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La situation des filières face aux fortes pluviométries

Les pluies incessantes de ces derniers mois ont fortement impacté les travaux culturaux des agriculteurs. Alors que le Loiret connaît quelques jours d'éclaircies, la chambre d'Agriculture fait le point filière par filière.

© A.B. / Horizons

Depuis le mois d'octobre, le Loiret fait face à une pluviométrie prolongée, soit une augmentation de 21 %* de précipitations par rapport à la moyenne départementale sur l’automne, et entre + 25 à 45 % depuis le printemps. Au total, 65 jours de pluie ont été enregistrés. De fait, sur ces trois derniers mois, le département a connu une diminution allant de 10 à 30 % d’ensoleillement.

Hétérogène sur le département, cette pluviométrie entraîne, en plus d'un excès d'eau, l’impossibilité d’intervention mécanique dans les parcelles agricoles de certains secteurs.

Face à cette situation, la chambre d'Agriculture du Loiret a déterminé que la majorité des filières du département était perturbée.

Fourrages et ruminants

Bien que cette pluviométrie favorise de manière exceptionnelle la pousse d’herbe sur les sols sablo-limoneux, elle freine la croissance en sols hydromorphes sur graminées épiées. Pour les surfaces fourragères, la météo complique fortement la récolte voire le pâturage.

Certains éleveurs continuent d’affourager les animaux maintenus en bâtiment. Le retard des semis de maïs ensilage inquiète principalement la filière laitière.

Horticulture

La météo entraîne une baisse des ventes de plants et de fleurs, rappelant la situation connue en 2020 avec un risque de destruction de la production et des pertes importantes de chiffre d’affaires.

Viticulture

La filière viticole connaît une pression maladie et ravageurs qui risque de pénaliser la production.

Céréales

La pluviométrie excédentaire et prolongée sur les deux dernières périodes de semis a engendré des changements d’assolement, des retards de semis, et la non-réalisation des apports d’engrais ou traitements. La météo pourrait avoir un impact sur le remplissage et la qualité des céréales. L'inquiétude est majoritairement centrée sur le tournesol et le maïs avec des difficultés de semis sur les terres à argile lourde, les sables sur argile et les limons battants ou argileux. En revanche, le prix des intrants semble revenir à la normale (hormis en matériel) et les marchés sont dans une légère tendance haussière (autour des valeurs 2023).

Les semis et le développement des céréales en agriculture biologique sont eux aussi compliqués avec un salissement important qui risque de perdurer les prochaines années.

Maraîchage

La filière maraîchère enregistre un retard dans l’ensemble de ses cultures avec certaines productions très pénalisées comme le radis, les tomates et les pois. À l'heure actuelle, une très forte pression maladies cryptogamiques est constatée. Elles pourraient limiter le volume de production.

Apiculture

En apiculture, les conditions climatiques sont jugées « catastrophiques » avec pas ou peu de miel de printemps et très peu de miel d’acacia.

Arboriculture

Enfin, la filière arboricole est confrontée à des problématiques de fécondation, de nouaison et actuellement d’éclatement de cerises.

Toujours selon la chambre d'Agriculture du Loiret, les secteurs les plus impactés par ces pluies sont ceux de Lorris-Ladon, Giennois-Sologne, Gâtinais et plus généralement les exploitations sur argile lourde, sable sur argile et limons battants.

Un nouveau point de situation sera effectué à partir du 20 juin ainsi qu’en septembre, après les moissons.

*Tous les chiffres et données mentionnés dans cet article ont été délivrés par la chambre d'Agriculture du Loiret.


Témoignage de Thierry et Béatrice Bassin

Semis annulés, semis repoussés et animaux enfermés

À Vieilles-Maisons-sur-Joudry, sur leur exploitation en polyculture-élevage avec un atelier avicole, Thierry et Béatrice Bassin n'ont pas pu semer de triticale et de blé destinés à leur troupeau de vaches allaitantes. À l'heure actuelle, une partie de leur cheptel n'est pas encore sortie des bâtiments pour pâturer.

Pour nourrir leurs vaches allaitantes, le couple Bassin possède une trentaine d'hectares de cultures. Et comme beaucoup d'éleveurs du secteur de Lorris, les semis ne se sont pas passés comme prévu. « À cause des pluies incessantes depuis l'automne, les triticales et le blé n'ont pas pu être semés, déplore Thierry Bassin, installé sur sa ferme depuis 1996. Quant au maïs, il n'est pas encore implanté. Pourtant, il représente une sécurité pour l'alimentation de nos animaux si nous n'avons pas assez de foin ou si l'année est sèche ».

 

Puiser dans ses stocks

Malgré cette situation tendue, les deux agriculteurs ne sèmeront pas une grande surface de maïs. « Nous devons prioriser, poursuit Béatrice Bassin. Avec ce retard, nous ne pouvons pas nous concentrer exclusivement sur le maïs. Nous avons d'abord deux poulaillers à vider, et du foin à enrubanner ». Cette année, les époux Bassin n'implanteront que 4 hectares maximum de maïs contre une dizaine habituellement. Pour nourrir leurs animaux, ils devront se servir dans leur stock de triticale. D'autre part, le blé n'ayant pas pu être semé, le couple devra acheter plus de paille cette année, représentant une charge supplémentaire pour l'exploitation.

 

Gestion de l'herbe

Enfin, ces épisodes importants de pluie ont inondé les sols argilo-sableux de la ferme. Environ la moitié des 200 bovins présents n'a pas encore pu sortir. « À cause de l'eau dans les parcelles, nous n'avons pas pu récolter l'herbe dans de bonnes conditions, explique Thierry Bassin. Nous ne pourrons pas la récolter au stade optimal de sa qualité nutritive. En attendant, nos animaux ne peuvent pas pâturer au risque de gâcher l'herbe, en l'écrasant dans la boue ».

En dépit de ce contexte et d'un ensilage « catastrophique », Thierry et Béatrice Bassin restent optimistes, considérant qu'ils ne sont pas les plus à plaindre.

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