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Environnement
L'agriculture décarbone en colloque à Châteaudun

Le campus Les Champs du possible-Village by CA et Végépolys Valley ont organisé le 14 octobre à Châteaudun une journée d'échanges sur les enjeux de la décarbonation de l'agriculture.

Le 14 octobre, à Châteaudun. La journée d'échanges sur la décarbonation agricole organisée par le campus Les Champs du possible et Végépolys Valley a été émaillée de tables rondes.
Le 14 octobre, à Châteaudun. La journée d'échanges sur la décarbonation agricole organisée par le campus Les Champs du possible et Végépolys Valley a été émaillée de tables rondes.
© H.C. - Horizons

Dans le cadre de leur partenariat, Végépolys Valley et le campus Les Champs du possible-Village by CA proposent le 14 octobre dans les locaux du campus de Nermont de Châteaudun une journée d'échanges sur le thème : l'agriculture décarbone, du discours à l'action.

Tous ensemble

Cet événement, qui a réuni devant un public nombreux experts et acteurs des filières agricoles de l'amont et de l'aval, a pu voir le jour grâce au travail de Lisa Bedetti, ingénieure stagiaire sur ce sujet. Elle précise en introduction que si beaucoup de gens décarbonent, le mieux serait de le faire tous ensemble…

« Un quart de l'empreinte carbone d'un français provient de son alimentation. Pour sa part, l'agriculture est responsable de 20 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), avec pour spécificité qu'il ne s’agit pas que de carbone mais aussi d'ammoniac, de nitrate et de méthane », pose pour commencer Céline Pobel, de l'Ademe.

Au fil de cette journée, conférences, pitchs, tables rondes et ateliers livrent des pistes pour réduire l'empreinte carbone de l'agriculture et ainsi accélérer la transition du secteur.

Ainsi par exemple, la chercheuse à l'Inrae de Dijon, Catherine Henault, parle de ses travaux qui portent sur l'amélioration de la capacité du sol à piéger le carbone : « pour éviter la transformation de nitrate en composés gazeux lors de la nitrification », explique-t-elle. Or, selon elle : « le PH a une importance capitale dans ce processus. Nous avons procédé à des essais de chaulage pour aller vers un PH 6,6 du sol et cela fonctionne ».

La responsable filières carbone d'Axéréal, Mathilde Léger, enchaîne en détaillant la démarche Cultiv Up Régénératif de la coopérative qui vise à réduire de 30 % les émissions liées à la production agricole. Celle-ci a été adoptée par 1 600 agriculteurs, sur 200 000 hectares. « L'intérêt est qu'il n'y a pas de cahier des charges strict, mais différents leviers mobilisables et que cela s'applique à l'ensemble de l'exploitation », précise-t-elle.

Une petite usine d'engrais

Après ces conférences, une série de pitchs. À commencer par celui de l'agriculteur François Vannier qui présente N-Vert, son projet en cours de miniaturisation d'une usine d'engrais à l'échelle de l'exploitation. Il permettrait de produire de l'ammonitrate via des réactions chimiques, à partir d'éléments naturels (notre article N-Vert : la révolution vers l'engrais de ferme est en marche).

« Il faut beaucoup de data pour piloter sa stratégie de décarbonation », constate ensuite la cofondatrice de la plateforme FoodPilot, Virginie Becquart. Celle-ci est utilisée par des grands groupes, des coopératives ou des interprofessions, pour la collecte de données, la mesure d'indicateurs, le pilotage des trajectoires et la publication de résultats certifiés. « Il faut piloter finement pour pouvoir réorienter ses stratégies », conseille-t-elle.

La première table ronde de la journée réunit des acteurs de l'amont des filières agricoles. Il s'agit pour eux de livrer des pistes pour aider les secteurs de la production agricole à réduire leurs émissions de carbone. « Les agriculteurs, les coopératives ont besoin d'avancer dans la décarbonation, relève Antoine Brasset (Carbone Farmers). Ces objectifs sont tirés par les besoins des industriels qui doivent présenter des résultats et sans les agriculteurs, on ne peut pas avancer ». Ceci passe par le label Bas carbone qui a pour limite aujourd'hui de ne pas financer suffisamment les efforts faits par les exploitants.

Maximiser le rendement

François Vannier intervient de nouveau, cette fois en tant qu'agriculteur pour expliquer ses pratiques. Selon lui : « pour limiter les émissions de CO2, la première des choses consiste à valoriser au mieux les engrais azotés. Lorsque l'on investit trois tonnes de CO2 par hectare, si on veut améliorer le bilan, il faut maximiser le rendement, donc valoriser au mieux les apports et optimiser tous les moyens de production, notamment par l'irrigation. Et les engrais verts, c'est le levier principal, abordable, qui permet en plus de stocker du carbone », ajoute-t-il.

Intervient ensuite le directeur de la filière lait de la Laiterie de Saint-Denis-de-l'Hôtel (LSDH), Philippe Leseur. « Lait et viande sont responsables d'une bonne part des émissions de GES, notamment par la fermentation entérique. Dès 2015, nous nous sommes intéressés au sujet en se disant qu'il fallait faire notre part, voire mieux, car ce serait dommage de se priver de ses produits plaisirs à cause du carbone ». Ainsi, un bilan carbone de chaque exploitation a été réalisé, suivi d'une formation et de la mise en place de plans d'actions. Au terme de ce travail, le bilan s'établit à 0,95 kg de CO2 par litre produit, mais l'entreprise souhaite aller plus loin et s'est fixé pour objectif d'atteindre 0,7 kg pour 2035 « et nous y arriverons. Par rapport à la filière, nous sommes en avance », note-t-il.

Le rôle d'accompagnement de la chambre d'Agriculture est décliné ensuite par l'agronome Emmanuelle Lherbette. Celui-ci se fait essentiellement par les Groupes de développement agricole (GDA) : « Nous utilisons les exemples des agriculteurs qui ont mis des choses en place, agriculture régénérative, agriculture de conservation. Ça à plus d'impact quand cela passe d'agriculteur à agriculteur ».

Au final, comme le souligne Bernard Labit (Cardioz), le levier financier est crucial pour accélérer la transition : « La valorisation des crédits carbone pourrait augmenter, l'écobénéfice pourrait s'y ajouter pour qu'un maximum de valeur revienne à l'agriculteur. Il y a des perspectives intéressantes mais aujourd'hui encore nébuleuses ».

Après les interventions des énergéticiens, la suite de cette journée d'échanges sera consacrée après le déjeuner, aux filières de l'aval.

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