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L'avenir de l'agriculture francilienne par Serge Zaka

Lors de leur assemblée générale, les Jeunes agriculteurs de Seine-et-Marne avaient invité le docteur en agroclimatologie Serge Zaka. Il est venu livrer ses observations sur l'évolution du climat et les impacts sur l'activité agricole francilienne.

À Nemours (Seine-et-Marne), le 16 février. Le docteur en agroclimatologie Serge Zaka a donné une conférence lors de l'assemblée générale des JA de Seine-et-Marne.
À Nemours (Seine-et-Marne), le 16 février. Le docteur en agroclimatologie Serge Zaka a donné une conférence lors de l'assemblée générale des JA de Seine-et-Marne.
© M.G./Horizons

À quoi ressemblera le paysage agricole d'ici une ou deux décennies ? L'évolution du climat bouleversera-t-elle les pratiques culturales, voire les assolements ? Et dans quelle mesure ? Pour répondre à ces interrogations, les Jeunes agriculteurs de Seine-et-Marne avaient convié le docteur en agroclimatologie Serge Zaka à l'occasion de leur assemblée générale le 16 février à Nemours (notre édition du 23 février).

« L'orge d'hiver, le blé tendre et le colza connaissent encore des hausses de rendement sur votre territoire car ce sont des cultures d'hiver. Toutes les autres cultures voient leur rendement chuter au fil des années. Dans le Sud de la France, des baisses de rendement sont observées pour toutes les cultures. » C'est ainsi que Serge Zaka a planté le décor de son intervention. « Le réchauffement climatique est observé et indéniable. L'année 2022 que nous avons connue sera une année normale en 2050. » Et l'ingénieur agronome, originaire de Toulouse, de poursuivre : « Au printemps 2023, nous avons vécu une importante période de sécheresse, la plus longue jamais observée. Quarante-deux jours sans pluie. Malgré ces épisodes secs de plus en plus fréquents, on ne peut pas conclure à des précipitations qui se raréfient. La répartition dans l'année est simplement en train d'évoluer. En hiver, il y aura plus de pluie et en été plus de périodes sèches ».

« Le blé reste une culture d'avenir »

Selon les données qu'il a analysées, Serge Zaka affirme que le territoire francilien devrait, d'ici quelques années, connaître des natures de sols proches de celles que connaît aujourd'hui l'arrière-pays provençal. Les périodes sèches plus nombreuses et intenses au printemps et en été devraient globalement engendrer une stabilisation des rendements du blé du fait du manque de précipitations au moment du remplissage. « En Île-de-France, le rendement va continuer d'être stable, voire d'augmenter légèrement. Le blé reste une culture d'avenir pour votre territoire. D'autant que le CO2 présent dans l'atmosphère concourt à la croissance de la plante. » Les dates de semis et de récolte pourraient être bouleversées avec des semis plus précoces et des récoltes avancées. « Tout sera question d'équilibre, il ne faudra pas non plus semer trop tôt pour éviter un développement de la plante trop important qui sera problématique pour affronter les périodes de gel hivernal », note Serge Zaka, qui affirme également que l'agriculture de conservation des sols tirera son épingle du jeu, celle-ci permettant de « gagner entre 7 et 10 jours de réserve en eau au mois de juin ».

- 20 à 30 % en betteraves et pommes de terre

À la suite, le docteur en agroclimatologie a passé en revue l'ensemble des cultures franciliennes : le colza continuera de donner de bons résultats sur le territoire. « Ce ne sera pas le cas des pois protéagineux dont les prévisions sont catastrophiques. On se dirige clairement vers une fin de filière », a souligné Serge Zaka, provoquant immanquablement des boutades dans la salle. Le maïs et le tournesol sont aussi deux cultures pérennes en Seine-et-Marne même si les rendements pourraient chuter, surtout pour le maïs. Les betteraves et les pommes de terre devront affronter la problématique pucerons avec davantage d'intensité qu'aujourd'hui. « Les périodes de gel plus rares et moins longues vont entraîner une accélération des cycles, nous devrions passer de 18 à 23 générations de pucerons par an », note l'expert qui prévoit une chute de rendement de l'ordre de 20 à 30 %.

De nouvelles filières à considérer

Au cours de sa conférence, Serge Zaka a également évoqué la gestion de l'eau qui devra s'articuler autour de principes tels que le stockage, la préférence aux cultures d'hiver, la diminution du travail des sols et le recours aux couverts permanents.

Et l'expert de terminer sur une note positive : « Le changement climatique peut aussi être pour vous l'opportunité de développer de nouvelles filières, dont les noisettes, la lavande, les olives ou encore les cacahuètes ». De même, en raison d'un manque d'accès aux fourrages, les exploitations laitières du Sud de la France pourraient connaître des difficultés de production, que les éleveurs de la partie Nord devront compenser.

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