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L’Europe du nord plus optimiste que la France

L’après-quota laitier inquiète les éleveurs français. En revanche, en Europe du Nord, la vision à moyen terme semble plutôt optimiste. Un écart constaté lors des discussions animées autour du thème «Lait : opportunités et stratégies gagnantes» qui se sont déroulées à Saf Agr’idées le 22 janvier.

© Chelsly/Cniel

La France n’a pas à rougir de sa place dans la production mondiale de lait. Deuxième pays producteur et transformateur de lait dans le monde, elle est leader en production et consommation (1). Mais l’après-quota laitier, qui se mettra en place au 1er avril 2015, fait peur aux éleveurs français. «Comment faire en sorte d’avoir un équilibre financier côté éleveur et industriel ?», questionnait Yves Tregaro de FranceAgriMer lors d’un colloque organisé par Saf Agr’idées, le 21 janvier intitulé «Lait : opportunités et stratégies gagnantes». Les grands concurrents des Français voient la fin des quotas comme une opportunité. L’Irlande, pays en faveur de la suppression des quotas laitiers, espère toujours plus de vaches sur son territoire et compte augmenter le rendement de 15% par vache, selon Karl Walsh de l’ambassade d’Irlande. Ainsi, les Irlandais espèrent augmenter leur production de 50% d’ici à 2020 et ajouter 300 000 bêtes à leur cheptel actuel de 1,2 million de vaches.Aux Pays-Bas, une «Silicon Valley» du lait devrait voir le jour. Des grandes entreprises comme Nestlé ou Fonterra (Nouvelle-Zélande) sont déjà en train de réfléchir aux projets de recherche et développement. Ce pays, comme l’Allemagne, espère augmenter sa production de 20% d’ici à cinq ans. Mais les laitiers outre-Rhin sont confrontés aux problèmes de pollution aux nitrates et à l’ammoniac ainsi qu’aux questions de bien-être animal, vrai souci des consommateurs. En Nouvelle-Zélande, un des principaux pays fournisseurs de lait, on reste «optimiste» malgré un prix du lait qui a chuté de moitié. Susannah Gordon, la représentante de l’ambassade, ne voit pas l’augmentation de la production européenne comme une menace. «La demande est assez forte pour tout le monde», commente-t-elle.

Une industrie française qui se porte bien
En France, les réactions sont moins positives. Depuis le début du démantèlement des outils de gestion du marché, les producteurs peinent à s’y retrouver. «La filière n'a pas le moral, nous faisons les frais de la volatilité du lait, du soja, de l'énergie... Le producteur se retrouve toujours en bout de chaîne», commente le premier vice-président de la chambre d'agriculture de la Manche, Philippe Faucon. Si, du côté de la production, le moral n’est pas au beau fixe, côté industrie, les chiffres sont plutôt bons : «L'industrie du lait est très présente sur le marché national mais aussi sur les marchés des pays en croissance», commente Arnaud de Bantel, de la direction de l’agroalimentaire au Crédit agricole. En France, les ventes de la filière lait progressent de 5,9% en 2013 et de 2,1% à l'international, selon l'observatoire financier des entreprises du lait du Crédit agricole. En 2013, l’industrie laitière représentait plus de 27 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 3,6 milliards d’euros d’excédent commercial (1). Michel Nalet, directeur des relations extérieures de Lactalis confirme ces chiffres : «Nous sommes face à une Europe à deux vitesses : les pays d'Europe du Nord, qui ont des stratégies nationales ne parlent pas de crise du lait. La France se tourne trop vers les pays du Sud, qui n'ont pas du tout les mêmes ambitions. Arrêtons le catastrophisme !». Reste à définir comment gérer la volatilité des marchés. Le groupe coopératif Sodiaal propose à ses éleveurs de «développer leurs propres stratégies de volumes», explique Fréderic Chausson, directeur du développement coopératif chez Sodiaal. Un système de «double volume - double prix» a d’ailleurs été mis en place. Au final, les «éleveurs sont optimistes mais pas naïfs», commente Hervé de Morainville, directeur du Bureau technique de promotion laitière (BTPL). 2015 est un virage important pour la production laitière. «La capacité à améliorer la productivité des exploitations, l’amélioration technique et économique sont prioritaires pour l’avenir de la production», poursuit-il. Pour lui, il faut «gagner en souplesse» dans les stratégies menées pour les exploitations.

(1) Lait : opportunités et stratégies gagnantes, Marie-Cécile Hénard-Damave, Saf agr’idées ( note téléchargeable sur www.agriculteursdefrance.com)

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