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Portrait
Matthieu Gueriteau, lame de terroir

À Germigny-des-Prés, dans le Loiret, Matthieu Gueriteau a troqué la logistique industrielle pour la coutellerie artisanale.

© Rodolphe Miez

À 41 ans, Matthieu Gueriteau forge son destin à la main. « Je pense qu’avant de devenir coutelier, il y a eu pas mal d’erreurs de parcours », reconnaît-il dans un sourire. Fils de médecin, il a longtemps cherché sa voie. Après un bac scientifique, il s’oriente pourtant vers les lettres, puis vers une faculté de japonais à Paris. Mais la réalité le rattrape : « Les études étaient chères, j’ai dû me réorienter vers des études plus alimentaires ». Ce sera la logistique industrielle.

Matthieu Gueriteau intègre de grandes entreprises implantées dans le Loiret. Jusqu’au jour où sa fille, 3 ans et demi, lui fait comprendre qu’il poussait un peu trop loin.

Le déclic du couteau

Matthieu Gueriteau quitte le confort du salariat et décide de revenir à des choses plus simples, plus sensées. Pourquoi la coutellerie ? « C’est un lien avec mon grand-père. Il disait toujours : la seule chose dont tu auras besoin dans la vie, c’est d’un couteau ».

Sans passer par une école, il se forme par lui-même. « Le XXIe siècle fait qu’on a accès à beaucoup de choses : des tutos, des forums, des échanges. Je me suis formé sur le tas, en me trompant, en discutant avec des gens du métier, et en suivant des journées d’initiation. » Un bilan de compétences, une formation en gestion d’entreprise et une rencontre déterminante vont accélérer la bascule. Lors du jury de formation, il croise une responsable de la couveuse d’entreprises PES 45, une structure d’accompagnement qui permet aux porteurs de projet de tester leur activité tout en étant soutenus juridiquement et administrativement. « Elle m’a proposé d’y entrer. Après neuf mois au sein de la couveuse, je me suis lancé. »

Un atelier ligérien ouvert sur la vie

Son atelier est aujourd’hui installé au cœur du village de Germigny-des-Prés (Loiret), à deux pas de la Loire. Le bas de la porte donne directement sur le tracé de la Loire à vélo. Dans ses tiroirs, on trouve des poutres de fermettes en chêne, du buis, du châtaignier, mais aussi des matériaux chargés d’histoire. Il a récupéré plusieurs chevrons provenant de la restauration de l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, et même une poutre issue du château de Versailles. « Je continue l’histoire de ces bois », confie-t-il. Certains clients lui apportent eux-mêmes un morceau de bois auquel ils tiennent, pour en faire un couteau unique.

Faire renaître le couteau orléanais

Si l’Orléanais n’a jamais eu de grande identité coutelière, Matthieu Gueriteau en explore aujourd’hui les racines. En fouillant les archives, il a découvert l’existence d’un couteau orléanais datant de la fin du XIXe siècle.

Dans un monde saturé d’objets jetables, Matthieu Gueriteau défend la patience, la matière et la trace du geste. Sur l’établi, chaque couteau semble raconter une rencontre, un souvenir, une histoire.


Biographie

  • Août 2023 : quitte le monde de l'entreprise.
  • Juin 2024 : obtient sa certification en gestion d'entreprise.
  • Avril 2025 : lance son atelier Couteau de Loire.
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