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L'agriculture de demain se prépare à Orléans ?

Le Lions Club Orléans Université a tenu sa 8e conférence-débat, mercredi 18 avril, à la CCI du Loiret.

© Sabrina Beaudoin

Mercredi 18 avril, le Lions Club Orléans Université a investi les locaux de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI), place du Martroi à Orléans. Plus de 250 personnes ont assisté à cette 8e conférence-débat qui portait sur l’agriculture de demain.Depuis mars 2011, le Lions Club d’Orléans organise une conférence-débat sur un sujet de société. Cette année l’agriculture a été choisie. Philippe Bel, du Lions Club Orléans Université, a ouvert cette conférence-débat en rendant hommage à Xavier Beulin. « Tu inspirais nos ambitions. Ta mémoire nous oblige à poursuivre ce chemin » avoue-t-il en remerciant la femme de Xavier Beulin de sa présence.

Orléans Métropole couvre 22 communes, une superficie de 22433 hectares, dont 12000 qui ont été classés terres agricoles. C’est pourquoi, Orléans Métropole doit avoir sa part dans l’innovation agro-alimentaire. « Nous avons imaginé construire un campus, entouré d’experts. D’ici quelque mois, sur l’Orléanais nous aurons des bases d’expérimentation dans les serres, des équipes qui vont travailler sur l’évolution du numérique notamment sur les grandes cultures. C’est une vraie révolution qui va améliorer les conditions de vie et de travail des agriculteurs » précise Olivier Carré, maire président d’Orléans Métropole dans une vidéo introductive enregistrée à Yangzhou en Chine.

En effet, toutes les agricultures, (grandes cultures, maraîchage, élevage…) sont présentes au sein de la métropole orléanaise. C’est la raison pour laquelle Orléans s’est investie dans l’innovation avec la création de la vallée numérique du végétale et la construction d’un laboratoire sur le campus qui portera le nom de Xavier Beulin.

L'Agreentech valley, « un pôle d'excellence sur les technologies numériques pour le végétal et la transformation de l’agro-alimentaire »  a été au cœur du débat. Son président, Jean-Michel Gallier, également maraîcher à Ouzouer-les-Champs a parlé de ses tomates connectées. La tomate est le premier légume consommé en France (en moyenne 14kg/habitant/an) et le deuxième au niveau mondial après la pomme de terre. C’est un produit sur lequel il est possible de tester des techniques.  « La serre est l’outil le plus productif. Il faut compter 1 million € par hectare. 600 000€ pour la structure et 400 000€ pour les équipements intérieurs.  A coté de ça, on ajoute uniquement un ordinateur qui ne coûte que 20 000€. Cela paraît insignifiant » affirme-t-il.

Le président d’AgreenTech Valley évoque aussi le projet Majestan a été créé en juin 2016. Il vise à développer de nouveaux outils d’aide à la décision pour la culture de tomates sous serre qui permettront d’optimiser les cycles de production. Le développement de ces outils s’appuiera sur les nouvelles capacités offertes en matière de modélisation par le calcul à haute performance et le big data. L’objectif de 2018 est d’avoir deux prototypes dont un basé à Orléans. « Un bon maraîcher est capable de produire 10 à 15 % de production supplémentaire grâce à l’anticipation et au numérique, via toutes les données cumulées par les sondes. On sera alors capable de travailler la plante au maximum de son optimum » poursuit-il. « L’intérêt c’est d’avoir plus de temps à consacrer sur la gestion de l’exploitation et moins de temps sur la gestion du climat qui représente 30 à 40% du temps de l’exploitant » assure-t-il.

Notons que l’AgreenTech Valley renouvelle son prix Xavier Beulin qui récompensera un jeune agriculteur porteur d’un projet innovant et qui intégrera les technologies numériques.

Avoir confiance en l’agriculteur

Rémi Dumery, invité en tant que cultivateur expérimentateur et connecté,  rappelle la défiance des consommateurs vis-à-vis des produits aujourd'hui et aimerait que l’on retrouve de la bienveillance envers l'agriculteur. Il évoque l’agriculture de conservation puis l’agriculture de précision. « Ce sont des nouveaux outils qui vont aider l’agriculteur. Il faut qu’il les apprivoise. Grace au numérique, il va pouvoir communiquer avec d’autres agriculteurs et partager sa connaissance, son expérience et pourquoi pas son matériel. Mais ces technologies font peur au consommateur. Le citoyen est paniqué par ce qu’il trouve dans son assiette, il faut le rassurer.  Aujourd’hui, le consommateur veut du produit « sans », c’est de la défiance. Il faut la transformer en confiance. Pour moi, l’agriculture du futur : c’est de l’énergie durable, une économie digitale et retrouver une confiance en l’agriculture et une bienveillance envers l’agriculteur » déclare-t-il.

Le cultivateur beauceron rappelle néanmoins que, même si l’agriculture de conservation peut être une solution, elle ne peut pas s’adapter partout. C’est une agriculture encore expérimentale très liée au sol. C’est pourquoi sur chaque exploitation, il y aura des techniques différentes en fonction de la nature du sol.

