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Des travaux compliqués par la météo

Les pluies diluviennes de ces dernières semaines retardent, voire empêchent complètement les récoltes ou les semis. Les exploitants sont à la recherche de conseils et de solutions.

« Le sort s'acharne. » Triste, Marie de Cuverville contemple sa cour de ferme et ses bâtiments partiellement inondés. Il y a quelques semaines, cette agricultrice qui cultive 216 hectares de céréales et protéagineux en bio à Sonchamp (Yvelines) espérait beaucoup de sa récolte de tournesols, après un été déjà très difficile. Mais après les intempéries de ces quinze derniers jours, impossible de rentrer dans les champs. Les tournesols pourrissent. « C'est la première fois en vingt-quatre ans que je ne récolte pas », déclare-t-elle.

Dans les terres hydromorphes autour de Rambouillet, la situation est catastrophique pour de nombreux agriculteurs. « À la fin de l'été, on s'était dit qu'il ne faudrait pas une seconde année comme celle écoulée. Or, c'est en train d'arriver, estime Christophe Daullé, conseiller technique du Cercle de Houdan/Rambouillet. Il y a une vive inquiétude sur la situation économique des exploitations, avec le risque de ne pas pouvoir implanter des cultures d'hiver ».

Des situations hétérogènes en fonction des secteurs

Toute l'Île-de-France ouest n'est heureusement pas touchée de la même façon. « Il y a de l'eau dans les champs, engendrant des difficultés de récolte, mais dans notre secteur, les sols sont filtrants. Nous avons bon espoir de pouvoir semer correctement », rapporte Emmanuel Griard, le conseiller technique Chambre du Cercle d'Étampes-Méréville.

« Par rapport à d'autres, je ne suis pas à plaindre, témoigne Hervé Hardy, qui cultive 145 hectares en bio et 167 en conventionnel à Prunay-sur Essonne. J'ai pu récolter mes sojas et commencer les semis ». Pour autant, l'agriculteur est loin de crier victoire et regarde avec inquiétude l'évolution de sa trésorerie. « Les prélèvements de la MSA et des impôts sont très lourds. Ce système n'est plus adapté à la situation des agriculteurs », estime-t-il.

Le Val-d'Oise n'a pas été non plus épargné par les intempéries, mais sans aller jusqu'aux situations extrêmes connues par le passé. « Il a beaucoup plu, mais cela n'a pas occasionné d'inondations ou de crues », déclare Sabine Snyder, conseillère technique Chambre pour les Cercles de Magny-en-Vexin, du Pays de France et du Vexin. Avant de poursuivre : « Le problème est que le calendrier avance, mais les travaux, eux, n'avancent pas ».

Ne pas se précipiter

Récolter ou ne pas récolter ? Semer ou ne pas semer ? Récolter ou semer ? Voilà les dilemmes qui se posent actuellement aux exploitants. « Certains exploitants ''forcent'' sur la récolte, ce qui risque d'occasionner des frais de séchage plus importants, sans compter qu'il faut une certaine maturité pour que les machines puissent passer », explique Sabine Snyder. Chez Pierre Thomin, à Monnerville (Essonne), les tournesols étaient mûrs mais l'humidité était tellement importante que les têtes gorgées d'eau bouchaient régulièrement le contre-batteur. « On fait avec, mais il ne faudrait pas que de telles conditions se reproduisent trop souvent », soupire l'agriculteur.

Pour les semis, les conseillers techniques préconisent la patience. Avant de se précipiter à la première fenêtre météo favorable, mieux vaut faire ses calculs. « Il faut prendre le temps de regarder au cas par cas les marges possibles. Certaines zones pourront être semées, mais pas toutes, ce qui pose aussi des questions sur les aides Pac », prévient Christophe Daullé. Après avoir hésité à faire une année blanche, Marie de Cuverville a fini par acheter ses semences, sans savoir si et quand elle pourra semer. « Avant, on avait des repères, on savait qu'à cette période, nous avions un mois pour semer. Aujourd'hui, c'est beaucoup plus incertain », dit-elle. Autres difficultés, la pression limaces, très importante cette année, et la question de l'utilisation de produits phytosanitaires, toujours délicate lorsque l'on doit sortir la charrue.

Pour prendre les meilleures décisions, une exigence s'impose : « Il faut jouer l'observation des sols encore plus que d'habitude afin d'évaluer les éventuelles structures dégradées », estime Rémi Baudoin, conseiller technique au PCTAB (Pôle de compétitivité technique en agriculture biologique). Savoir être patient pour retrouver de meilleures conditions et espérer que la pluie, enfin, s'arrête : une préconisation simple, mais pas toujours facile à accepter pour les agriculteurs qui voudraient pouvoir se mettre à leurs travaux d'automne.

Voir aussi Cultures et pâtures sous l'eau

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