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« On ne demande pas aux femmes d’être des hommes ! »

Lors de l’assemblée générale des Jeunes Agriculteurs, le 22 février à Jargeau, la place des femmes dans l’agriculture a fait l’objet d’une table ronde.

De gauche à droite : Alexandra Laurent-Claus, Marie-Christine Lemaire, Olivia Desroziers, Anne Mercier-Beulin, Karen Chaleix et Fanny Cohen.
De gauche à droite : Alexandra Laurent-Claus, Marie-Christine Lemaire, Olivia Desroziers, Anne Mercier-Beulin, Karen Chaleix et Fanny Cohen.
© Olivier Joly

Les femmes dans l’agriculture : c’était le thème de la cinquante-neuvième assemblée générale des Jeunes Agriculteurs : la réunion avait lieu le lundi 22 février à Jargeau. Administratrice du mouvement, Alexandra Laurent-Claus a animé la table ronde. Celle-ci a rassemblé cinq intervenantes : Marie-Christine Lemaire, agricultrice à Auvilliers-en-Gâtinais, Olivia Desroziers, magasinière à la C.A.PRO.GA., Anne Mercier-Beulin, membre de la FDSEA et élue à la chambre d’agriculture, Karen Chaleix, administratrice nationale des Jeunes Agriculteurs, et Fanny Cohen, en phase d’installation avec son mari. "J’ai facilement trouvé ma place dans l’entreprise» a déclaré Marie-Christine Lemaire. Commentaire d’Anne Mercier-Beulin : « Quand on est une femme, on nous demande d’être deux fois plus efficace qu’un homme.» Réaction de Fanny Cohen : «Nous avons chacun nos qualités. L’enjeu : essayer d’avancer ensemble. Nous sommes complémentaires.» Marie-Christine Lemaire s’est installée en couple : «Nous avons plaisir à travailler ensemble. C’est plus un projet de couple qu’un projet professionnel.» Ces propos firent écho à ceux d’Anne Mercier-Beulin : «Nous avons construit notre histoire professionnelle sur l’exploitation de mes parents.»

Une force de frappe

L’agriculture est réputée être un métier d’hommes : quid de la maternité ? Mère de deux enfants, Karen Chaleix témoigna : «En fin de grossesse, on ne peut pas effectuer certains travaux difficiles. Mais on peut plus facilement prendre du temps pour les enfants : pas besoin de poser des jours de RTT ! Comparativement à une femme chef d’entreprise, il n’est pas plus compliqué pour une agricultrice d’avoir des enfants.» Tout serait question d’organisation familiale et de choix. Commentaire d’Anne Mercier-Beulin : «Il existe un environnement, en l’occurrence les grands-parents, qui fait que l’engagement est possible : la maternité maintient un tissu social. (…) En milieu rural, les femmes ont mené un combat par lequel elles ont fini par trouver leur place. Nous avons été une force de frappe vis-à-vis du reste de la société : artisanat, politique, monde associatif, etc. Les femmes ont voulu sortir de la précarité et d’un certain isolement.»

Le syndicalisme n’a plus aucun secret pour Anne Mercier-Beulin : «On nous demande d’être efficace, de bien connaître les dossiers et que la famille fonctionne. Cela explique que certaines femmes de 40 ans soient célibataires car elles privilégient leur vie professionnelle :
c’est le choix de chacune. (…) Grâce au syndicalisme, on rencontre des personnes d’autres départements. L’expérience Jeunes Agriculteurs, on ne la vit nulle part ailleurs ! Le mouvement est une pépinière. Et avec des résultats ! Aujourd’hui, à la FNSEA, on retrouve la même culture syndicale.»
Avant de postuler à des responsabilités, l’intéressée prit le temps de se former. Fière de ne devoir ses mandats qu’à ses mérites et au suffrage universel, elle ajouta :
«Il faut oser se dire qu’on est capable.» Karen Chaleix est originaire du Limousin : «Au niveau national, je suis autant écoutée qu’un homme. C’est moins vrai à l’échelon départemental.»

La gestion des ressources humaines

Quel rôle les femmes peuvent-elles jouer sur une exploitation ? Marie-Christine Lemaire apporta cette réponse : «Nous ne sommes pas cantonnées qu’aux tâches administratives ! Si nous sommes passionnées, nous pouvons avoir un rôle important.» L’agricultrice d’Auvilliers-en-Gâtinais défendit un équilibre des tâches : «L’homme et la femme ont besoin de vivre des choses avec leurs enfants.» Les débats se poursuivirent avec les quotas dans le monde politique. Réaction d’Anne Mercier-Beulin : «Ce n’est pas logique. C’est dommage de sacrifier des hommes [pour respecter la parité] : nous sommes moins bien perçues que si nous y arrivons grâce à nos compétences.»

 

Retrouvez la suite de cet article dans notre édition papier du 26 février...

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