Aviculture
L’œuf a la cote
Avec 231 œufs consommés par habitant et par an, la France figure parmi les champions européens. Portée par une demande en hausse, la filière cherche à renforcer sa production, alors que l’élevage en cages recule et que de nouvelles installations sont encouragées pour garantir l’autosuffisance.
Avec 231 œufs consommés par habitant et par an, la France figure parmi les champions européens. Portée par une demande en hausse, la filière cherche à renforcer sa production, alors que l’élevage en cages recule et que de nouvelles installations sont encouragées pour garantir l’autosuffisance.


L’Institut technique de la volaille (Itavi), chiffres à l’appui, a dressé un panorama de la production d’œufs en France, et de sa consommation, lors d'une réunion mercredi 10 septembre dans les Hauts-de-France.
Gros consommateur et gros appétit
Avec une consommation annuelle de 231 œufs par an et par personne, la France se situe dans le haut du panier des pays consommateurs d’œufs en Europe. Or, selon les prévisions, « cette consommation devrait continuer à progresser, comme ce devrait être le cas pour la volaille », a détaillé Simon Fourdin, directeur du pôle socio-économie de l’Itavi. Quand on s’intéresse de plus près à ce qui est consommé, on constate que les œufs de poules élevées au sol et en plein air se détachent nettement des autres modes d’élevage, tandis que le bio résiste et que l’élevage en cages continue de perdre des parts de marché.
En baisse depuis 2012, l’œuf « cage » en coquille diminue au point de se situer en dessous des 20 % de parts de marché en 2024. Une tendance que l’on retrouve aussi, certes de manière moins marquée, sur le segment des ovoproduits. Selon l’Itavi, il ne manquerait plus grand-chose à la France pour être autosuffisante. Mais surtout, si la consommation d’œufs continue de croître, l’œuf français pourrait manquer.
Un contexte favorable à la production
C’est dans ce contexte favorable que le CNPO, l’interprofession française de l’œuf, vise toujours la construction de 300 poulaillers d’ici 2030 sur le territoire national. L’objectif ? Répondre au marché.
Quant aux conditionneurs d’œufs, le moment d’échanges a été l’occasion de mettre en confiance de futurs éleveurs. Directeur de Cocorette, Stéphane Gourguechon a ainsi détaillé la relation « particulière » qui relie metteur en marché et éleveur : « En général, on est engagés ensemble pour une durée qui couvre au minimum la durée de l’emprunt. Nous n’avons donc aucun intérêt à ce que les choses se passent mal pour l’éleveur ». Si ce même metteur en marché promet visibilité et sécurité grâce à un contrat bien ficelé, « il y a des possibilités pour ceux qui voudraient prendre plus de risque ». D’une manière générale, Stéphane Gourguechon tend plutôt à mettre en avant les « filets de sécurité et les prix fixés pour de longues périodes » — avec un prix d’achat de l’œuf indexé sur le prix de l’aliment. Enfin, il insiste sur le volet « technique » de l’élevage de volailles, nécessaire : « Même s’il y a des techniciens qui accompagnent l’éleveur, on reste dans une production exigeante sur le plan technique. C’est cette technicité qui va faire la rentabilité ».
« Énormément de choses à faire »
À l’adresse de futurs porteurs de projet, le président du Cravi Hauts-de-France, Philippe Dessery, conseille de « bien ficeler son projet » et de ne « pas hésiter à communiquer ». « On connait tous un projet qui n’est pas allé au bout alors que cela a coûté de l’argent et du temps », a-t-il dit, néanmoins confiant dans la capacité des agriculteurs à développer la production d’œufs : « On a des céréales qui peuvent servir à nourrir nos volailles et des fientes qui peuvent servir à fertiliser nos champs. Clairement, il y a énormément de choses à faire et la possibilité d’installer des jeunes ».
Dans l’assemblée du 10 septembre, où l’on comptait effectivement un certain nombre de jeunes, reste à savoir combien oseront franchir le pas de l’élevage avicole.
Cet article fait partie d'un dossier Aviculture