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« Il faut des mesures d’urgence fortes pour nos trésoreries »

Le président de la chambre d’Agriculture d’Eure-et-Loir, Éric Thirouin, nous livre sa réaction après cette récolte catastrophique pour de nombreux exploitants.

« Tout le monde se focalise sur la betterave et oublie un peu le reste. En Scop*, c’est moins 25  % en moyenne pour cette récolte soit environ 60  000 euros de perdus. Nombre d’exploitations, qui ont déjà subi la catastrophe de 2016, vont se retrouver dans des situations inextricables. Au niveau local, j’ai déjà saisi la préfète, avec les syndicats majoritaires, pour qu’une cellule de crise soit mise en place. Elle devrait se réunir début septembre.

J’invite aussi l’ensemble des agriculteurs à envoyer un mail, à travers le site de la MSA, afin d’obtenir un report de leurs cotisations et éventuellement une prise en charge. Nous demandons aussi l’exonération de la TFNB, à obtenir une avance de 80  % sur les aides Pac pour avoir une bouffée d’oxygène pour nos trésoreries, et nous allons nous battre pour ouvrir un fond d’allégement des charges (Fac) le plus fort possible, qui puisse prendre en charge un maximum d’intérêts sur les emprunts souscrits par les agriculteurs. Ce sont des points usuels, habituels en cas de crise, mais indispensables à activer et il faut que les pouvoirs publics et les politiques nous y aident.

En fait, la situation est dramatique depuis 2012, qui a été la dernière bonne année. Le revenu moyen d’un exploitant en céréales et oléoprotéagineux en Eure-et-Loir est inférieur à 6  000 euros par an, depuis huit ans, c’est ça la réalité et ce n’est pas tenable. Nous travaillons en parallèle sur des mesures qu’il faut dégager à moyen terme. Il faut surtout que les revenus reviennent.

Pour ça, la Politique agricole commune doit rééquilibrer le soutien à des secteurs comme les nôtres. Il faut aussi que nous ayons un système d’assurance climatique qui soit beaucoup plus efficient que celui que nous avons aujourd’hui. Il faut ramener les seuils de déclenchement à ce que l’Europe a autorisé, c’est à dire 20  % et un taux de subvention à hauteur de 70  %.

Et redonner des perspectives de sources de revenus. Pour ça, il faut que l’on puisse valoriser la captation de carbone que l’on fait sur nos exploitations, avec un financement soit privé, soit public. Il faudrait aussi des soutiens pour développer les énergies renouvelables ou toute sortes de productions que les uns et les autres sont déjà en train d’imaginer depuis une dizaine d’années en Eure-et-Loir.

Mon cri d’alarme est vraiment aussi pour changer cette politique agricole destructrice, qui nous enlève année après année les produits phytosanitaires nous permettant de protéger nos cultures, qui nous empêche également d’accéder aux nouvelles technologies de sélection variétale, les NBT**, et qui nous met des bâtons dans les roues lorsque l’on veut créer des retenues d’eau l’hiver pour l’utiliser l’été, or face au bouleversement climatique, nous savons très bien que la maîtrise de l’irrigation est capitale.

Il nous faut donc des mesures d’urgence fortes pour nos trésoreries et en même temps un gouvernement qui nous redonne des perspectives de revenus, ce qui n’est pas du tout le cas aujourd’hui. Nous attendons du nouveau ministre, Julien Denormandie, qu’il face infléchir cette politique qui date d’une dizaine d’années en France.  »

Propos recueillis par Hervé Colin

*Système à base de céréales et oléo-protéagineux

**New breeding techniques

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