La chambre d'Agriculture régionale présente la silphie
Le programme Herbe et fourrages et la chambre régionale d’Agriculture ont organisé, le 5 juin, une demi-journée technique pour échanger autour de la silphie.
Le programme Herbe et fourrages et la chambre régionale d’Agriculture ont organisé, le 5 juin, une demi-journée technique pour échanger autour de la silphie.




Mercredi 5 juin, la chambre régionale d’Agriculture conviait les agriculteurs du Centre-Val de Loire à se réunir à la SCEA Petit, à Villemoutiers, afin d’assister à une présentation globale de la culture de silphie. L’agriculteur du jour, Benjamin Petit, a pu donner ses premières impressions sur cette culture implantée en 2020 sur son exploitation de polyculture-élevage. Il était accompagné par Thomas Rochereau, chargé de projets à la chambre d’Agriculture de Centre-Val de Loire, qui a dressé le bilan technique de la silphie sur la ferme.
La silphie à destination de la méthanisation
Avec 370 hectares de cultures et 125 vaches laitières, Benjamin et Nicolas Petit, chefs d'exploitation de la SCEA du même nom, se sont diversifiés il y a deux ans en construisant leur propre unité de méthanisation. Les deux frères valorisent depuis 60 % de leurs effluents d’élevage, auxquels s'ajoutent de la prairie, de la pulpe de betteraves, des déchets d’oignons, de la poussière de céréales et un peu de silphie.
Parmi les trois élevages du Centre-Val de Loire suivis dans ce cadre par la chambre régionale d'Agriculture, la SCEA Petit est la seule exploitation qui utilise la silphie à destination d'une unité de méthanisation. Les deux autres fermes s'en servent pour l’alimentation animale. Selon Thomas Rochereau et Benjamin Petit, les propriétés méthanogènes de la silphie sont encore aujourd'hui « difficiles à analyser ».
« Il s'agit tout de même d'une culture moins contraignante que le maïs, car nous n’avons pas besoin d'en ressemer chaque année, précise l'agriculteur. Elle nous permet aussi d'obtenir un volume plus important pour la méthanisation. En revanche, une fois ensilée, la silphie n’est pas appétente pour les animaux. Elle se transforme en un produit noir et odorant ». À l'heure actuelle, Benjamin et Nicolas Petit n'ont jamais intégré la silphie à leur alimentation animale.
Des rendements à la hausse
Implantée en 2020 en interrang avec du maïs sur près de 4 hectares, la culture de silphie de la SCEA Petit commence à atteindre de bons rendements avec 22 tonnes de matière sèche par hectare (t MS/ha) récoltées en 2023, contre environ 10 t Ms/ha en 2021 et 2022. D'après les premières estimations à la parcelle, les rendements 2024 devraient surpasser ceux obtenus l'année dernière. « Les rendements s’annoncent très bons, souligne Thomas Rochereau. La silphie fait déjà plus d’1,50 m de haut avec un rendement estimé à 15 t MS/ha. Nous serons définitivement fixés après la récolte en septembre ».
Conseils
Selon Thomas Rochereau, la silphie est une culture pérenne pouvant se produire une quinzaine d'années d'affilée, voire plus. Elle s’adapte à tous les types de sols et contextes, résistant « plutôt bien au sec et aux excès d’eau ». En termes d’itinéraire technique, il est conseillé d'éviter d'en implanter après une culture de tournesol, de colza ou de haricot pour minimiser les risques de sclérotinia. Les semis peuvent être faits au printemps, entre mai et mi-juin, puis de fin août à début septembre « à condition d’avoir quelques précipitations ». Le chargé de projets préconise un semis en pur pour éviter les concurrences à la levée, surtout la première année. Aussi, il est important de désherber la culture surtout la première année, la gestion du salissement est un point essentiel dans la réussite de la culture pour les années suivantes. La silphie n'a pas de maladies ou de parasites connus. Il est également conseillé d’avoir une fertilisation compensant les exportations, notamment en azote, potassium et calcium. En élevage, il est possible d’avoir une récolte double voire une triple lorsque les tiges sont hautes de 80 cm à 1 mètre. Enfin, son coût d’implantation oscille entre 1 500 et 2 000 euros de l’hectare.