La convention de politique agricole du Département d'Eure-et-Loir signée à la ferme expérimentale de Miermaigne
Le conseil départemental d'Eure-et-Loir a signé, le 9 octobre à Miermaigne, les conventions qui le lient à la chambre d'Agriculture. L'occasion pour son président, Christophe Le Dorven, de découvrir la ferme expérimentale.
Le conseil départemental d'Eure-et-Loir a signé, le 9 octobre à Miermaigne, les conventions qui le lient à la chambre d'Agriculture. L'occasion pour son président, Christophe Le Dorven, de découvrir la ferme expérimentale.

D'une pierre deux coups. En venant signer à Miermaigne jeudi 9 octobre les conventions qu'il signe chaque année avec la chambre d'Agriculture d'Eure-et-Loir, Aidagri et Terres d'Eure-et-Loir, le président du Département, Christophe Le Dorven, s'est saisi de cette opportunité pour découvrir la ferme expérimentale La Grande Cour des Bois. « Christelle Minard m'avait conseillé de découvrir ce site, c'était prévu au printemps dernier, j'ai dû repousser mais je suis très heureux d'être là aujourd'hui », a-t-il précisé.
Délégation départementale
Christophe Le Dorven n'est pas venu seul pour cette visite. Il était accompagné bien sûr par la députée et ex-vice-présidente du Département, Christelle Minard, par le vice-président chargé de la transition écologique, Hervé Buisson, et par les conseillers Alice Baudet (Châteaudun) et Claude Térouinard (Brou).
De son côté, la chambre d'Agriculture avait réuni sous la houlette de son président, Yohann Serreau, le responsable du service agronomie, Thierry Savoie, et quasiment toute l'équipe à l'œuvre sur le site de l'annexe de Miermaigne : l'agronome chargé de l'expérimentation, Patricia Huet, Julien Fleury (biodiversité), Sébastien Sallé (environnement), Jean-Philippe Singlas (chef de culture) et Thomas Gaujard (groupe de développement).
Après une rapide présentation de la ferme, qui appartient au Département depuis 1967 et qui offre une diversité de sols représentative du secteur, Patricia Huet résume : « Nous menons différents essais agronomiques. Ici, nous recherchons l'autonomie en produits phytosanitaires et en engrais, par la diversité des assolements, l'étalement des dates de semis et beaucoup d'observations pour ne déclencher les traitements que s'ils sont opportuns. Notre cible c'est la rentabilité, l'efficience économique, pour pouvoir proposer aux agriculteurs, demain, tout ce qui est faisable. Nous avons aussi dans ce volet agronomique la volonté de réduire notre impact sur la biodiversité ».
Découverte de la ZTHA
Après ce tour d'horizon, tout le monde se dirige à l'autre extrémité de la parcelle Les Bureaux pour découvrir la Zone tampon humide artificielle (ZTHA) que la Chambre a mise en place en 2020. C'est Sébastien Sallé qui se charge d'expliquer aux représentants du Département son fonctionnement et son utilité. L'occasion de livrer aux élus quelques données factuelles sur les transferts de nitrates et de produits dans une parcelle de ce type : « Nous recherchons 600 molécules à la sortie de ce système. On retrouve des traces de trente produits, dont beaucoup que l'on n'utilise plus depuis longtemps… Mais seulement 1 % de ce qui est épandu sur la parcelle ». Ce qui pousse Christophe Le Dorven à s'interroger sur le fait qu'aucun ministre de l'Agriculture ne soit jamais venu jusqu'ici…
Après cette petite halte instructive, retour vers les locaux de la Chambre à travers la parcelle dont le maïs venait d'être récolté : « 100 quintaux en sec », a précisé, tout sourire, Thierry Savoie.
Il s'agit ensuite de signer les conventions. Dans son discours, le président de la Chambre, Yohann Serreau, pointe : « Ici, nous combinons les solutions agronomiques, les technologies et les solutions que les écologistes appellent les solutions par la nature. Nous ne les avons pas attendus mais nous le faisons avec la science et sans dogmatisme ».
