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L'interdiction de chasser impacte les éleveurs de petit gibier

Thibault Pelletier élève du petit gibier à Écublé (Eure-et-Loir). Une activité fortement impactée par les mesures d'interdiction de la chasse dite de loisir, en raison du confinement. Rencontre.

« Quand ça ne veut pas y aller, ça ne veut pas... » Thibault Pelletier est un brin amer et c'est bien compréhensible.

Éleveur de petit gibier, installé à Écublé où il a repris l'exploitation familiale en 1998, il pâtit directement des mesures prises pour interdire la chasse — à l'exception de la chasse de régulation du grand gibier — dans le cadre des mesures de confinement liées à la pandémie Covid-19.

En effet, son activité est liée au renforcement des populations de petit gibier sur les territoires et en période de chasse. Et c'est en ce moment que tout se joue. Nous l'avons rencontré le 9 novembre, sur son exploitation.

« Nous avons nos oiseaux dans les volières et ils sont bloqués. Tout notre avenir est là. Comment fait-on ? Certes, le Syndicat des producteurs de gibier de chasse a beaucoup bataillé au niveau national pour alerter sur notre situation, souligne-t-il, mais les choses se décident aussi au niveau départemental... Nos revendications sont claires : nous voulons que la chasse redémarre le plus vite possible, j'ai des commandes mais je ne sais pas comment les livrer, et que la période de chasse soit allongée jusqu'à fin février au lieu de fin janvier. Ça ne coûterait rien à personne et nous permettrait de sauver les meubles ».

De fait, l'activité de Thibault Pelletier est conditionnée par la saisonnalité. Et c'est encore plus vrai pour la perdrix grise.

« Il m'en reste dans les volières et la chasse sera bientôt fermée pour cette espèce. Que fait-on de ces oiseaux ? Il faudra rouvrir la chasse à toutes les espèces », plaide-t-il. En attendant, l'éleveur continue de nourrir ses oiseaux « et nous ne les vendrons pas plus chers pour autant. Normalement, en novembre je vends 70 % de ce que j'ai en stocks, nous permettant de libérer de l'espace pour les oiseaux et de continuer à les élever dans de bonnes conditions sanitaires jusqu'à la fin de la saison ».

Ce qui inquiète aussi l'éleveur, c'est la problématique sanitaire avec le risque de grippe aviaire qui plane.

« Clairement, nous ne pouvons pas garder les oiseaux indéfiniment. Nous ne pouvons pas les abattre, le marché est déjà saturé et de toutes façons il n'existe pas de filière organisée pour ça, nous ne pouvons pas les relâcher non plus. Il faut savoir que le comportement des oiseaux change au printemps, avec la reproduction ils deviennent plus agressifs les uns envers les autres, la surpopulation posera problème. L'énorme inquiétude, c'est : que faire des oiseaux ? ».

Selon l'éleveur : « C'est la première fois que nous nous retrouvons devant une telle situation. La grippe aviaire de 2016 avait créé des difficultés que nous avions surmontées. Aujourd'hui, nous sommes dépités par la situation. Cette année, c'est le troisième coup de couteau dans le dos que nous recevons. Le premier en mars avec le confinement qui est tombé en pleine période d'accouvage, l'import-export était interdit, or notre filière vend beaucoup d'œufs, notre génétique est appréciée, ça a occasionné de gros dégâts pour certains. Le deuxième, c'est ce confinement et le troisième, la grippe aviaire... »

Au final, Thibault Pelletier se retrouve face à des problèmes éthiques, économiques et sanitaires. « Nous ne pouvons ni garder les oiseaux, ni les abattre, ni les vendre. C'est une impasse complète. Que propose l'État ? », interroge-t-il.

Pour l'heure, il a pu mettre son salarié en chômage partiel, une réunion sera organisée prochainement par la DDT avec la Fédération des chasseurs, les éleveurs et les vétérinaires pour réfléchir à des solutions.

« Est-ce qu'un arrêté préfectoral pourrait débloquer la situation ? Il faudrait qu'il soit plus large que le département. Nous travaillons avec les départements limitrophes. Il faut que tous les éleveurs du territoire puissent voir une éclaircie. Aujourd'hui, tout ça nous coûte, et plus on attend plus ça nous coûte... Et nous n'avons aucune perspective. Par rapport au confinement, il me semble qu'une chasse au petit gibier peut s'organiser de façon sûre, comme pour la chasse de régulation ».

L'Eure-et-Loir compte une dizaine d'éleveurs de petit gibier et un certain nombre de petits élevages amateurs. Le secteur fait travailler une quinzaine de personnes.

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