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« Je m’apprête à calculer à quel moment il me faudra mettre la clé sous la porte »

À Haravilliers (Val-d’Oise), la famille Ferry élève des vaches laitières depuis sept générations. Mais la crise pourrait bien avoir raison de ce patrimoine agricole.

Haravilliers (Val-d’Oise), le 14 mars. Éleveuse de vaches laitières, Pascale Ferry espère que son exploitation sortira la tête de l’eau pour que ses dernières-nées deviennent un jour des vaches laitières.
Haravilliers (Val-d’Oise), le 14 mars. Éleveuse de vaches laitières, Pascale Ferry espère que son exploitation sortira la tête de l’eau pour que ses dernières-nées deviennent un jour des vaches laitières.

C’est un patrimoine précieux. Un joyau de l’agriculture francilienne qui se transmet depuis sept générations.

À Haravilliers (Val-d’Oise), au cœur du village, la famille Ferry produit du lait — pas loin d’un million de litres par an — mais aujourd’hui, la ferme est en danger.

La crise laitière aidant, celle qui est à la tête de l’exploitation, Pascale Ferry, ne sait pas si elle pourra tenir la barre encore très longtemps. 

« Nous avions déjà connu une petite crise en 2009 », se souvient l’éleveuse : « Nous l’avions surmontée sans trop de difficulté mais celle-ci, elle est arrivée avec une violence et une rapidité que je n’avais pas imaginées. »

Avec une émotion non feinte, Pascale Ferry raconte, au milieu de sa centaine de vaches, les mois difficiles qu’elle vit depuis l’été 2015. « Nous sommes face à un marché mondial qui s’est écroulé », se désole-t-elle : « La bourse asiatique est dans le rouge, les Chinois n’achètent plus de poudre de lait et les prix sont au plus bas. On m’achète mon litre de lait 0,28 centimes d’euros alors qu’il me coûte 0,32 centimes à produire. Je perds plus de quarante mille euros par an et les perspectives d’amélioration sont très lointaines puisqu’on parle d’un éventuel rebond d’ici à un an et demi ! »

Pascale Ferry se demande si elle tiendra jusque-là, d’autant que la nouvelle Pac l’a, elle aussi, mise dans le rouge et que les annonces d’aides pour les éleveurs n’ont pas été suivies de faits. « Les comptes sont en négatif depuis plusieurs mois, je ne tire presque plus de salaire de mon activité et je m’apprête à calculer à quel moment il faudra mettre la clé sous la porte. »

Une situation qui mine l’éleveuse : « Je suis au bord du burn-out. Cette ferme est dans ma famille depuis sept générations. Si je la mets dans le mur, j’aurai du mal à m’en remettre. Ce sera un renoncement difficile à accepter car être éleveur, ce n’est pas qu’un métier. » 

Dans le même temps, le caractère optimiste de Pascale Ferry l’incite à jeter ses dernières forces dans la bataille pour faire naître un projet ambitieux, celui d’installer un méthaniseur sur sa ferme pour valoriser notamment ses effluents d’élevage.

Un projet à plus d’un million d’euros. « J’ai l’impression d’être totalement schizophrène », parvient-elle à sourire : « En fait, j’étudie toutes les pistes possibles. » Pascale Ferry travaille depuis 2003 sur ce projet qui pourrait lui permettre d’avoir une vision à long terme de son activité. 

« Le contrat avec EDF me donnerait une visibilité sur quinze ans », confirme-t-elle : « Cela donnerait un nouveau souffle à mon exploitation. »

Après plus de dix ans d’études et des dizaines de dossiers remplis, l’éleveuse attend le feu vert des Bâtiments de France avant d’aller convaincre sa banque. « C’est une dernière chance de pouvoir m’en sortir car je n’attends plus rien de l’État. Ou si, peut-être de l’honnêteté et de la franchise. Si nous, les producteurs laitiers, sommes condamnés à disparaître pour que le lait en brique soit importé d’autres pays, qu’on nous le dise tout de suite. »

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