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Interview de Pascal Cormery
Élections MSA : « la MSA doit rester portée par des pairs investis »

Depuis lundi et jusqu'au 16 mai, les adhérents de la Mutualité sociale agricole (MSA) sont appelés à élire leurs délégués. Pascal Cormery, le président de la caisse Berry-Touraine et ancien président de la caisse centrale, répond à nos questions et explique en quoi ces élections sont importantes pour l’avenir du monde agricole.

Jusqu'au vendredi 16 mai, les ressortissants de la MSA sont appelés à élire leurs délégués. Quelle est leur mission ?

Pascal Cormery : Les délégués sont là pour améliorer la protection sociale des salariés agricoles et des agriculteurs, mais aussi plus généralement pour contribuer à la dynamique du monde rural. Ils mènent des actions de terrain sur des sujets qui concernent directement nos ressortissants : vieillissement, prévention du cancer du sein, sécurité au travail, sensibilisation à la conduite du quad… La liste est longue, car chaque délégué peut porter une action propre à son secteur.

Pour la prochaine mandature, nous souhaitons que les délégués endossent également un rôle de lanceurs d’alerte. Ils seront chargés de faire remonter les problématiques spécifiques rencontrées sur le terrain. Ils devront aussi renforcer leur rôle de relais entre les exploitants agricoles et les services de la MSA.

Pouvez-vous citer quelques actions concrètes menées par les échelons locaux ?

Sur les six dernières années, les initiatives ont été nombreuses : campagnes de dépistage du cancer colorectal et du cancer du sein, interventions sur l’alimentation… Nous proposons également une offre de services dans les trois départements de notre caisse (Loir-et-Cher, Indre-et-Loir et Indre, NDLR) avec notamment les Marpa (Maisons d'accueil et de résidence pour l'autonomie) et un accompagnement sur le vieillissement. La MSA peut prendre en charge une partie des aménagements des logements pour mieux vieillir chez soi.

Les maisons France Services MSA rencontrent un succès croissant. Pourquoi selon vous ?

D'emblée la MSA s'est associée à la création des Maisons France Services lorsque le concept a été développé en 2019. Elles permettent à tous les usagers d'effectuer diverses démarches dans un lieu unique. Les trois antennes France Services, que la MSA Berry-Touraine a contribué à mettre en place, rencontrent un franc succès. Nos agents y assurent un vrai travail de proximité, en apportant des informations sur la maladie, la retraite, la formation, la jeunesse… Bien au-delà des simples prestations. Ces structures complètent le maillage des agences locales. Je conseille aux adhérents de prendre rendez-vous avant de s’y rendre, pour permettre à l’agent d’étudier le dossier en amont et d’apporter une réponse complète.

Un autre reproche fréquemment émis par la profession concerne la difficulté à joindre la MSA. Que répondez-vous ?

Cette problématique, constatée par les exploitants, est une réalité dont nous avons pleinement conscience. Quand on appelle, on veut une réponse immédiate, or la plateforme actuelle ne correspond pas aux attentes. C'est pourquoi nous allons dédier des téléconseillers aux exploitants et aux employeurs, afin de leur permettre de joindre plus facilement un interlocuteur au téléphone. Dans les faits, quand ils appelleront la MSA en s'identifiant comme non salariés, ils seront pris au téléphone prioritairement. Par ailleurs, on a augmenté l'effectif du centre d'appels.

En parallèle, il est toujours possible de passer par notre site Internet, où une réponse est apportée sous 48 heures. Nous savons toutefois que de nombreux ressortissants ne sont pas à l’aise avec l’outil informatique. Nous allons donc relancer des formations destinées à mieux utiliser les services en ligne.

Comment convaincre les professionnels de l’importance de la MSA ?

Mon plus grand regret, lors de cette mandature, est de ne pas avoir réussi à convaincre tous mes confrères de l’intérêt d’un modèle spécifique, porté par des pairs investis. L’enjeu de ces élections est là : démontrer l’intérêt d’une protection sociale spécifique à notre profession. Si notre régime de protection sociale était noyé dans le régime général, nous ne saurions plus à quoi servent nos cotisations. La profession ne serait plus entendue, notamment en période de crise, et il n’y aurait plus de reconnaissance de ses spécificités.

Cette année, les difficultés financières s’accumulent pour les agriculteurs. Quelle réponse la MSA peut-elle apporter ?

À chaque crise, nous avons négocié des enveloppes financières pour alléger le poids des cotisations sociales. La dernière en date, négociée dans le contexte financier de la France que chacun connaît, s’élève à un million d’euros. Elle va servir à de petites prises en charge des cotisations, à mettre en place un échéancier adapté, mais ça ne résout pas tout. C’est mieux que rien. J’entends les demandes d’exonération, de prise en charge particulière, d’année blanche… Il faut être lucide : la MSA ne pourra jamais compenser l’intégralité des pertes.

Nous mettons également à disposition un accompagnement psychologique via des cellules dédiées. Et pour ceux qui, malheureusement, ne peuvent plus relancer leur activité agricole, la MSA peut aussi intervenir pour aider à une reconversion professionnelle, avec un accompagnement à la formation.

Lire aussi Élections MSA : deux semaines décisives pour les cinq prochaines années

Pour beaucoup d'agriculteurs, la MSA est vue par le prisme du montant des cotisations à payer. Ils ne voient pas l’intérêt d’un tel organisme. Que leur répondez-vous ?

Je peux entendre que les cotisations soient perçues comme une charge supplémentaire. Ce qui me surprend, c’est que l’on se pose en 2025 la question des cotisations sans s'interroger sur le financement des prestations maladies, familiales ou retraite. Il faut savoir que pour 1 euro de cotisations perçu par le régime MSA, ce sont 2,15 euros de prestations qui sont versées.

Quelles pistes d’amélioration voyez-vous ?

Le vrai problème réside dans la méthode de calcul des cotisations : elles sont basées sur le revenu d’exploitation, et non sur le revenu personnel agricole. Or celui-ci sert non seulement à couvrir les prélèvements privés mais aussi à rembourser les emprunts contractés, les investissements… 50 000 euros de revenu d’entreprise, ce n’est pas 50 000 euros pour vivre. Si les cotisations étaient calculées sur le revenu versé à titre personnel, elles seraient plus justes. Il est donc nécessaire que le législateur fasse évoluer ce mode de calcul.

Voter

Pour voter, rendez-vous sur electionsmsa2025.fr ou renvoyez l’enveloppe de vote reçue à domicile avant le 16 mai.

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