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« Je crains fortement le non-renouvellement des générations à venir »

Philippe Heusèle, agriculteur à Chauconin-Neufmontiers (Seine-et-Marne), est président de la Coopération Agricole Île-de-France et secrétaire général de l’AGPB (Association générale des producteurs de blé).

« Il y a urgence à venir en aide aux agriculteurs. Les moissons d’été ont été très décevantes, très hétérogènes, et les récoltes d’automne à venir s’annoncent tout aussi décevantes. Bon nombre d’entre eux connaissent des problèmes économiques qui vont s’accroître si rien n’est fait rapidement.

Leur désarroi est d’autant plus grand qu’ils ont des moyens de production de plus en plus limités : hier les néonicotinoïdes  ; en janvier prochain, l’entrée en vigueur de la séparation du conseil et de la vente qui va compliquer inutilement la situation… Le tout lors d’une Pac en préparation. Il va sans dire qu’en l’état actuel je crains fortement le non-renouvellement des générations à venir, y compris en grandes cultures, majoritaires en Île-de-France.

À l’AGPB, par la voix d’Éric Thirouin, nous avons demandé au ministre de l’Agriculture, le 5 août, un plan d’urgence pour les céréaliers et que l’agriculture soit incluse dans le plan de relance de l’économie post-Covid qu’Emmanuel Macron présentera d’ici quelques jours. Des mesures concrètes et rapides doivent être prises pour soulager les trésoreries (avancée des aides Pac, exonération de la TFNB, etc.).

Mais au-delà de ce plan d’urgence, nous avons aussi besoin d’une politique de long terme car l’agriculture s’accorde mal avec des décisions de rupture — comme nous l’avons vu avec l’arrêt des néonicotinoïdes sans solution technique de remplacement —, et si nous sommes en phase avec la nécessaire évolution de notre agriculture, il nous faut plus de sécurité dans la prise de risque de nos agriculteurs.

Nous souhaitons par exemple que le règlement européen dit ’’Omnibus’’ s’applique. Il permet d’abaisser le seuil de déclenchement de l’assurance récolte climatique dès 20  % de pertes de rendement (au lieu de 30  % actuellement). Cette assurance serait ainsi plus efficiente et accessible à un nombre plus important d’agriculteurs.

Nous préconisons également que la Pac en préparation soit rééquilibrée sur ses deux pieds, avec un premier pilier des aides directes fort pour maintenir la compétitivité de nos exploitations par rapport à celles de nos voisins européens qui perçoivent davantage, ce qui entraîne des distorsions de concurrence, et un second pilier, plus régional, qui mette l’accent sur les aides à l’investissement et à l’innovation, notamment en productions végétales, et permette à nos métiers de rester attractifs et à nos entreprises de remplir plus sereinement trois missions majeures  : produire une alimentation de qualité et accessible à tous, rester un atout pour notre balance commerciale, et contribuer pleinement à une économie décarbonée. »

Propos recueillis par Laurence Augereau

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