Aller au contenu principal

Moisson : « encore une très mauvaise année » en Loir-et-Cher

La chambre d’Agriculture de Loir-et-Cher dresse un bilan préoccupant de la moisson. Les conditions météorologiques de l’année ont généré une baisse de rendements de 25 % en moyenne, et beaucoup d’hétérogénéité.

Le 20 juillet, c’est le visage grave que les responsables agricoles du Loir-et-Cher, Arnaud Bessé en tête, ont dressé le bilan de la moisson 2020. «  C’est encore une très mauvaise année  », annonce le président de la Chambre. La récolte, qui a commencé mi-juin pour les cultures les plus précoces et s’achève ces jours-ci, est jugée « pire qu’en 2016 ».

De fait, les rendements sont médiocres voire faibles, tous systèmes de production confondus, avec une baisse moyenne de 25 % par rapport aux années précédentes et beaucoup d’hétérogénéité. Le blé tendre affiche des résultats «  très décevants  » — 50 à 55 q/ha contre 65 à 70 d’habitude. C’est encore pire pour le blé dur, avec un rendement estimé à 45-50 q/ha, soit une baisse de 30  %. Les résultats sont jugés «  moyens  » pour les orges d’hiver, «  médiocres  » pour les colzas, corrects pour les orges de printemps, mauvais pour les protéagineux de printemps.

Les agriculteurs sont d’autant plus désemparés que les plantes semblaient «  visuellement magnifiques  ». «  On a eu un effet de surprise en entrant dans les parcelles  », raconte Arnaud Bessé  : épis vides, petits grains…

La cause de cette catastrophe  ? La météo. «  Tout a été cumulé. Excès d’humidité à l’automne, hiver doux, coup de sec en mars-avril… les sols ont été anéantis. Dans les secteurs à potentiel moindre, ça casse !  », résume Florent Leprêtre, président de la FNSEA Centre-Val de Loire. Les semis et l’enracinement ont été compliqués, certaines plantes se sont développées précocement, la pression «  insectes  » a été intense, les faibles pluies ont amoindri la fertilité et la production de graines.

Sans oublier que la surface implantée en blé tendre a diminué de 15 %, les agriculteurs s’étant rabattus sur d’autres cultures à cause de la météo automnale défavorable à l’implantation.

La qualité de la récolte est heureusement « très satisfaisante » et les prix plutôt stables, même s’ils « ne compenseront pas les mauvais rendements  » et « qu’il y a un gros point d’interrogation sur l’impact du Covid sur les cours mondiaux  ».

Les représentants de l’agriculture de Loir-et-Cher sont inquiets  : cette mauvaise moisson survient après cinq années difficiles et met en péril certaines exploitations. « Les jeunes qui n’ont pas de trésorerie vont se retrouver dans une impasse économique », alerte Charlin Hallouin, président de JA 41.

Philippe Noyau, président de la Chambre régionale, indique : « Nous allons réfléchir à des solutions d’accompagnement pour les exploitations les plus fragilisées, au cas par cas  ».

Et François-Xavier Rone, secrétaire général de la FNSEA 41, lance un «  appel aux agriculteurs  »  : «  Il ne faut pas qu’ils aient honte de leurs rendements  ! Et ne pas hésiter à parler  : la solidarité est là. Ne restez pas seuls  ! ». Arnaud Bessé martèle  : « La mauvaise moisson est liée à des accidents climatiques, on n’y peut rien. On a bien fait notre travail  !  ».

Ces résultats s’inscrivent d’ailleurs dans la tendance nationale  : le ministère de l’Agriculture estimait début juillet que la récolte de blé tendre de 2020 serait la deuxième plus faible en quinze ans après celle de 2016.

Laure Sauvage

Photo : Le 20 juillet, à Blois. À l’instar d’Arnaud Bessé (2e à g.), les représentants de l’agriculture loir-et-chérienne s’inquiètent de l’impact économique et humain de la mauvaise moisson.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Horizons

Les plus lus

De gauche à droite, Éric Thirouin, président de l'AGPB, François Jacques, secrétaire général d'Arvalis, Magali Filhue, déléguée générale de Brasseurs de France, Mélanie Franche, ingénieure chez Arvalis et animatrice de la filière Orges brassicoles, Philippe Dubief, président de la filière orges brassicoles pour Arvalis et l'AGPB, Jérôme Fabre, directeur de la région Est d'Arvalis, Benoît Piétrement, président d'Intercéréales, Jean-Philippe Jélu, président de Malteurs de France ...
La filière brassicole unie pour relever les défis
Renforcer la compétitivité de chaque maillon de la chaîne et anticiper les évolutions des marchés, telles étaient les priorités…
Le 6 avril, à Sours. Les chalands se sont déplacés en nombre à la brasserie de Chandres à l'occasion de son vingtième anniversaire, fêté sous un soleil radieux.
6 000 visiteurs pour les 20 ans de la Brasserie de Chandres
La Brasserie de Chandres, à Sours (Eure-et-Loir), a fêté ses 20 premiers printemps les samedi 5 et dimanche 6 avril autour…
Samedi 12 avril, à Louvres (Val-d'Oise). Plusieurs quads ont circulé sur une parcelle de betteraves semées moins de trois semaines avant.
Le Val-d'Oise œuvre face à la délinquance routière dans les parcelles agricoles
Avec le retour du beau temps, les agriculteurs doivent faire face aux nombreux passages non autorisés de véhicules, notamment des…
Flavie Delattre cultive des asperges sur son exploitation à Férolles.
Flavie Delattre cultive l’asperge et le lien humain
Issue du secteur médico-social, Flavie Delattre a repris la ferme familiale loirétaine il y a cinq ans. Elle y a implanté une…
Réélection du président de la chambre d’Agriculture de Loir-et-Cher : "stop à l’ingérence"
La FNSEA 41 et JA 41 appellent à l’apaisement et à l’unité avant la nouvelle élection du président de la chambre d’Agriculture de…
Mercredi 9 avril, à Tremblay-les-Villages. Être en photo sur les bouteilles d'huile Lesieur Fleur de colza n'a pas changé la vie de Pierre Pelletier même s'il tire une certaine fierté de son engagement dans cette démarche.
Pierre Pelletier sur les bouteilles Fleur de colza
La photographie de Pierre Pelletier, exploitant à Chêne-Chenu (Eure-et-Loir), figure sur les bouteilles d'huile de colza Lesieur…
Publicité