Du gaz vert produit par cinq exploitants à La Gaudaine
L'unité de méthanisation Methaperche 28, portée par cinq exploitants, a été inaugurée officiellement vendredi 20 juin à La Gaudaine (Eure-et-Loir). Elle injecte son biogaz dans les tuyaux depuis un an et demi.
L'unité de méthanisation Methaperche 28, portée par cinq exploitants, a été inaugurée officiellement vendredi 20 juin à La Gaudaine (Eure-et-Loir). Elle injecte son biogaz dans les tuyaux depuis un an et demi.


Grégoire et Charles Clément, Florian Haber, Ludovic et Yohann Serreau ont inauguré officiellement vendredi 20 juin à La Gaudaine (Eure-et-Loir), l'unité de méthanisation Methaperche 28 que les cinq exploitants portent en commun.
Aventure humaine
Ce projet est d'abord « une aventure humaine qui a débuté en 2020, à la suite d’une discussion entre agriculteurs voisins sur un projet de diversification pour nos exploitations et la valorisation de nos productions », explique Yohann Serreau qui préside la structure et s'est chargé du discours inaugural. S'ensuivent une formation, des visites d'autres installations pour étayer le projet, puis la création de la SAS (Société par actions simplifiée).
Ensuite, vient le temps long : « C'est un parcours du combattant du point de vue administratif et financier. Nous avons aussi dû répondre aux interrogations légitimes de nos voisins qui attendaient beaucoup de réponses de notre part. Il y a également eu des évolutions réglementaires qui nous ont obligés à revoir les plans de l'unité… », relève l'exploitant qui remercie les partenaires financiers du projet : le Crédit mutuel, la Banque populaire, Agri-impact, Capital Citizen et l'Ademe.
Finalement, les travaux ont débuté en octobre 2022, la mise en chauffe a eu lieu en septembre 2023 et la première injection dans le réseau GRDF en décembre. « Ce projet d'économie circulaire permet la valorisation de biogaz issu de nos effluents agricoles et de nos productions. Nous avons dimensionné l'unité en fonction de notre capacité de production d'intrants (effluents, Cive*, prairies) ».
La boucle est bouclée
L'unité de méthanisation produit du gaz mais sous-produit du digestat « qui est un formidable engrais organique, souligne Yohann Serreau. Sans odeur, c'est une vraie plus-value, les voisins doivent sentir la différence. Il permet de fertiliser nos cultures et se substitue aux engrais minéraux que l'on achetait auparavant (pour 25 à 50 %, NDLR). La boucle est bouclée. Aujourd'hui nous produisons ce que nous avions prévu, 100 nm3/h (normo mètre cube par heure) ».
Remettant sa casquette de président de Chambre, Yohann Serreau souligne la complexité administrative de ce genre de projet : « De plus, en voulant laver plus blanc que blanc, nous nous rajoutons des boulets aux pieds. Alors que l'on demande aux agriculteurs de faire évoluer leurs pratiques vers l'agroécologie et que la méthanisation permettrait de répondre à ces enjeux, nous mettons des contraintes pour réglementer les intrants qui alimentent ces outils. Il faut arrêter avec ces limitations quand les trois quarts des agriculteurs du département n'ont pas d'élevage. Si nous voulons atteindre les objectifs fixés en matière d'énergies renouvelables, il est indispensable de faire évoluer ces contraintes. Cela pourrait aider l'agriculture à sortir des impasses dans lesquelles elle s'engouffre ».
*Cultures intermédiaires à vocation énergétique.
Quelques chiffres
Methaperche 28, c'est 4,7 millions d'euros d'investissement et 370 000 euros d'aide de l'Ademe. L'unité consomme 10 900 tonnes de déchets agricoles et de Cive* et 3 000 tonnes de lisier acheminées par une canalisation enterrée de 300 mètres. Il produit 8,9 GWh par an de biométhane, soit 40 % de la consommation de Nogent-le-Rotrou en été. Le gaz est acheté par Engie via un contrat sur quinze ans. À ce jour, 9 sites injectent du gaz vert dans les réseaux en Eure-et-Loir.