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Le drone effaroucheur, une solution multi-usage

En Essonne, la société Agri-structures a mis au point et commercialise un drone effaroucheur. Grâce à une fabrication maison, l’engin répond à plusieurs problématiques de ferme, au-delà de son usage premier.

Dans le tournesol, le maïs ou le soja, l’effarouchage fait partie des facteurs clés de réussite de la culture. Parfois inefficace, souvent mal toléré par les riverains, la tâche est rarement aisée pour les agriculteurs.

En Essonne, Dorian Blot, à la tête d’Agri-structures, a mis lui-même au point un drone spécialement customisé et paramétré pour l’effarouchage : le drone Rapace. Cet entrepreneur — également agriculteur — s’est associé sur ce projet avec l’entreprise Abot, spécialiste du drone, pour qui il est devenu le « référent sur les questions agricoles ». « J’utilise des drones professionnels de la marque DJI que j’équipe en fonction des besoins de l’effarouchage. J’ajoute un covering, une tête de rapace, des signaux lumineux, des ultrasons et des cris de rapace », détaille Dorian Blot qui a créé son premier prototype personnel dès 2010 à la suite de ses propres besoins sur son exploitation. Même avec ces quelques arrangements, la garantie de l’appareil est conservée, cela n’impliquant pas d’ouvrir le drone pour le modifier.

Corbeaux et pigeons en ligne de mire

Une fois déguisé en prédateur, le drone est prêt à prendre son envol pour effectuer sa mission. « Le modèle que je commercialise dispose d’une autonomie de 35 minutes environ et vole jusqu’à 50 km/h. » La réussite réside alors dans la régularité de l’opération. En période sensible pour la culture, Dorian Blot conseille au moins trois passages par jour — et davantage en cas de fortes présences — et surtout, de débuter l’effarouchage dès les premières apparitions d’oiseaux. « Sur les corbeaux, les résultats sont excellents. C’est un oiseau intelligent qui, s’il est régulièrement chassé et pourchassé, va vite comprendre qu’il n’est pas le bienvenu. La tâche est un peu plus ardue avec les pigeons qui ont tendance à se reposer rapidement, mais là aussi, avec de l’assiduité, on obtient de très bons résultats, argumente l'agriculteur. Cela s’apparente à de la fauconnerie mécanisée avec plusieurs avantages : il n’y a pas d’accoutumance au drone et on peut pourchasser les oiseaux pour vraiment les dissuader de revenir ».

Pour utiliser ce drone, nul besoin d’être un pilote professionnel. Dorian Blot accompagne ses clients pour une prise en main rapide du boîtier de pilotage. Côté administratif, il convient de se connecter au site Internet de l’Aviation civile pour passer une certification sous forme de questionnaire et enregistrer son drone sur la plateforme dédiée.

Utile aussi sur le grand gibier

Autre point fort de ce drone, il peut également permettre d’effaroucher le grand gibier et notamment les sangliers. « Ce sont des animaux qui causent énormément de problèmes dans certains secteurs. Les sangliers n’aiment pas être dérangés. Le dernier modèle que je viens de créer est équipé d’une caméra thermique et de cris de meutes de chiens pour en faire l’allié idéal pour effaroucher et pourchasser les sangliers ».

Si la période d’effarouchage ne s’étend généralement pas au-delà de trois mois dans l’année, le drone peut en revanche répondre à d’autres usages, parmi lesquels la cartographie de parcelles, la surveillance de sites, le contrôle des enrouleurs, des toitures et des panneaux photovoltaïques ou encore la détection de la présence d’animaux dans les foins et les luzernes avant la fauche. Un bon moyen de rentabiliser l'investissement en dehors de la période d'effarouchage.

Un drone autonome

Agri-structures commercialise également un drone autonome. Répondant aux mêmes caractéristiques que le drone Rapace, il est installé sur une base dotée d'une alimentation électrique, d'un accès Internet et d'une antenne RTK pour la cartographie. « Il y a également un capteur de pluie et un autre pour le vent qui empêche le décollage du drone en cas de mauvais temps », renseigne Dorian Blot. Le drone est ensuite paramétré pour décoller en fonction d'une plage horaire et d'une fréquence données, « ici par exemple toutes les 40 minutes entre 6 heures et 21 heures », confie l'agriculteur. Attention toutefois, en France, l'usage d'un drone autonome est très encadré puisqu'il nécessite de passer un permis spécifique et d'être derrière son téléphone ou son ordinateur pour contrôler chaque sortie de l'engin et être en capacité de reprendre la main en cas de problème.

Un robot effaroucheur

Dès la saison prochaine, Agri-structures proposera aussi un robot effaroucheur. Entièrement autonome, il pèse 70 kg et se déplace à 5 km/h environ. Le robot a fait l'objet d'essais conjoints sur tournesol avec Arvalis et Terres Inovia. Il est équipé d'un système sonore ainsi que de laser. « Le robot se déplace seul dans la parcelle grâce à un guidage GPS et il est doté d'un tracker qui avertit le propriétaire instantanément s'il sort de sa zone, précise Dorian Blot. Il sera surtout utile pour assurer une action permanente sur les pigeons et les corbeaux ».

La version actuelle lui confère une autonomie d'une à deux journées. Capable d'emporter des équipements pour un maximum de 10 kg, il pourra être doté de panneaux solaires qui porteront cette autonomie à une voire deux semaines.

Cet article fait partie d'un dossier Nouvelles technologies consacré aux drones et aux robots

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