Moisson : précocité record et rendements contrastés en Loiret
Dans le Loiret, la moisson 2025 s’est déroulée à un rythme inédit, avec des résultats globalement bons. Mais les prix décevants et la pression sur les trésoreries agricoles limitent la satisfaction.
Dans le Loiret, la moisson 2025 s’est déroulée à un rythme inédit, avec des résultats globalement bons. Mais les prix décevants et la pression sur les trésoreries agricoles limitent la satisfaction.

La moisson a démarré très tôt cette année dans le département. « Certains agriculteurs avaient terminé dès le 1er juillet, je n’avais jamais vu ça », constate Sébastien Baron, responsable équipe des conseillers grandes cultures à la chambre d’Agriculture du Loiret. En une vingtaine de jours, l’essentiel des récoltes était fait. Une situation liée à des conditions printanières séchantes, sans pression majeure de maladies.
Des rendements globalement bons, mais variables selon les zones
Du côté de la Caproga, la collecte dépasse les prévisions. « On risque de battre notre record de collecte estivale », note son président Hervé Ganzin. L’orge d’hiver et le colza affichent de bons résultats, et le blé s’en sort correctement là où les pluies de mai ont été présentes. « En revanche, les semis tardifs ont pris le coup de chaud de plein fouet », précise-t-il.
Même constat du côté de la coopérative agricole de Puiseaux. « Même l’orge de printemps, qui est notre culture la plus tardive, s’en sort bien. On a eu la chance d’avoir de l’eau au bon moment », souligne Olivier Charasse, directeur général. Une pluviométrie bien répartie a permis aux cultures de passer la fin de cycle, y compris sur les terres les plus sensibles.
Sur le plan qualitatif, les résultats sont cohérents. « Les taux de protéines sur blé sont satisfaisants, mais rien d’extraordinaire. C’est lié au fait que les fertilisations avaient été prévues pour des rendements plus modestes », explique Olivier Charasse.
Des prix bien trop bas pour couvrir les charges
Si les rendements sont souvent au rendez-vous, la réalité économique reste préoccupante. « À 170 euros la tonne de blé, on ne couvre pas les coûts de production », tranche Hervé Ganzin. Avec une moyenne autour de 72 à 73 q/ha dans sa coopérative, les volumes sont là, mais la rentabilité n’est pas assurée. D’autant plus que les charges restent élevées, en particulier pour les engrais.
Même son de cloche à Puiseaux. « Les cours sont bas, ce n’est pas satisfaisant. On n’est qu’au début de la campagne, il faut rester prudent, mais pour l’instant, ce n’est pas bon », souligne Olivier Charasse. Les marchés sont attentifs aux récoltes du nord de l’Europe et de la mer Noire. « Personne ne peut prédire l’évolution des prix », ajoute-t-il.
Des trésoreries sous tension, des marges de manœuvre réduites
La situation reste tendue dans de nombreuses exploitations. « Les résultats de 2024 ont été mauvais. Beaucoup ont payé des cotisations sociales sur la base d’une bonne année précédente, ce qui a mis les trésoreries dans le rouge. Et cette année, on ne les reconstituera pas », alerte Hervé Ganzin.
Dans ce contexte, la capacité d’investissement ou de prise de risque diminue. Et cela pose question sur la résilience du modèle.
Anticiper les prochaines campagnes
Sébastien Baron insiste sur la nécessité d’adaptation. « Il faut diversifier les itinéraires, ne pas tout miser sur un seul créneau, travailler sur les variétés et les précocités. » Car même si aucune année ne ressemble à la précédente, la tendance à l’avancement des dates de moisson semble durable. « Il y a quinze ans, on attaquait rarement avant le 10 juillet. Aujourd’hui, on commence dès le 25 juin. »
Autres leviers importants : l’accès à l’eau, qui deviendra de plus en plus stratégique, et la structure des sols. « Avec un an et demi de pluie, certaines parcelles restent dégradées. Il faudra retravailler sur ces aspects pour permettre aux cultures de mieux s’installer », conclut-il.
Moisson mondiale
Les premières estimations annoncent une production mondiale de blé autour de 800 millions de tonnes pour cette campagne, dont 136,6 millions pour l’Union européenne et entre 31 et 33 millions pour la France. Des volumes encourageants, mais des prix toujours décevants : sur les marchés internationaux, la tonne de blé reste sous les 200 euros.