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La vérité sur le prix du lait

La table ronde laitière, qui s’est tenue il y a plus d’un mois sous la présidence du ministre Stéphane Le Foll, a permis aux différents membres de la filière, à la demande de la FNPL, de s’engager pour une revalorisation du prix du lait payé aux producteurs. Qu’en est-il aujourd’hui ?

La délégation du Loiret menée par Bruno Verkest à gauche de l’image.
La délégation du Loiret menée par Bruno Verkest à gauche de l’image.
© FRSEA Centre-Val de Loire

La table ronde laitière du 24 juillet dernier a bel et bien abouti à plusieurs engagements de la part de la distribution et de la transformation. La FRSEA Centre Val de Loire avait ensuite convoqué l’ensemble des laiteries qui collectent en région pour s’assurer de leur engagement à revaloriser le prix du lait aux producteurs dès le mois d’août.

Deux questions se posent. La distribution a-t-elle joué le jeu ? Les laiteries ont-elles réellement répercuté les tarifs négociés, aux producteurs ?

Jean-Luc Debray, président de la section laitière de l’Eure-et-Loir, explique : «Nos marges ne sont plus là. Depuis le mois d’août, nous nous mobilisons pour montrer la détresse des éleveurs laitiers. Certaines laiteries ont joué le jeu en payant le lait à 340 €/1000 L minimum sur août et se sont engagées sur septembre, comme Saint Denis de l’Hôtel et Triballat Rians par exemple. Mais on constate que les grands faiseurs qui devraient montrer l’exemple font tout pour passer entre les mailles du filet alors que nous nous enfonçons dans la crise. Pour ne pas les citer, Lactalis, Savencia (Bongrain) et Laïta. Si on regarde Sodiaal, on voit qu’ils n’ont fait qu’un demi-effort puisque déjà sur septembre ils ne tiennent plus leur engagement.»

Où sont passés les euros lâchés par la distribution à la transformation laitière ?

La FNPL (Fédération Nationale des Producteurs de Lait) poursuit son action « vérité sur les prix » le 10 septembre. Au programme : s’inviter dans les entreprises qui ne respectent pas l’objectif de revalorisation du prix du lait. Dans le même temps, la FNPL a rencontré la GMS pour chiffrer les engagements qu’ils ont pris et faire ensuite la comparaison avec ce que redonnent les laiteries.

«C’est un travail de fond que nous avons engagé depuis longtemps à la FNPL » précise Bruno Verkest. « Il faut retravailler sur nos contrats. Nous devons pouvoir ouvrir le débat, quand cela est nécessaire, sur l’évolution du prix du lait, sur la base d’un indicateur de marges ; les marges dégagées ou non sur nos exploitations.»

La GMS a assuré avoir tenu ses engagements. Cela représente une enveloppe d’environ 325 millions d’euros qui sont arrivés dans les comptabilités des laiteries. Cela correspond donc à un retour au producteur d’environ 3 à 4 €/1000L en plus sur l’année selon l’entreprise à laquelle on livre.

«Nous en avons assez. Nous ne voulons pas pointer les laiteries mais quand on voit l’augmentation des bénéfices de certaines sur les 6 premiers mois de l’année par rapport à l’an passé, ça nous laisse perplexe» précise Brigitte Sibout, section laitière du Cher. Bel + 98 % de résultat net, Savencia + 94 %,… (source sites officiels de ces entreprises)

Un objectif de 320 euros sur l’année atteignable ?

Si on reprend les valeurs données par la GMS, on estime que toutes les laiteries sont en capacité de payer 340 €/1000L jusqu’à la fin de l’année. Ce n’est pas satisfaisant mais c’est un prix qu’on peut atteindre. C’est aux organisations de producteurs de défendre ce prix. Bien sûr, en fonction de la saisonnalité des laiteries et du prix déjà payé sur le début de l’année, le prix du dernier trimestre ne sera pas le même par entreprise. En tout cas, les engagements pris lors de la table ronde ne doivent pas profiter aux entreprises. Il est hors de question que les laiteries gardent ce qu’elles auront regagné grâce à nos actions et notre mobilisation. Il y en a assez des hold-up des producteurs de lait. La FNPL a demandé au ministre de l’Agriculture une nouvelle table ronde laitière à la fin septembre pour faire un bilan de l’accord du 24 juillet. Ces chiffres seront sur la table et les éleveurs comptent bien demander ce qu’il leur revient de droit ! Pendant ce temps en région Centre Val de Loire, les éleveurs vont faire des relevés de prix et d’origine des produits ciblés, dans les supermarchés. La confiance n’exclut pas le contrôle !

Une délégation du Loiret rencontre Casino

Le Loiret a soutenu l’action de la FNPL le jeudi 10 septembre. Sous l’impulsion de Bruno Verkest, président de la section lait, une délégation d’éleveurs s’est rendue au Géant Casino d’Amilly. L’objectif de cette visite était d’inspecter les linéaires afin de vérifier la provenance des produits, d’échanger avec le directeur du magasin sur les engagements pris lors de la table ronde et de se renseigner auprès de sa centrale d’achat et enfin de discuter sur les négociations actuelles sur le lait UHT point faible chez Casino.

Le directeur a indiqué que l’ensemble des fournisseurs et que le groupe casino se sont engagés à respecter les accords de la table ronde du 24 juillet. Pas d’éléments chiffrés ont été donné cependant par le directeur.

Rappel des engagements de la table ronde laitière du 24 juillet

Trois engagements forts de la Distribution :

1) Le maintien des tarifs appliqués aux marques nationales en février 2015 (Ce qui conforte toutes les entreprises disposant de marques, alors que l’intention de la distribution était de revenir sur ces tarifs. Le prix du lait prévisionnel était alors aux alentours de 340 euros alors que le prix du premier semestre est de 305 euros)

2) Une hausse des tarifs MDD* et 1ers prix à compter d’août 2015 (ce qui permet aux entreprises de retrouver les tarifs de 2014 sur ces produits, période où le prix du lait était de 365 euros)

3) Un approvisionnement 100% français sur le lait, la crème, le beurre et l’emmental

Et un engagement de la transformation :

• Répercuter l’intégralité de ces mesures sur le prix du lait aux producteurs

*MDD : Marque De Distributeur

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