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Technique agricole.
Fourrage : Comment bien réaliser son enrubannage ?

Les fondamentaux de réussite de l’enrubannage expliqués par Mathieu Hebrard, conseiller fourrage à la chambre d’agriculture du Loiret.

Avec des conditions climatiques changeantes, la saison des fourrages devient toujours complexe. Pour avoir une marchandise de qualité, il y a des normes à respecter mais avec un climat aléatoire, il n’est pas toujours évident pour l’agriculteur de suivre les règles…  Tributaire des conditions météorologiques, l’agriculteur n’a quelques fois pas vraiment le choix et doit «couper son herbe».

Divers pratiques existent : ensilage, enrubannage, foin… Il y a quelques semaines, la chambre de l’agriculture du Loiret avait organisé, en collaboration avec les techniciens de Jouffray-Drillaud, Paul Rouvreau et Benoît de Fleurian, une demi-journée technique sur la récolte de l’herbe en ensilage et enrubannage.

Mathieu Hebrard, Conseiller fourrage de la chambre d’agriculture du Loiret donne quelques clés pour réussir son enrubannage. «Réaliser un enrubannage de haute valeur alimentaire passe par une date de récolte précoce. Le bon stade se situe à fin montaison/début épiaison des graminées et bourgeonnement des légumineuses. En terme de sommes de température (base 1er février), cela correspond à 700-750°C pour des RGI ou RGI/trèfle incarnat en dérobées et 800°C-900°C pour des prairies multi-espèces»

Une fois la bonne date trouvée, il faut respecter quelques critères. Avant de se lancer, il ne faut pas oublier que pour l’enrubannage, il faut au minimum 2 jours de sec après la coupe pour avoir un bon pré-fanage.

« L’élément essentiel pour un bon enrubannage c’est la hauteur de coupe qui ne doit pas être inférieure à 7-8 cm et ce pour trois raisons, si on fauche trop bas :

• On risque de ramener de la terre, qui, dans un fourrage conservé, se transformera en bactéries et donc va « pourrir la marchandise ». Point crucial pour les éleveurs laitiers. Les normes de collectes de lait sont très strictes, à cause de ces bactéries, il y aura des butyriques dans le lait, ce qui n’est pas bon.

• On condamne la repousse.

• On favorise la dessiccation du fourrage grâce à une meilleure circulation de l’air car le fourrage n’est pas directement au sol. Il peut respirer en dessous et en dessus de l’andain. Les éleveurs laitiers font vraiment attention à cela »

L’heure de la fauche n’est pas primordiale. Il y a plusieurs écoles, ceux qui fauchent le matin, ceux qui préfèrent le soir. En soit, il n’y a pas forcément de différence. Pour Mathieu Hebrard, il vaut mieux privilégier le matin… «Afin de limiter la perte de valeur alimentaire au moment du séchage au sol, fauchez le matin, après la tombée de la rosée. Une fois au sol, le fourrage continue à « respirer» et à mobiliser des sucres, d’où une perte de valeur alimentaire. Le meilleur moyen pour stopper ce phénomène c’est une bonne journée de soleil. Faner tout de suite pour bien écarter le fourrage et ouvrir les andins de la faucheuse pour maximiser la première journée de séchage.»

Quels types de faucheuse utilisée ?

«Une faucheuse à plat dite normale préserve mieux le fourrage mais le temps de séchage est plus long. Une faucheuse conditionneuse, à fléau ou à rouleau, éclate les tiges du fourrage mais réduit la phase de séchage. Il ne faut pas oublier que ce qui fait la valeur du fourrage, c’est la feuille… Toutefois avec des conditions climatiques difficiles, on veut souvent aller au plus vite !» explique le conseiller fourrage.

«Pour obtenir un bon enrubannage, il faut pré-faner. C’est fait pour contrôler les écoulements. C’est pour cela qu’il faut le faire le plus rapidement possible. Cela permet d’atteindre des teneurs en matière sèche de 45-50 %. A savoir que pour ovins/caprins, on est à 60% de matières sèches, pour limiter les problèmes de listérioses» explique Mathieu Hebrard

Un bon andain pour obtenir des ballots uniformes

En enrubannage, la réalisation de la balle est importante. C’est pourquoi, la confection de l’andain est déterminante car cela va avoir un impact sur la balle pressée. L’andain doit être adapté à la taille du pick-up de la presse, sans que cela ne déborde de chaque côté ! Quelques techniques existent toutefois pour réaliser un ballot régulier, comme zigzaguer sur l’andain pour que le fourrage se place uniformément.
« Réaliser des bottes assez denses pour chasser le maximum d’air, favorise une bonne conservation mais aussi limite la consommation en plastique. Préférez le filet à la ficelle. Une balle régulière est plus pratique à enrubanner et à stocker.»

Bon à savoir : Il existe des systèmes de hachages des brins au pressage. On peut donc faire moins de ballots mais plus généreux. On utilise alors moins de consommables (ficelles/ filets et plastique) ! Une fois pressé, le ballot n’a plus qu’à être enrubanné. La conservation du fourrage est influencée par la qualité du film, le nombre de couches et le stockage des balles. «Il est préférable d’utiliser des films de grande largeur (75 cm au lieu de 50 cm) et de norme française NFT 54-190. Cela permettra, une amélioration de l’herméticité, un gain de temps lors de l’enrubannage et une meilleure protection des faces planes qui sont les plus fragiles» Pour couvrir correcte la marchandise, il est conseillé d’appliquer un nombre minimum de 4 couches de film voire 6. La bobine de film doit être centrée par rapport à l’axe horizontal de la balle. Il est nécessaire de pré-étirer le film d’au moins 60%. «Pour les balles très humides, il est préférable de les stocker sur un seul niveau, sur l’une des faces planes, sur un sol bétonné. Si la balle est régulière et sèche alors il est possible de faire un tas à plusieurs niveaux. Il est aussi important de bien identifier les balles car une fois filmées, il est impossible de se savoir quelle est la marchandise dans le ballot !» poursuit Mathieu Hebrard.

Comment contrôler la matière sèche ?

Quand on prend une poignée du fourrage :

15% MS : herbe au moment de la fauche,

20 à 25 % MS : en pressant le fourrage, les mains deviennent humides,

30 % MS : le fourrage doit être tordu pour humidifier les mains,

35 % MS : le fourrage très fortement tordu humidifie encore un peu les mains,

40 % MS et plus : le fourrage est encore très vert mais les mains ne sont plus humidifiées.

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