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Franklin, tragédie arctique

L’expédition Franklin a disparu mystérieusement quelques mois après son départ pour les glaces canadiennes, en 1845. Peu à peu, des découvertes permettent de reconstituer le puzzle de son funeste destin.

En mai 1845, l’explorateur John Franklin quitte l’Angleterre pour l’Arctique canadien, à la tête d’une ambitieuse expédition qui vise à ouvrir une nouvelle voie navigable vers l’Asie.

Les commandants sont chevronnés, leurs hommes jeunes et solides, et les deux navires très robustes. L’Erebus et le Terror sont en effet deux anciennes bombardes de la Royal Navy renforcées d’épaisses plaques de fer pour braver les glaces polaires.

Ils embarquent le nec plus ultra de la technologie et du confort et trois ans de provisions. Après la traversée de l’Atlantique et une brève escale au Groenland, il s’engagent dans le dédale d’îles et de détroits du grand nord canadien. Deux navires baleiniers les croisent fin juillet à l’entrée du détroit de Lancaster, puis l’on perd totalement leur trace. L’un des plus grands mystères de l’histoire des explorations vient de commencer.

Pendant une quinzaine d’années, l’Amirauté britannique puis lady Franklin envoient des équipages à la recherche de l’expédition.

Les explorateurs recueillent des bribes d’information et retrouvent quelques reliques : des témoignages d’Inuits, un message écrit laissé sous un cairn, les tombes de trois jeunes marins, des campements désertés, des objets ayant appartenus aux marins…

L’expédition devient un mythe dans l’Angleterre victorienne et au Canada, et nourrit l’imagination des peintres, des poètes et des musiciens. En France, Jules Verne s’inspire du destin de John Franklin pour écrire Les Aventures du capitaine Hatteras au pôle Nord, en 1866.

Fortes des avancées de la science et en particulier de la médecine légale, les fouilles reprennent dans les années 1980. De nouveaux restes humains sont découverts et analysés. Des corps sont exhumés, bien conservés dans le pergélisol, et autopsiés.

Des recherches poussées sont lancées en 2008 par l’agence gouvernementale Parcs Canada pour retrouver les épaves des deux navires. Elles se basent sur l’utilisation d’un sonar ultramoderne et sur une étroite collaboration avec les Inuits.

Le 7 septembre 2014, hourra ! L’Erebus est localisé au large de l’île King William, par 11 mètres de fond. En 2016, c’est l’épave du Terror qui retrouvée, à une centaine de kilomètres de l’Erebus. Après 170 ans dans l’eau glacée, les entrailles du navire sont intactes, comme figées dans le temps.

Ces découvertes permettent d’ébaucher un scénario terrible.

Après un premier hivernage au large de l’île Beechey, les équipages s’engagent à l’été 1846 dans le détroit de Peel. Ils affrontent alors un hiver glacial et meurtrier, prisonniers des glaces au nord-ouest de l’île King William. En juin 1947, 24 marins sont morts, dont Franklin, terrassés par la pneumonie ou la tuberculose.

La centaine de survivants quitte les navires à pied le 22 avril 1848 pour chercher de l’aide, emmenés par le commandant Crozier.

Ils rejoignent l’île King William le 25 avril et se dirigent vers le sud pour atteindre un avant-poste de trappeurs canadiens, à plusieurs centaines de kilomètres de là. Mais affaiblis par une lourde intoxication au plomb, atteints pour certains par le scorbut ou le botulisme, affamés et frigorifiés, ils meurent en chemin les uns après les autres et ont probablement dû recourir au cannibalisme.

Certains ont peut-être atteint le détroit de Simpson, preuve du fameux « passage vers l’ouest » que voulait découvrir Franklin.

Le puzzle est presque complet mais des questions demeurent. La coque intacte du Terror indique que le bateau ne s'est pas brisé dans les glaces… Alors pourquoi a-t-il coulé ? Et puis, pourquoi les navires ont-il sombré si loin l'un de l’autre ? Ont-ils été désertés au même moment ? Pourquoi l’équipage n’a pas demandé d’aide aux Inuits ?

Les fouilles sous-marines des épaves continuent. Les archéologues espèrent trouver sous les sédiments des cartes ou des carnets qui permettront d’en savoir plus.

Sur terre, une équipe cartographie les lieux où les membres d’équipage ont campé et consommé leurs rations. Des généticiens analysent l’ADN des squelettes retrouvés afin d’identifier certains corps.

Quant aux Inuits, qui ont baigné dans les récits oraux transmis par leurs ancêtres, ils ont encore beaucoup à apporter aux chercheurs pour reconstituer l’histoire de l’expédition perdue.

 

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