Emploi
Du RSA à l’élevage, une rencontre réussie
À Noyers, dans le Loiret, l’exploitation avicole de Xavier Morin a accueilli en immersion David Lenard, bénéficiaire du RSA. Une rencontre rendue possible par l’Anefa, qui pourrait bien déboucher sur une embauche.
À Noyers, dans le Loiret, l’exploitation avicole de Xavier Morin a accueilli en immersion David Lenard, bénéficiaire du RSA. Une rencontre rendue possible par l’Anefa, qui pourrait bien déboucher sur une embauche.



Xavier Morin, aviculteur à Noyers dans le Loiret, élève des volailles de chair sur une exploitation qui nécessite deux personnes à plein temps pour fonctionner correctement. Depuis le départ de son premier salarié il y a cinq ans pour raisons de santé, il peine à recruter durablement. « Depuis cinq ans, c’est compliqué. J’ai eu des jeunes, mais rarement passionnés. Or, pour bien faire ce travail, il faut s’intéresser à ce que l’on fait. »
Dans l’élevage, les contraintes sont nombreuses et Xavier Morin insiste : « Il y a des obligations, les horaires peuvent varier, ce sont les aléas de notre métier. Moi, j’ai besoin d’un employé en qui j’ai confiance, sur lequel je peux m’appuyer. »
Un CV inattendu, mais une réelle opportunité
En manque de solutions, l’agriculteur se tourne vers deux structures : l’Apecita et l’Anefa. C’est auprès de cette dernière, via Jennifer Habib Hallah, chargée de mission emploi, qu’il reçoit le CV de David Lenard, 55 ans, actuellement au RSA.
« J’ai passé une heure au téléphone avec David », se souvient Xavier Morin. Même si, à première vue, son CV ne correspondait pas aux attentes de l'exploitant, l’échange téléphonique s’est révélé déterminant. Si David n’a pas d’expérience récente en élevage, il a une solide formation dans le bâtiment, l’électricité et la plomberie.
Jennifer Habib Hallah confirme : « Son CV ne reflétait pas sa véritable expérience. Nous avons eu plusieurs entretiens, j’ai vu un potentiel. Monsieur Morin n’était pas initialement sur un poste ouvert à ce type de profil, mais il a accepté de tenter l’immersion. »
Un outil pour se projeter
L’immersion a pour but de permettre à un exploitant et un candidat de tester leur compatibilité avant une embauche potentielle. Pour Xavier Morin, c’est une façon de « vérifier si la personne comprend le métier et s’adapte aux exigences du quotidien. »
Le dimanche 27 juillet, David Lenard arrive sur l’exploitation, la veille du démarrage officiel. Il s’installe sur place, hébergé par l’exploitant, pour être opérationnel dès le lundi matin. Une motivation qui ne passe pas inaperçue.
« Je voulais être prêt dès le premier jour », explique David. Résidant à Orléans, il a préféré arriver la veille pour éviter les trajets et profiter pleinement de l’expérience.
Une complémentarité évidente
Sur le terrain, David s’intègre rapidement. Ce n’est pas seulement un ouvrier agricole en formation, c’est aussi un technicien expérimenté. « 40 % de mon travail, ce sont des petites réparations », rappelle Xavier Morin. « Ce n’est pas ce que je préfère, mais David, lui, adore ça. »
Et il ne ménage pas ses efforts. Réfection des circuits électriques, amélioration des capteurs de présence, diagnostic des installations. David prend les choses en main. Une nuit, alors qu'il peine à trouver le sommeil, il se lève même pour inspecter les capteurs de l’exploitation, frontale sur la tête. Tout au long de la semaine, il dessine des plans électriques, range les armoires et envisage même d’améliorer sa chambre durant son séjour. « Tous ces petits travaux sont liés à son métier initial. Et il les fait avec une minutie impressionnante », note Xavier Morin.
Un duo qui fonctionne
Au-delà de ses compétences techniques, David montre une envie réelle d’apprendre l’élevage. Même s’il découvre certains gestes, l’envie est là. Xavier Morin l’observe : « Il a encore à progresser sur les animaux, mais l’envie est là, et c’est essentiel. »
Pour Jennifer Habib Hallah, le but était clair : « En proposant cette immersion, l’objectif était de créer une équipe durable. Monsieur Morin savait ce qu’il cherchait, et David avait le profil complémentaire. »
L’entente entre les deux hommes semble naturelle. Le quotidien s’organise, chacun trouvant sa place. « Je me sens bien ici, je suis dans mon élément », résume David Lenard, après une semaine sur l’exploitation.
Un modèle à suivre ?
Cette immersion illustre les enjeux du recrutement dans les exploitations agricoles. Trouver un salarié motivé, capable de s’adapter aux contraintes du terrain, est un défi permanent. Le recours à des profils éloignés de l’agriculture mais porteurs de compétences transversales, comme David, peut être une solution efficace.
Xavier Morin est désormais convaincu, il souhaite embaucher David dès la fin de son immersion.