Innov-agri inauguré sous la pluie par la ministre de l'Agriculture
À Outarville (Loiret), la 32e édition d’Innov-agri, qui se tient jusqu'à ce jeudi 4 septembre, a été inaugurée mardi 2 septembre par la ministre de l'Agriculture Annie Genevard dans un climat politique et météorologique instable.
À Outarville (Loiret), la 32e édition d’Innov-agri, qui se tient jusqu'à ce jeudi 4 septembre, a été inaugurée mardi 2 septembre par la ministre de l'Agriculture Annie Genevard dans un climat politique et météorologique instable.





Mardi 2 septembre, la Beauce n’avait rien d’un décor estival. Vent fort, averses répétées, ciel bas : les visiteurs d’Innov-agri ont pourtant répondu présent pour l’ouverture de la 32e édition du plus grand salon agricole européen en plein champ. Sur les 160 hectares de plaine d’Outarville (Loiret), les démonstrations de machines se sont succédé devant des allées noircies de parapluies et de capuches. Un décor qui a rappelé que l’agriculture se vit toujours au contact du terrain, quelles que soient les conditions.
Inauguration ministérielle
L’inauguration officielle s’est tenue en présence de la ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Annie Genevard, venue saluer un rendez-vous devenu incontournable. Comme le veut la tradition, la séquence a débuté par les prises de parole des organisateurs et des élus locaux.
Gérard Julien, président du groupe NGPA et organisateur du salon, a rappelé la vocation initiale de l’événement : « En créant Innov-agri à la fin des années 1990, le groupe France agricole a voulu mettre en œuvre une idée simple : c’est en voyant les innovations en action dans le champ que les agriculteurs réalisent le mieux la valorisation qu’ils peuvent en faire sur leurs exploitations ». Pour lui, le succès ne se dément pas : « Innov-agri est aujourd’hui le premier salon agricole européen en extérieur. Bien au-delà du machinisme, il concentre technologies et services dans un contexte de profonde transformation de nos métiers ».
Le maire d’Outarville, Michel Chambrin, a ensuite exprimé sa fierté d’accueillir le salon « au cœur de la grande Beauce, ce paysage unique qui s’étend à perte de vue ». Derrière l’apparente monotonie, a-t-il insisté, se cache « une richesse insoupçonnée qui continue de nourrir chaque jour des générations d’agriculteurs. Notre agriculture est économie, emploi, mais aussi culture et identité. Innov-agri rappelle que nos agriculteurs savent relever les défis grâce à leur savoir-faire et à leur esprit d’innovation ».
Des attentes fortes pour la profession
Au nom de la chambre d’Agriculture Centre-Val de Loire, son président Maxime Buizard Blondeau a livré un discours plus politique, soulignant les enjeux actuels de la loi d’orientation agricole : « Le dispositif France services agriculture ne pourra voir le jour que si les moyens financiers sont mis en place. L’architecture est bien travaillée mais les financements ne sont pas aujourd’hui au rendez-vous ».
Il a également insisté sur la nécessité d’évaluer la souveraineté alimentaire à l’échelle régionale, et non seulement nationale. « C’est une attente forte de la part des élus locaux comme de la profession. » Le jeune président n’a pas éludé les dossiers sensibles, évoquant la réintroduction encadrée de l’acétamipride pour protéger la betterave face à la jaunisse, ainsi que l’accès à l’eau : « Nous devons maintenir et développer les surfaces irriguées. Sans cela, ici comme ailleurs, nous aurons de la déprise agricole ».
Il a aussi rappelé la nécessité de soutenir l’engagement des jeunes dans la profession : « Malheureusement, ils sont de plus en plus rares. L’engagement doit avoir du sens et être utile. Les chambres d’Agriculture ont la capacité de relayer le message de l’État, mais cet accompagnement doit être financé ».
La ministre face aux défis agricoles
Prenant la parole, Annie Genevard a voulu inscrire son message dans une dynamique d’avenir : « Ce salon porte en son nom une idée que je défends ardemment : l’agriculture et l’innovation ne sont pas deux univers étrangers, mais deux réalités qui s’épousent pleinement. Trop souvent associée au passé, l’agriculture est en réalité l’un des laboratoires les plus vivants de l’expérimentation et de l’audace. Les agriculteurs sont des entrepreneurs du vivant ».
Énumérant les défis à venir (adaptation au changement climatique, rareté de la ressource en eau, risques sanitaires émergents), la ministre a insisté sur le rôle des technologies : « Elles permettent de conjuguer production et respect de l’environnement. Produire davantage pour solder notre dette alimentaire et produire autrement pour solder notre dette climatique ».
La ministre s'est attardée sur des exemples très concrets, comme l’usage des drones pour l’agriculture de précision, avant de mettre en avant l’écosystème numérique agricole. « La Ferme digitale et la French AgriTech ont permis de structurer un tissu de start-up reconnu au-delà de nos frontières. La France est aujourd’hui le premier pays de l’Union européenne pour les levées de fonds en agritech et foodtech, et le sixième mondial. » Un motif de fierté, mais aussi une alerte : « Cette place reste fragile. Si nous voulons rester dans la course, nous devons renforcer nos atouts et conquérir de nouveaux marchés ».
Une visite au pas des allées
Après les discours, la ministre a parcouru les allées du salon, multipliant les échanges avec les syndicats, semenciers, constructeurs présents… Malgré la météo capricieuse, les démonstrations en plein champ se sont poursuivies, confirmant le caractère unique de ce rendez-vous en Europe.
À Outarville, la 32e édition d’Innov-agri a montré que l’agriculture, même confrontée aux incertitudes politiques et climatiques, reste en première ligne de l’innovation. François Jétur
Notre reportage vidéo arrivera sous peu, nous vous invitons à revenir ici dans quelques instants...
Voir aussi La FNSEA 45 au cœur des échanges ministériels à Innov-agri