit continuer à expérimenter et on doit aller vers plus de justice et de résultats.

Mais il est aussi important que les agriculteurs adaptent leur comportement : ne plus laisser les fermes ouvertes à tout vent, ni laisser les GPS sur le matériel par exemple.

Nous sommes l’une des professions les plus tournées vers l’extérieur et les plus engagées dans la vie du territoire. Nous avons un rôle de vigie, en étant les yeux des gendarmes sur le terrain et en leur signalant tout ce qui est suspect. Nous avons donc, nous aussi, un rôle à jouer.

Nous devons poursuivre et même améliorer nos échanges avec les forces de l'ordre. Les présidents de canton sont les relais directs avec les commandants de gendarmerie.

C’est tous ensemble que nous relèverons les défis de lutte contre les vols et incivilités.

Cet article fait partie d'un dossier Vols dans les exploitations

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