De son côté, Emmanuel Vasseneix, président délégué de Loire & OrléansEco et président de LDSH (Laiterie de Saint-Denis-de-L’hôtel) ne veut pas opposer les systèmes. Les nouvelles technologies sont une opportunité qui n’empêcheront pas de conserver le terroir, le patrimoine gastronomique et le territoire. Au contraire, cela va amener la simplification d’une certaine tâche.

«Aujourd'hui, le monde agricole va très mal, surtout l’élevage qui est dans une situation catastrophique. Pour 5 fermes qui arrêtent dans le lait dans notre région, il n’y en a qu’une seule qui repart » débute-t-il lors de son discours de présentation.

« Rien ne sera durable si les choses ne sont pas équitables »

Emmanuel Vasseneix rappelle que l’alimentation française est la plus sûre au monde, la gastronomie est la meilleure du monde et le système de traçabilité est le plus approfondi avec les japonais. LSDH s’est associée à Nicolas Chabannes en octobre 2016 pour créer la marque du consommateur : C’est qui le patron. « Le consommateur détient la clé. Il faut savoir que pour 4 € par personne et par an, nous sommes en train de détruire la filière laitière française. Avec la marque C’est qui le patron, nous avons interroger le consommateur. En fonction des réponses, il a lui même établit le prix de vente de la brique de lait. Le produit est parti comme une fusée ! Nous vendons 1 millions de litres par semaine et nous payons le production 390€/1000L. Nous avons sauvé 200 exploitations en France » avoue-t-il.  « Nous sommes une petite laiterie et 70% de notre lait est signé en contrat tripartite c’est à dire que dans les négociations, on inclut le producteur. Cela change la donne. Rien ne sera durable si les choses ne sont pas équitables. Il faut valoriser les filières alimentaires » poursuit-il.

Et les jeunes dans tout ça ?

La question des jeunes dans l’agriculture a été évoquée. Pour Gilles Mazuray, producteur de légumes et exposant sur le marché orléanais du quai du Roi s’interroge. « Dans les allées du marché, il n’y a plus de jeunes Où sont ils ? L’intérêt serait de les motiver et de les attirer vers ce métier ? »

« La motivation passe par l’attractivité du métier. Il faut être réaliste, dire à un jeune, tu vas travailler très dur, tu ne seras pas bien payé (vrai problème de rémunération), tu ne vas pas pouvoir prendre de soirées, ni de week-end… ce n’est pas très attrayant ! » assure-t-il en rappelant qu’aujourd’hui en moyenne, un foyer consacre 10% de son budget à l’alimentation. « Le problème c’est que ça ne gêne personne d’acheter un Iphone à 1300€ mais par contre payer 2 cts de plus son litre de lait c’est la fin du monde » fustige-t-il.

Maxime Buizard, président des JA du Loiret a assuré que les jeunes étaient toujours là, déterminés, motivés et confiants. « L’envie, la détermination, la motivation est là, nous avons un métier intéressant, on travaille avec du vivant, on nourrit l’homme mais notre contrainte est économique avant tout. Des filières spécialisées arrivent à s’en sortir et il faut les soutenir mais on ne peut pas réduire l’agriculture au maraîchage ou à l’horticulture, il est nécessaire d’avoir des grandes cultures, de l’élevage et aujourd’hui ce sont des domaines où on ne gagne plus sa vie correctement »

Le président des Jeunes Agriculteurs s’interroge sur cette révolution numérique en cours et espère que rien ne se fera « encore » sur le dos des agriculteurs…  « Y-a-t-il seulement des personnes de l’Inra qui cherche pour faire de la cherche appliquée sur nos exploitations. Tous les progrès liés à l’agriculture numérique ne sont pas liés à la recherche française. Nous n’avons aucune retombée sur nos exploitations de vos cherches. Où en est la recherche agricole ? » se questionne Rémi Dumery. « Et les choses que vous recherchez ne sont pas un peu contre nos productions et pour la réglementation » insiste-t-il.

Inra se justifie en précisant que les chercheurs travaillent sur l’ensemble de la France et pas forcément en Région Centre Val de Loire…  mais aucun exemple concret n’a pu être donné…

Après plus de deux heures trente de débat, Laurent Baude, vice-président d’Orléans Métropole en charge de l'agriculture périurbaine a conclu la soirée. Même si le numérique n’est pas une fin en soi, l’agriculture doit prendre ce virage. « Avec l’AgreenTech Valley, la vallée numérique du végétale, Orléans Métropole se dote d’un outil qui sera une référence nationale. Notre rôle est d’accompagner l’agriculture vers cette mutation » conclut-il.

Rappelons qu’Orléans Métropole a travaillé autour d’une charte agricole votée en 2012 avec la chambre d’agriculture du Loiret, qui comprend la création de ZAP (zone agricole protégée) un guide de la vente directe ou encore la mise en place d'une couveuse d'entreprises agricoles. L’idée est de retrouver du lien entre le monde rural et le monde urbain.

En 2018, le projet continue avec la création d’un plan végétal urbain et une réflexion sur une ferme urbaine.

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