Cinq enjeux
Il souligne que la convention d'un montant de 188 000 euros porte sur cinq enjeux : l'innovation, la recherche et le développement, les circuits courts, l'aide à l'investissement et aux certifications, la communication : « Avec la formation des élus sur les sujets concernant riverains et agriculture », et la gestion quantitative de l'eau via le développement de l'outil Gest'ea. « Votre soutien nous est cher, vous ne financez pas du vent, votre aide est précieuse pour développer des choses concrètes et opérationnelles. Avec vous, nous ne sommes pas seuls. Les agriculteurs et les techniciens savent ce qu'ils vous doivent », conclut Yohann Serreau.
Les deux présidents ne sont pas seuls à signer. Le président de Terres d'Eure-et-Loir, Matthieu Bonnet, qui a annoncé qu'il y aurait de nouveau un grand marché de producteurs au château de Maintenon au printemps prochain, celui d'Aidagri, Pascal Laya, qui rappelle que les agriculteurs traversent une période complexe avec un risque d'isolement réel, et celui de Jeunes agriculteurs, Sylvain Marcuard, paraphent leurs conventions respectives (voir également ci-dessous).
« Sans agriculture, il n'y a plus de ruralité »
« Nous ne sommes pas insensibles à ce que vivent les agriculteurs, pose d'entrée Christophe Le Dorven dans son propos. Je salue le travail remarquable produit ici. À travers cette visite, nous avons vu très concrètement ce qu'est l'agriculture eurélienne, une agriculture qui avance, qui cherche, qui innove. À Miermaigne, on travaille sur l'eau, les sols, les cultures, l'énergie… Bref, sur tout ce qui conditionne l'avenir de nos exploitations. Rien n'est laissé au hasard. Chaque essai, chaque initiative, a un objectif précis, mieux produire, mieux préserver, mieux transmettre. Ce que montre Miermaigne, c'est qu'au-delà des difficultés, notre agriculture a tous les atouts pour relever les défis d'aujourd'hui et surtout ceux de demain. Mais on ne peut pas demander aux agriculteurs d'expérimenter, ce n'est pas rentable, ils doivent s'appuyer sur des fermes comme celle-ci. On ne peut pas vouloir une agriculture pérenne en la fragilisant par des normes excessives et des accords commerciaux déséquilibrés. La souveraineté alimentaire ne se décrète ni à Paris, ni à Bruxelles, mais sur nos territoires, avec ceux qui produisent, qui entretiennent et qui font vivre notre ruralité. Sans agriculture, il n'y a plus de ruralité. Au conseil départemental, nous avons la volonté d'agir là où nous sommes utiles, c’est-à-dire avec vous, par des actions concrètes, simples mais indispensables. Précisément l'objet de ces conventions ».

Si le conseil départemental signe chaque année des conventions qui constituent le socle de sa politique agricole avec la chambre d'Agriculture et les associations Aidagri et Terres d'Eure-et-Loir, comme il l'a fait le 9 octobre à Miermaigne, c'est la première fois qu'il en signe une avec Jeunes agriculteurs d'Eure-et-Loir. Certes, la collectivité territoriale a toujours apporté son soutien financier au syndicat mais toujours pour ses événements festifs. « Maintenant, c'est gravé dans le marbre, se réjouit son président Sylvain Marcuard. Nous allons travailler main dans la main. Merci pour ces subventions qui nous permettent de communiquer auprès du grand public. Mais aujourd'hui, nous rajoutons une ligne avec des visites dans des collèges. Nous avons déjà une exposition qui tourne dans les écoles, mais là, au niveau au-dessus, nous pourrons avoir des échanges un peu plus nourris. Nous allons mettre des supports à disposition des établissements et nous irons à la rencontre des collégiens pour leur expliquer ce que sont les métiers de l'agriculture et ceux de l'écosystème qui gravite autour. Il y aura aussi des visites d'exploitation et pourquoi pas faire entrer un tracteur dans un collège, pour donner aux jeunes l'envie de faire ce beau métier ».