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La filière betterave rouge poursuit sa structuration

A l’occasion de l’Assemblée Générale de l’ADIB (l’Association Interprofessionnelle de la Betterave Rouge du Loiret) qui s’est tenue le 3 mars dernier, rencontre avec son Président, Frédéric Grandjean, afin de dresser les grands enjeux de sa filière.

Fréderic Grandjean, Président ADIB.
Fréderic Grandjean, Président ADIB.
© ADIB

LAR : Quelles sont les conséquences des aléas climatiques sur la campagne 2016 ?

Frédéric Grandjean : Les précipitations d’une ampleur spectaculaire fin mai début juin, ont fortement pénalisé nos rendements, avec une grande hétérogénéité des résultats. Pour les betteraves primeurs : les retards de récolte ont été de l’ordre de 3 à 6 semaines, avec des rendements de l’ordre de 25 à 30 tonnes. Pour les betteraves d’été et de conservation, aucun semis n’a pu être réalisé entre fin mai et mi-juin et même fin-juin pour beaucoup de parcelles. Pour les semis de mai, seules les parcelles assainies rapidement et ayant pu être désherbées avant les pluies atteignent leur objectif de rendement. Pour les semis de juillet, la belle arrière-saison a limité les pertes, les betteraves ayant pu grossir jusqu’en octobre, mais avec tout de même un potentiel moindre qu’avec un semis normal de mai. Fort heureusement, les conditions de récolte ont été bonnes.

LAR : L’ADIB fête ses 20 ans. Quel regard portez-vous sur votre filière ?

F.G : En effet, c’est en 1996 que la filière s’est organisée et que l’ADIB a été créée de la volonté conjointe des producteurs et des transformateurs du Loiret. Permettez-moi à ce titre de saluer la mémoire de Xavier Beulin, Président de la Chambre d’Agriculture du Loiret à l’époque, qui a joué un rôle majeur en initiant la démarche. En 20 ans, la filière locale a perdu près de la moitié de ses producteurs, tout en maintenant globalement ses surfaces, avec près de 1 000 hectares. La betterave nécessite en effet de la technicité pour la production et le stockage et quelques investissements spécifiques, pour les semis et la récolte. Dans le même temps, les volumes transformés par les cuiseurs n’ont cessé de progresser, synonyme de leur dynamisme. Nous nous en félicitons, toutes les filières ne peuvent pas faire le même constat. Aujourd’hui, la filière continue de rechercher de nouveaux producteurs pour assurer son développement, et tout particulièrement en Bio, pour lequel la région enregistre en réel déficit de production. La filière est organisée et prête à accompagner ses nouveaux producteurs au niveau technique.

LAR : Le « stockage » était le thème principal de votre Assemblée Générale cette année. Pourquoi ce choix ?

F.G : Pour être en mesure d’approvisionner nos usines toute l’année, nous sommes amené à stocker de la betterave récoltée en octobre jusqu’à fin mai de l’année suivante, avec des connaissances bien souvent empiriques. Nous cherchons ainsi à évaluer scientifiquement les facteurs influençant la qualité du stockage, afin d’évaluer l’aptitude à la conservation d’un lot. A titre d’exemple, nous étudions la notion de maturité, l’aspect « pathogènes », la détermination d’un niveau de choc critique. Nous essayons de nous inspirer des travaux engagés depuis de nombreuses années par la filière «endive», ce qui explique que Laurent Cassant, ingénieur à l’AOP Endives de France était notre invité cette année.

LAR : Vous évoquiez la technicité de la culture. Quelles sont vos autres problématiques ?

F.G : Je citerais prioritairement la problématique variétale et la protection phytosanitaire. Concernant le matériel végétal, nous avons parcouru un chemin important en 20 ans : nous sommes co-obtenteur de variétés tolérantes à la rhizomanie avec Vilmorin, nous avons établi un partenariat étroit avec l’autre semencier de référence qu’est Bejo, et nous multiplions les échanges avec les autres semenciers qui ont un programme sur la betterave comme Sakata et Rijk Zwaan.  Les producteurs expriment une forte attente de disposer d’un panel variétal à fort potentiel. Il y a encore très peu de nouveautés, mais la volonté est là et les semenciers y travaillent, c’est encourageant. Par ailleurs, comme toutes les filières végétales, l’ADIB s’efforce à ce que ses producteurs disposent de solutions de protection de la culture. C’est un travail essentiel de filière que l’ADIB prend très au sérieux. En effet, nos surfaces nationales sont modestes et si nous ne défendons pas nous-même nos intérêts auprès des firmes et des Pouvoirs Publics, les impasses techniques vont se multiplier.

LAR : C’est pour ces raisons que vous avez développé un partenariat avec l’UNILET ?

F.G : Tout à fait, nous venons d’établir un partenariat pluriannuel avec l’UNILET, qui est l’interprofession nationale de référence des légumes transformés. Nous souhaitons agréger autour de l’ADIB toutes les compétences disponibles pour répondre à nos problématiques. L’ADIB adhère par ailleurs à compter de cette année à l’ANIFELT, l’Association Nationale Interprofessionnelle des Fruits et Légumes Transformés. L’ADIB devient ainsi la structure nationale de référence de la betterave potagère. Nous souhaitons notamment y gagner en visibilité pour rassembler la production nationale.

LAR : L’ADIB a-t-elle l’ambition de fédérer l’ensemble des producteurs français ?

FG : L’ADIB a été créée dans le Loiret pour la filière Loiret, car la filière est concentrée localement. Nous avons décidé d’ouvrir désormais notre organisation à tous les producteurs français de betteraves rouges et cela fonctionne. En effet, de nombreux producteurs des grandes zones de production française que sont le Nord/Picardie, la Normandie et le Sud de la France sont en train de nous rejoindre. Ils répondent ainsi à l’isolement, notamment technique, qu’ils ressentent dans leurs régions respectives. C’est rassemblés que nous pourrons défendre nos intérêts auprès des firmes et des Pouvoirs Publics, et dégager les moyens financiers à la hauteur de nos ambitions.

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