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Le sorgho, une petite graine qui a de l’avenir

L'interprofession des semences et plants a organisé une conférence sur l'essor de la culture du sorgho en France et en Europe.

Originaire d'Afrique, le sorgho est de plus en plus cultivé en France et en Europe.
Originaire d'Afrique, le sorgho est de plus en plus cultivé en France et en Europe.
© Semae

À l’occasion du Salon de l’agriculture, Semae, l’interprofession des semences et plants, avait organisé une conférence sur le thème « Sorgho, une plante d’avenir ». Africain à l’origine, il a conquis tous les continents au fil des siècles pour devenir la 5e céréale la plus consommée au monde avec 60 millions de tonnes produites en 2022. Soutenu par l’innovation variétale et une filière semence française organisée et performante, le sorgho a été acclimaté aux zones tempérées comme les nôtres pour proposer un vaste choix de variétés, des rendements améliorés et des débouchés divers et multiples. Autant d’atouts qui lui offrent un bel avenir en France comme en Europe face au réchauffement climatique.

Une plante céréalière cultivée depuis des millénaires

Le sorgho, également appelé gros mil, blé égyptien ou millet, a été domestiqué vers 8 000 avant J.-C. en Ethiopie et au Soudan, puis aurait gagné l’Asie au cours des troisième et quatrième millénaires. Transporté en Amérique à l’époque des grandes découvertes au XVIe siècle, il n’est véritablement diffusé qu’à partir du XIXe siècle, notamment aux États-Unis. Au XXe siècle, avec le développement de variétés hybrides, la culture du sorgho se développe dans d’autres zones dont l’Argentine, le Brésil, l’Australie… et la France.

Une céréale à l’épreuve du réchauffement climatique

Ses origines africaines sèches ou semi-arides confèrent au sorgho des atouts majeurs face au changement climatique actuel, car il est notamment :

  • peu gourmand en eau. Grâce à son système racinaire très dense et très profond (jusqu’à 2 mètres), il est en mesure d’extraire et d’utiliser avec plus d’efficience l’eau et tolère bien la sécheresse ;
  • économe en intrants. Ses longues racines permettent également au sorgho de puiser les nutriments du sol dont il a besoin, réduisant ainsi l’utilisation d’engrais. De plus, sa faible exposition aux maladies et aux prédateurs limite également le recours aux phytosanitaires ;
  • grâce à la concurrence exercée par son fort pouvoir couvrant, il a l’avantage de protéger le sol et d’étouffer les adventices, un effet bénéfique pour la culture suivante.

 

Outre l’adaptation climatique, les agriculteurs voient dans le sorgho une culture de remplacement intéressante et productive ainsi qu’une solution pour allonger les rotations au sein de leur exploitation, le tout sans équipement agricole spécifique.

Différentes variétés aux usages multiples

On distingue deux principales familles de sorgho (le sorgho grain et le sorgho fourrager) utilisées dans l’alimentation humaine et animale.

Le sorgho grain est une céréale d’avenir pour l’alimentation humaine. Nutritionnellement comparable aux principales céréales en termes de protéines, d’acides aminés et de vitamines et riche en fibres, un peu plus de 40 % de la production mondiale du sorgho grain est destiné à l’alimentation humaine. Il permet en effet de produire des farines sans gluten et faibles en glucide adaptées aux régimes spécifiques (diabète et maladie cœliaque). Il peut aussi être consommé en grain entier, comme le riz, et en semoule, ou, après transformation, sous forme de sucre, ou malté et fermenté, sous forme d’alcools (bière, spiritueux…). Ses valeurs nutritionnelles sont également profitables à l’alimentation animale : volailles, porcs et aliments composés.

Le sorgho fourrager (monocoupe ou multicoupe) a quant à lui pour principal débouché l’alimentation animale. Il présente une composition chimique similaire à celle du maïs, avec toutefois un taux de protéines légèrement supérieur. Cette céréale peut être intégrée aux rations de la plupart des filières d’élevage (vaches laitières, bovins et ovins). Certaines variétés de sorghos monocoupes sont utilisées aussi en méthanisation pour leur biomasse.

Une culture qui gagne du terrain en Europe et en France

Grâce à ses vertus, le sorgho a le vent en poupe et de plus en plus d’agriculteurs le cultivent. On le retrouve principalement sur le continent africain, ainsi qu’aux USA, en Argentine, en Australie. Les climats européens sont également très bien adaptés à la culture du sorgho notamment en Italie, en Ukraine, en Hongrie ou encore en Roumanie. Néanmoins, c’est la France qui se place en tête des pays européens producteurs avec ses 90 000 hectares cultivés.

Dans l’Hexagone, le Sud-Ouest reste le bassin historique de la production de sorgho. Mais, grâce à la sélection variétale opérée par les entreprises semencières, de nouveaux bassins sont apparus dans le Centre et la zone cultivable s’étend vers le Nord. Le sorgho produit ici sert majoritairement à nourrir les animaux d’élevage.

Parallèlement à l’augmentation des surfaces cultivées, la production de semences de sorgho s’est développée très vite en France à partir des années 80, afin d’assurer l’approvisionnement du marché avec des variétés adaptées aux conditions climatiques. La filière s’est progressivement structurée pour garantir technicité et qualité. Résultat : depuis plusieurs années, la France, avec 138 producteurs, est le 1er producteur européen de semences de sorgho, devant la Hongrie et l’Espagne.

En France, les surfaces de multiplication de semences de sorgho ont fortement progressé, passant de 283 hectares en 2016 à 945 hectares en 2021 pour s’établir à 555 hectares en 2022.

La production de semences est ainsi passée de 7 312 quintaux en 2016 à 12 870  quintaux en 2020.

Aujourd’hui, l’un des enjeux principaux de la filière semence est de répondre aux besoins du marché français et de développer les marchés extérieurs. On observe en 2022 une progression des quantités de semences exportées, passant de 1 765 tonnes en 2020/2021 à 1 777 tonnes en 2021/2022 ; mais l’import reste majoritaire avec 8 815 tonnes de semences importées en 2021/2022 (contre 9 482 en 2020/2021).

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