Maillage vétérinaire : une offre de soins pour les animaux de ferme carencée
Face à la carence en vétérinaires spécialisés en animaux dits de ferme, des pistes de solutions émergent, mais une politique volontariste est nécessaire pour renouveler durablement la profession.
Face à la carence en vétérinaires spécialisés en animaux dits de ferme, des pistes de solutions émergent, mais une politique volontariste est nécessaire pour renouveler durablement la profession.



Les élevages de ruminants d’Île-de-France n’ont pas échappé aux épizooties de Fièvre catarrhale ovine (FCO) qui se succèdent. En ce temps de crise sanitaire, les éleveurs ont plus que jamais besoin des vétérinaires. Mais ces derniers, spécialisés en animaux dits de ferme, se font toujours rares dans la région.
En 2022, un diagnostic territorial a mis en évidence un déficit de l’offre de soins vétérinaires pour les animaux de ferme. Trois ans après, le nombre de vétérinaires pour les animaux de ferme continue de s’éroder. Alors comment apporter l’offre nécessaire aux détenteurs d’animaux de ferme et quels impacts cette situation peut-elle avoir pour ces détenteurs et pour le territoire ?
Par le terme « animaux de ferme », il faut entendre les bovins, les ovins, les caprins, les porcins et les volailles qui peuvent être détenus par des éleveurs professionnels mais aussi par des particuliers pour le loisir ou encore par des fermes pédagogiques.
Une situation qui reste alarmante
L’activité principale des vétérinaires franciliens est canine. Seules deux structures sont totalement spécialisées pour les animaux de ferme : un cabinet vétérinaire en Seine-et-Marne et le Centre hospitalier universitaire vétérinaire - animaux de production (Chuv-AP) de l’École nationale vétérinaire d’Alfort (Enva).
De manière générale, le métier de vétérinaire auprès des animaux de ferme souffre d’un manque d’attractivité. À cela s’ajoute un nombre limité et décroissant d’élevages dans la région Île-de-France, qui ne favorise pas le développement de l’activité vétérinaire rurale. L’offre de soins vétérinaires destinée à ces animaux est globalement très insuffisante, en déclin et doit s’adapter à l’évolution des besoins, notamment au regard du nombre important d’animaux détenus par des particuliers (+ 24 % de détenteurs particuliers de petits ruminants en cinq ans). À titre d’exemple, en fin d’année 2024, un éleveur a signalé l’impossibilité qu’il a rencontré pour mobiliser un vétérinaire en urgence pour un vêlage difficile.
Un bon maillage vétérinaire indispensable pour le territoire
Une bonne répartition des vétérinaires sur l’ensemble du territoire est essentielle pour la santé et le bien-être des animaux, mais aussi pour des questions de santé publique telles que la sécurité sanitaire des aliments et la prévention des zoonoses. Le vétérinaire est un acteur indispensable au monde de l’élevage, il participe au maintien de ce dernier et par ce biais, il participe à répondre à la demande sociétale croissante d’avoir accès à une alimentation locale. Aujourd’hui, 90 % des produits alimentaires consommés en Île-de-France proviennent des autres régions ou de l’étranger. Le maintien de l’élevage rend de nombreux autres services au territoire, comme le maintien des prairies et de la biodiversité et l’entretien des paysages.
Des pistes de solutions
La réunion des représentants des vétérinaires, des éleveurs, de l’État et de la Région Île-de-France autour de la question du maillage vétérinaire a permis de formuler des propositions de pistes d’actions. Des actions concrètes ont démarré en 2023 et sont à poursuivre et à adapter aux spécificités des différents établissements vétérinaires franciliens. Ces actions ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du préfet de la région d'Île-de-France et à une aide du conseil régional d’Île-de-France.
Les acteurs et les professionnels du territoire peuvent se saisir des pistes proposées par le collectif pour réfléchir à la mise en place d’actions concrètes sur le terrain. La situation actuelle nécessite la mobilisation et une action volontariste de l’ensemble des acteurs impliqués.
Des actions mises en place
Des actions ont été mises en place avec l'appui financier de la chambre d'Agriculture de région Île-de-France.
Depuis 2022, des actions de communication ont eu lieu afin d’informer et de sensibiliser les différents acteurs (collectivités territoriales, vétérinaires, étudiants, éleveurs) : table ronde, petits-déjeuners d’échanges, réunions, conférences…
Plus d’une soixantaine de vétérinaires canins franciliens ont été formés et ont actualisé leurs connaissances sur les soins aux petits ruminants et/ou aux poules détenus par des particuliers et petits détenteurs.
L’École nationale vétérinaire d’Alfort (Enva) a acquis en 2024 un véhicule entièrement dédié à la rurale. Ce véhicule facilite les déplacements en élevage et améliore ainsi la qualité de travail des praticiens hospitaliers ainsi que la qualité des enseignements à destination des étudiants. Une nouvelle bétaillère, dédiée au transport des animaux de ferme, est également en cours d’acquisition par l’Enva.
La téléexpertise vétérinaire pour accompagner les vétérinaires canins à prendre en charge des animaux de ferme détenus par des petits détenteurs et/ou des particuliers est en cours d’expérimentation au sein d’une clinique vétérinaire de Seine-et-Marne, en partenariat avec la chambre d’Agriculture de région Île-de-France et l’Enva.
Une étude de faisabilité technico-économique du développement de l’activité de vétérinaires compétents en filières animaux de ferme dans la grande couronne d’Île-de-France a démarré au début du printemps, portée par la chambre d’Agriculture de région Île-de-France. L’objectif est de fournir aux porteurs de projet et aux collectivités territoriales des éléments techniques, économiques et d’identifier quel modèle économique serait le plus adapté sur notre territoire.