Les agriculteurs ont pris « l'aire »
La chambre d'Agriculture d'Eure-et-Loir a invité les agriculteurs mardi 23 septembre à venir « prendre l'aire » à Miermaigne et à Villeau, dans le cadre de son rallye des aires de remplissage et lavage du pulvérisateur.
La chambre d'Agriculture d'Eure-et-Loir a invité les agriculteurs mardi 23 septembre à venir « prendre l'aire » à Miermaigne et à Villeau, dans le cadre de son rallye des aires de remplissage et lavage du pulvérisateur.

Afin d'allier efficacité environnementale, durabilité et confort de travail, une aire de remplissage et de lavage du pulvérisateur bien conçue s'avère pertinente. Aussi, la chambre d'Agriculture d'Eure-et-Loir a invité les agriculteurs sur deux réalisations intéressantes de ce point de vue, sur son site de Miermaigne le matin, puis chez Benjamin Lirochon à Villeau, l'après-midi.
Une aire innovante
La ferme expérimentale de Miermaigne dispose d'une aire pour pulvérisateur aux normes depuis 2003 : « La première en France. Nous y avons testé le Phytobac. Certains s'arrêtaient exprès pour la visiter en revenant du Salon de l'agriculture, rembobine le conseiller de la Chambre, Sébastien Sallé, qui organise ce rallye des aires de remplissage et lavage des pulvérisateurs, mardi 23 septembre. Comme elle était trop petite, nous avons tout cassé et tout refait il y a deux ans ».
L'occasion pour y apporter quelques innovations, à commencer par un système d'orientation des eaux pilotable depuis le tracteur avec une télécommande. « Dans une seconde version, l'idée serait d'automatiser le système à l'aide de capteurs », imagine le référent numérique de la Chambre, Jérôme Damy. En attendant, le système a été réalisé avec des vannes industrielles toutes eaux, largement dimensionnées. « Une vanne contrôle l'autre en opposition, précise-t-il. Il n'y a pas de problème, si l'une est ouverte, l'autre est fermée ».
Une aire agréable
Le chef d'exploitation, Jean-Philippe Singlas, l'utilise depuis deux ans. « Je me sers de l'aire pour le remplissage du pulvérisateur et le lavage du matériel. Elle est plutôt agréable, témoigne-t-il. Cela permet de rester sur une surface propre et dure. Après avoir lavé du matériel, il faut parfois retirer le plus gros à la main, mais nous n'avons jamais eu de regards bouchés. Nous utilisons le pulvé ici de façon classique ».
Concernant le remplissage du pulvérisateur, Sébastien Sallé précise qu'il ne faut pas que le tuyau entre en contact avec la cuve : « Nous avons installé une potence. Pour l'anti-débordement, qui doit être efficace et démontrable, nous avons installé un compteur volumétrique sur la potence. Avec un compteur manuel et une électrovanne, en bricolant ça nous a coûté environ 700 euros, au lieu de 2 000 à 3 000 euros normalement ».
Où installer l'aire ?
Le conseiller Chambre Paul Fessart a parlé de la conception de la dalle, précisant qu'il fallait partir de l'existant et de ses pratiques pour élaborer le projet. La première question à se poser est son emplacement : là où elle gêne le moins, à proximité du local phytosanitaire, et hors des zones de trafic important. Sa taille dépend du budget et du matériel. Il conseille de décaisser sur 40-50 cm et de prévoir une dalle de béton ferraillé de 20 cm. Le traitement hydrofuge pourra être minimum pour éviter les surcoûts. Il faut ménager une pente de 1 à 2 % et des joints de dilatation.
Il conseille d'éviter le caniveau central avec grille. « Une aire mal faite peut être pire que pas d'aire du tout », pointe Sébastien Sallé au passage. Toutes les eaux convergent au bout, avec une orientation en T. Il faut pouvoir les séparer pour qu'elles aillent soit vers l'évacuation des eaux pluviales, avec un décanteur de 2 m3 et un séparateur d'hydrocarbures, soit vers le Phytobac*.
Ce dernier doit être dimensionné en fonction du nombre de rotations. Pour la ferme de Miermaigne, il a été calculé pour 3 000 litres. Il mesure 12 m2 et contient donc 6 m3 d'un mélange de 70 % de terre et 30 % de paille. Ce mélange s'utilise pendant huit à dix ans. Ce sont des bactéries qui se chargent de la dégradation des matières actives. Il faut que le système soit parfaitement étanche, couvert et les interventions sur le mélange doivent être réalisables facilement, avec un télescopique par exemple.
Maçon expérimenté
Au fil des discussions qui ont suivi ces explications, il y a un point important qui est ressorti : il vaut mieux confier ce type de travaux à un maçon qui en a déjà réalisé d'autres. C'est plus sûr.
*Il existe d'autres systèmes homologués : Evapophyt, Phytosec, Phytobarre, Heliosec…
+ d'infos :
La chambre d'Agriculture d'Eure-et-Loir peut intervenir aux différents stades du projet. Contacts : Sébastien Sallé au 02.37.24.45.57 ou Paul Fessart au 02.37.24.45.48.
Le coût de l'installation
Le coût pour cette aire de la ferme de Miermaigne n'est pas forcément représentatif. De fait, le prototype pour la bifurcation automatisée a coûté un peu plus de 6 000 euros, l'essentiel étant constitué par les vannes, et la main-d’œuvre n'a pas été chiffrée. Sinon, pour une dalle de 120 m2, il faut compter autour de 16 000 euros, 3 000 euros pour le décanteur, autant pour le séparateur d'hydrocarbures et 6 000 euros pour le Phytobac et son toit.
Des aides ?
Les aides sont dépendantes des Agences de l'eau. Pour Loire-Bretagne, on peut en obtenir si l'on est sur une aire d'alimentation de captage. Ou comme à Miermaigne si le territoire à un contrat en cours. Une demande a été faite au Smar (Syndicat mixte d'aménagement et de restauration) Loir et Eure amont et est en attente. Ces aides (Siap) peuvent aller jusqu'à 40 % à condition de prendre le pack complet.