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« Il faut être vigilant à ne pas faire de surtransposition des normes européennes »

La sénatrice d’Eure-et-Loir Chantal Deseyne a ouvert une permanence à Dreux. L’occasion de rencontrer la presse pour faire le point sur les sujets d’actualité.

Pour la sénatrice Chantal Deseyne: Ce n’est pas normal que le producteur soit écrasé par le distributeur.
Pour la sénatrice Chantal Deseyne: Ce n’est pas normal que le producteur soit écrasé par le distributeur.

Horizons : Sur quels dossiers travaillez-vous actuellement au Sénat ?

Chantal Deseyne : Sur la problématique des mineurs enfermés et je fais également partie d’un groupe de travail sur l’agriculture et l’alimentation. Nous avons fait au Sénat un focus sur l’agriculture française par secteur d’activité. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il y a des régions d’élevage qui tirent leur épingle du jeu. Et il faut sortir de la caricature, on pense que l’Eure-et-Loir, terre essentiellement céréalière, réussit bien, or on connait des situations très délicates en particulier chez les jeunes générations. Et l’on constate aussi, qu’à situation égale certains s’en sortent bien et d’autres nettement moins bien. Alors il y a le problème de la formation, celui de la gestion de son exploitation, du pilotage, de la compétence... Au sujet de l’alimentation, il y a le volet bio mais c’est surtout favoriser les circuits courts. Il y a des territoires qui s’y prêtent bien, pas tous...

Et sur ce volet bio justement...

Je n’ai rien contre le bio mais ce qui me dérange un petit peu c’est que l’on fait la promotion du bio au détriment de l’agriculture conventionnelle, or les agriculteurs qui font de l’agriculture conventionnelle ne sont pas des empoisonneurs ! C’est un peu le discours qu’on entend. Regardez combien l’espérance de vie a augmenté, c’est lié aussi à notre alimentation. Faire en creux le procès de l’agriculture conventionnelle, je trouve ça dommage. En revanche, tout ce qui est développement durable, faire le tri des déchets, recycler, composter, économiser l’énergie ça me parait être du bon sens. Et je crois beaucoup qu’en ce domaine, les enfants sont les éducateurs de leurs parents.

Quelle est votre position par rapport aux accords de libre-échange que s’apprête à signer le gouvernement ?

Le gouvernement nous garantit qu’il n’y aura pas de concurrence déloyale, que les normes seront identiques. On peut tout de même se faire quelques soucis en particulier pour le secteur de la viande, les productions en Argentine ou au Brésil sont très différentes des exigences que l’on a ici. En Amérique du sud, les OGM on les utilise, chez nous c’est interdit. À conditions égales, pourquoi pas mais quand il y a distorsion comme ça, c’est un peu compliqué. Le Sénat s’est opposé à cet accord, il y a encore quelques agriculteurs élus, mais je ne fais pas trop d’illusions...

Quel est votre sentiment au sujet des décisions du gouvernement suite aux États généraux de l’alimentation ?

Pour l’instant, le projet de loi on ne l’a pas encore. On verra quel sera son projet, et là on pourra l’amender. Dans l’idéal, il faudrait tenir compte du coût de production et qu’ensuite chacun puisse dégager une marge raisonnable. Ce n’est pas normal que le producteur soit écrasé par le distributeur, c’est lui qui fait l’effort.

De quelle façon pourrait-on venir en aide aux céréaliers qui connaissent de grandes difficultés ces derniers temps ?

Particulièrement cette année, on a une parité euro dollar qui ne nous est pas trop favorable, on a une concurrence des pays de l’est qui ont une production très importante. C’est vrai aussi que les normes imposées aux céréaliers français sont plus exigeantes que dans ces pays là. Tant que l’on n’aura pas une règle commune pour livrer un produit de qualité identique, on ne pourra pas s’en sortir. Les normes environnementales sont également beaucoup plus rigides et sévères en France que dans un certain nombre d’autres pays. Je ne suis même pas sûre qu’en Pologne il y ait les mêmes exigences ou les mêmes préconisations en matière environnementale... Il faut être vigilant à ne pas faire de surtransposition des normes européennes. Nous avons abandonné l’utilisation du Glyphosate alors que ce n’est pas le cas dans d’autres pays. Il faut que les mêmes règles s’appliquent partout. Par ailleurs, j’ai posé une question écrite au ministère de l’Agriculture concernant les résidus de cuivre. On n’en parle pas du tout alors que le cuivre n’est pas sans conséquence sur la santé. Il semble qu’il ne soit pas si anodin que cela. Comme pour les bios il s’agit d’un de leurs seuls moyens d’intervention, ils l’utilisent beaucoup...

Comment voyez-vous l’avenir de l’Eure-et-Loir ?

Pour moi son avenir est dans la région Centre même s’il y a une forte attractivité de la région parisienne. Nous ne sommes pas l’Île-de-France, y compris le nord du département. On reste région Centre, qui a d’ailleurs conservé une bonne échelle.

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