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Marchés des produits laitiers et de la viande bovine
La demande asiatique change la donne

L’arrivée d’une classe moyenne importante dans les pays émergents, particulièrement en Chine, va accroître la demande de ces produits tandis que la hausse des coûts de l’alimentation des élevages « hors sol » les rend moins compétitifs.

© ONU/Eskinder Debebe
Des deux journées d’information organisées par l’Institut de l’élevage sur les marchés mondiaux des produits laitiers et de la viande bovine, les 22 et 23 mai, on peut tirer une première conclusion : la demande est là et va s’accroître. Tout simplement parce que le niveau de vie dans les pays en développement s’améliore. On assiste, particulièrement dans ceux dits « émergents » à la montée en puissance des classes moyennes. Ainsi, le nombre de personnes vivant avec plus de 30 dollars américains par jour à parité de pouvoir d’achat devrait atteindre plus de 2 milliards de personnes en 2030 contre la moitié de nos jours et, sur ce total, 40 % seront asiatiques. Or, comme le montre l’évolution de la consommation mondiale, ces populations sont de plus en plus demandeuses de produits laitiers et de viandes, y compris de viande bovine. Cependant, leurs pays, à l’exception de l’Inde pour les produits laitiers, ne sont pas à même d’atteindre l’autosuffisance et seront obligés d’augmenter leurs importations pour faire face à la demande. La hausse de la demande concerne aussi les céréales, dont le maïs qui, avec le soja, sert de matière première dans l’alimentation des élevages bovins. Les flambées des cours qu’elle provoque, bien qu’irrégulières, pénalisent les étables laitières « hors sol » et les grandes unités d’engraissement (feedlots) qui nourrissent leurs animaux exclusivement avec ces produits. A contrario, elles redonnent plus de sécurité et de compétitivité aux élevages qui utilisent davantage d’herbe et de fourrages. Cette nouvelle donne est une chance que doit saisir l’Union européenne dans laquelle la consommation par habitant de ces deux produits progresse peu ou même régresse comme c’est le cas pour la viande bovine.Des perspectives plus favorables pour le lait que pour la viande A vrai dire les perspectives ne sont pas tout à fait identiques selon qu’il s’agit des produits laitiers ou de la viande bovine. Pour les débouchés laitiers, les études de l’Institut de l’élevage font preuve d’un certain optimisme. Les principaux fournisseurs des grands marchés asiatiques en expansion, la Chine mais aussi l’Indonésie (250 millions d’habitants) que sont l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont du mal à augmenter leur production laitière. Le premier pays souffre d’un déficit chronique en eau, le second a atteint les limites de l’intensification herbagère et se trouve confronté à de graves problèmes de pollution. L’Union européenne devrait pouvoir augmenter ses parts dans ces marchés porteurs même si elle doit s’attendre à y rencontrer une vive concurrence des Etats-Unis. Par ailleurs, la filière laitière européenne est relativement satisfaite de l’accord de libre échange signé avec le Canada ; il est vrai qu’elle ne craint pas les exportations du Canada, ce pays limitant par des quotas sa production à ses besoins intérieurs. De plus l’Union y a obtenu la protection de 145 appellations laitières européennes et espère bien y améliorer ses ventes de fromages. La contrepartie est l’ouverture d’un contingent d’importations à droit nul de 65 000 tonnes en équivalant carcasse (tec) de viande bovine qui irrite la filière. Celle-ci estime que l’Union européenne a fait là une imprudente concession qui risque d’encourager les pays candidats à exporter sur son marché, les Etats-Unis et les pays du Mercosur en particulier. Elle estime que, mis bout à bout, les contingents d’importations sans droit pourraient atteindre 300 000 tec. Tout autant que le volume, c’est la qualité des produits concernés qui inquiète les responsables de la filière de la viande bovine. Il s’agit de produits de haute qualité, un segment de marché étroit (entre 450 000 et 750 000 tec) mais qui influence fortement l’ensemble du marché et pour lesquels les producteurs européens ne sont pas compétitifs. Ainsi, des aloyaux importés arrivent déjà dans l’Union deux fois moins chers que le prix intérieur. Pour s’aligner, il faudrait baisser de 15 à 20 % le prix payé à l’éleveur pour sa bête. Plus généralement, la filière craint que l’Union ait décidé, sciemment, de faire de la viande bovine une monnaie d’échange dans les négociations commerciales bilatérales, quitte à l’affaiblir durablement. Ils sont, cependant, bien décidés à ne pas baisser les bras et de profiter de toutes les opportunités se présentant sur les marchés mondiaux. A l’image des Britanniques qui ont réussi à se placer avantageusement sur un secteur jusque là méprisé mais en pleine expansion : celui des bas quartiers.
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