Apiculture
Les Ruchers de Fay ouvrent leurs portes et brisent les idées reçues
Dimanche 5 octobre, Alain Saulnier et son fils ont ouvert les portes de leur exploitation apicole à Fay-aux-Loges (Loiret). Entre découverte du métier et échanges avec le public, l’apiculteur a rappelé que la principale menace pour les abeilles ne vient ni des phytos ni du frelon asiatique, mais d’un ennemi plus discret : le varroa.
Dimanche 5 octobre, Alain Saulnier et son fils ont ouvert les portes de leur exploitation apicole à Fay-aux-Loges (Loiret). Entre découverte du métier et échanges avec le public, l’apiculteur a rappelé que la principale menace pour les abeilles ne vient ni des phytos ni du frelon asiatique, mais d’un ennemi plus discret : le varroa.

Il y a cinq ans, Alain Saulnier décidait de se reconvertir dans l’apiculture à Fay-aux-Loges (Loiret). Depuis, il a développé une activité structurée autour de 250 ruches de production et environ 400 colonies, qu'il a présenté au grand public dimanche 5 octobre lors d'une journée portes ouvertes.
Son fils, formé sur le même cursus, travaille désormais à ses côtés et prendra la suite dans les années à venir. L’exploitation pratique une apiculture de transhumance. Les ruches sont déplacées selon les floraisons. Cette méthode permet de diversifier les miellées tout en maintenant un cheptel dynamique. Chaque année, environ 100 colonies sont renouvelées, et l’élevage de reines — près de 120 par an — assure une autonomie complète de production.
Des miels issus de plusieurs terroirs
La production se concentre principalement dans le Loiret, avec des ruchers installés sur différents sites selon les ressources mellifères. Certaines ruches partent en Eure-et-Loir pour la lavande, d’autres en Sologne pour le châtaignier ou vers Bourges pour le tournesol. Les principales floraisons concernent le colza, l’acacia, le châtaignier, le tournesol et le sarrasin. « L’acacia n’est pas présent chaque année, mais la production a été bonne cette saison », précise l’apiculteur. Le miel est stocké sur place à 14 °C, une température constante qui garantit sa conservation. L’exploitation conserve un an de stock d’avance et écoule sa production en vente directe, par magasins partenaires et via un négociant local.
Tout au long de la journée, les visiteurs ont pu suivre plusieurs ateliers : présentation du fonctionnement d’une ruche, démonstration d’extraction, élevage de reines et dégustation de miels. Les curieux ont découvert des variétés issues de la production locale : miel toutes fleurs, de lavande et de sarrasin, ce dernier apprécié pour ses notes proches du café. Une pâte à tartiner miel-noisettes, élaborée avec des noisettes françaises, complétait la dégustation.
Varroa, ennemi numéro 1
Interrogé sur les menaces pesant sur les colonies, Alain Saulnier a tenu à corriger certaines idées reçues : « La plus grosse problématique aujourd’hui, c’est le varroa. Si je n’avais que le frelon asiatique et les produits phytos à gérer, ça irait très bien ! ». Varroa destructor est un acarien parasite qui se nourrit du sang des abeilles et se reproduit dans le couvain. Présent sur tout le territoire, il affaiblit les colonies jusqu’à leur effondrement. « C’est une vérification de chaque instant, explique l’apiculteur. Si on ne traite pas, on perd ses ruches ». Sur son exploitation, il utilise deux traitements biologiques et un traitement conventionnel, combinés à un suivi rigoureux des ruchers.Cette approche préventive et régulière est, selon lui, la condition indispensable pour maintenir des colonies saines. « Le varroa est responsable de la majorité des pertes. C’est la première cause de mortalité, bien avant le frelon asiatique. »
Pour Alain Saulnier, la maîtrise du varroa suppose un véritable savoir-faire et une présence constante sur le terrain. « On ne peut pas se contenter de poser des ruches et d’attendre. » Lorsqu’une visiteuse lui demande s’il encourage les particuliers à installer des ruches, la réponse est immédiate : « Non. Les amateurs ne traitent pas toujours le varroa, et c’est comme ça qu’il se propage aux ruchers voisins ». L’apiculteur regrette que cette réalité soit peu évoquée dans les médias. « Les apiculteurs professionnels connaissent leur métier. Ce qui fragilise les abeilles, c’est souvent le manque de suivi sanitaire des ruches détenues par des particuliers. »
Une coopération apaisée avec les agriculteurs
Installé dans le même cadre réglementaire que les exploitants agricoles, Alain Saulnier souligne la bonne entente avec le monde agricole : « Les relations avec les agriculteurs sont bonnes, nous travaillons ensemble ».
Pour Alain Saulnier, la clé du métier tient en trois mots : observation, régularité, vigilance.
Cette journée a permis de rappeler, loin des débats médiatiques, la réalité du terrain et la rigueur qu’exige le métier d’apiculteur.