Aller au contenu principal

"L’accompagnement quotidien des adhérents est notre priorité"

Directeur général de la coopérative agricole AgroPithiviers, Benjamin Top fait le point en ces temps d’épidémie de coronavirus.

© D.M.

Dans ce contexte de crise sanitaire majeure et de confinement, comment s’organise la société ?

Benjamin Top : Dans une logique de respect des recommandations de l’État et de protection de nos salariés, adhérents, partenaires, tous les postes qui ont pu passer en télétravail le sont depuis le début du confinement. Néanmoins, la coop continue de fonctionner. Tous les silos sont ouverts, les chauffeurs tournent et les trains livrent. Les techniciens continuent de se rendre sur le terrain, dans les champs, en veillant à bien respecter les gestes barrières. Comme toujours, nos équipes font de l’accompagnement quotidien des adhérents une priorité. La disponibilité et la réactivité de nos salariés est un point clé qui permet de consolider notre proximité, même en cette période de confinement. Après, comme tout le monde, nous attendons désespérément des masques…

Avec un peu de recul, que pensez-vous de la conjoncture actuelle et de l’état d’esprit de vos adhérents ?

Comme n’importe quels Français, les agriculteurs sont inquiets et cette situation commence à peser sur le moral. Mais il faut que nos adhérents, en particulier ceux du Loiret, n’écoutent pas les sirènes sur la hausse des marchés. Il va y avoir une récession, c’est sûr, et celle-ci va concerner l’orge de brasserie et le blé de meunerie. La légère remontée des cours du blé est liée à la contrainte logistique de chargement de bateaux qui ont été vendus en amont du confinement. D’ailleurs, les orges n’ont pas remonté et continuent même de baisser. Et le colza n’est pas remonté au niveau du début de la crise. Il est important de souligner que la fermeture des restaurants et boulangeries a un impact direct sur l’activité des meuniers. La totalité des blés haut de gamme est à l’arrêt et je vois des confrères qui sont dans l’obligation de résilier les contrats face à la baisse de la consommation. Heureusement, l’export continue de tourner puisque les contrats avaient été conclus avant la pandémie (ce blé est à destination de l’Afrique ou du Proche-Orient et servira à faire de la farine, NDLR).

Quelle est la principale problématique à laquelle vous faites face et quelles sont les solutions mises en place ?

Pour le moment, notre principale difficulté concerne la rétention faite par quelques agriculteurs pour essayer de gagner un euro de plus alors que nos clients ont déjà acheté la marchandise et la réclament aujourd’hui. Ces contrats ont été signés avant le confinement et il est nécessaire de les respecter dans l’intérêt de tous sur le long terme. C’est donc à chacun de veiller au respect de ses engagements et de faire en sorte que les trains pour l’export partent pleins. Cela ne concerne heureusement qu’une tranche faible des agriculteurs. Mais aujourd’hui, à notre échelle, nous avons encore 15 % de blé tendre qui est toujours stocké sur les fermes et donc qui n’est pas livré et encore moins vendu par les agriculteurs. En sachant que chaque mois de l’année représente environ 8 %, ces 15 % comptent comme deux mois. C’est exactement ce qui nous manque pour livrer les clients en mai et en juin… Afin d’inciter les céréaliers à nous livrer dès maintenant, la coopérative s’engage depuis le 1er avril à donner la prime de stockage maximum.

Voyez-vous tout de même un point positif à cette crise ?

Il n’y a pas vraiment de point positif, si ce n’est que les entreprises agricoles, dont l’activité est jugée de première nécessité, sont autorisées à tourner normalement. Et le secteur céréalier est pour le moment le moins impacté. Tant que les agriculteurs livrent, nous n’avons pas vraiment d’inquiétudes. Mais il ne faudrait pas que la filière blé tendre subisse les mêmes conséquences que la filière blé dur où les industriels demandent le concours de l’État pour approvisionner les usines ! ­AgroPithiviers a également eu beaucoup de chance cette année lorsque l’on a décidé de privilégier le train au détriment du camion. En effet, à ce jour, les trois quarts de nos livraisons se font en train. Nous avons donc un train qui part chaque jour contre trente camions habituellement. Au vu des difficultés que rencontrent les transporteurs et de la baisse du nombre de camions sur les routes pendant ce confinement, c’est certain que nous aurions eu du mal à faire partir les 1 500 tonnes journalières en camions.

Propos recueillis par Doriane Mantez

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Horizons

Les plus lus

Samedi 12 avril, à Louvres (Val-d'Oise). Plusieurs quads ont circulé sur une parcelle de betteraves semées moins de trois semaines avant.
Le Val-d'Oise œuvre face à la délinquance routière dans les parcelles agricoles
Avec le retour du beau temps, les agriculteurs doivent faire face aux nombreux passages non autorisés de véhicules, notamment des…
Flavie Delattre cultive des asperges sur son exploitation à Férolles.
Flavie Delattre cultive l’asperge et le lien humain
Issue du secteur médico-social, Flavie Delattre a repris la ferme familiale loirétaine il y a cinq ans. Elle y a implanté une…
Réélection du président de la chambre d’Agriculture de Loir-et-Cher : "stop à l’ingérence"
La FNSEA 41 et JA 41 appellent à l’apaisement et à l’unité avant la nouvelle élection du président de la chambre d’Agriculture de…
Mercredi 9 avril, à Tremblay-les-Villages. Être en photo sur les bouteilles d'huile Lesieur Fleur de colza n'a pas changé la vie de Pierre Pelletier même s'il tire une certaine fierté de son engagement dans cette démarche.
Pierre Pelletier sur les bouteilles Fleur de colza
La photographie de Pierre Pelletier, exploitant à Chêne-Chenu (Eure-et-Loir), figure sur les bouteilles d'huile de colza Lesieur…
Prunay-sur-Essonne (Essonne), mardi 15 avril. Dirigée par Delphin Pallu, l'entreprise SN Gatichanvre a réalisé une belle année 2024.
Après une année 2024 réussie, SN Gatichanvre poursuit son développement
SN Gatichanvre a réalisé une belle année 2024. L'entreprise basée à Prunay-sur-Essonne se développe avec l'achat de nouvelles…
Jeudi 10 avril, à Ymeray. Le site Claas a accueilli l'assemblée générale de la FRCuma, la dernière pour son président Stéphane Dubois (à d.).
Les Cuma de la région Centre-Val de Loire se réunissent chez Claas à Ymeray
La Fédération régionale des Cuma* de Centre-Val de Loire a choisi le site Claas à Ymeray (Eure-et-Loir) pour y tenir son…
Publicité